L’édition 2013 de Roulements de Tambour confirme la montée en puissance du festival. Expositions, performances et surtout une programmation de concerts riche, excitante et défricheuse vous seront proposés du 9 au 12 avril. Si la part belle sera bien faite aux guitares endiablées et retorses, ce sera surtout la puissance scénique des groupes proposés qui sera le vrai fil rouge de la semaine.
On avoue un peu honteusement avoir loupé Roulement de Tam’Bars, le préambule des festivités bristrotier et musical organisé par l’association Dièse plus Six. On va essayer de se rattraper en vous détaillant l’épatant menu qui s’offrira à vous dans une joyeuse multitude de lieux, du 9 au 12 avril, à des prix défiants toute concurrence.
Cette année, l’association a décidé de soigner particulièrement la partie exposition de leur événement. Fort d’une programmatrice à part entière, l’offre s’est diablement enrichie. Du 3 au 12 avril, dans l’espace M de Rennes 2 de 12h à 15h, Laura Zylberyng et Claire Grosbois, étudiantes en Master 1 d’Arts Plastiques bricoleront G’zwnt cook, un étonnant concert mêlant bidouillage en temps réel de sons amplifiés et interactions avec les spectateurs.
Pas loin de là, vous pourrez également admirer du 9 au 12 avril, dans le Hall B, une exposition des photos de Nico M, membre de l’excellent collectif de photographes amateurs 18-55. Les images du monsieur sont des photos de concerts mais qui mettent en vedette les instruments et non les interprètes.
Deux performances auront également lieu à l’université de Villejean. D’abord celle du collectif de peintres urbains RA Crew qui exposeront au Jardin Moderne (dans la salle de concert) mais feront aussi une démonstration en direct de leurs talents le jeudi 11 avril en collaboration avec Olympe Lenain et Léa Mengel, étudiantes en Arts du spectacle et stagiaires à l’association Paroles Traverses (organisatrice du festival Mythos).
Enfin, on retrouvera avec plaisir la suite des aventures des cartes postales sonores du projet Métropole Electroni[k] avec la restitution, le jeudi 11 avril de 12h30 à 14h dans l’amphi E2, de la collecte sonore de l’artiste nantais Bérenger Recoules, qui aidée d’étudiants de différents cursus, a capté sons, ambiances, paroles d’étudiants et de professionnels du campus pour construire sa vision sonore du site.
Il n’y en aura pas non plus que pour l’Université. Urbex, le résultat photographique des errances urbaines de Cyrille Abraham (alias Mozpic’s) sera visible du 9 au 12 avril, sur le grand écran de la façade du 4bis, esplanade Charles de Gaule.
Les plus pressés pourront découvrir en 1 heure lors du vernissage, l’ensemble des œuvres proposées, le mardi 9 avril sur le parvis du 4bis (métro Charles de Gaule) de 18h30 à 19h30 en présence des artistes.
Mais le plus excitant à nos oreilles, reste tout de même les quatre épatantes soirées de concert proposées à des prix dérisoires.
Premier rendez-vous, encore à Villejean, mardi 9 avril, au Tambour. Plus habituée à accueillir les séances du ciné club ou les délires déviants du FIST (Films Insolites et Séances Trash), la salle accueillera cette fois trois concerts entre musique et performance. D’abord l’étonnant projet les visions d’Edgar où se mêlent musique, danse et Bande-Dessinée. On hâte de découvrir comment s’assembleront la narration des cases projetées en mapping, les gestes de la danseuse et la jazz à l’énergie rock des musiciens.
Toujours dans l’expérimentation, la performance Emergence du duo Alexandre Berthaud (artiste programmeur) et Pierre-Benjamin Nantel (danseur) explore les délices de l’interativité entre gestes et sons.
Enfin, ce qu’on attend le plus ce soir là, sera la prestation de Sheik Anorak. Projet solo de Frank Garcia (boss du label lyonnais à l’esprit large Gaffer records), sa musique bricolée à partir de boucles exécutées en direct avec une guitare et une batterie, se ballade frondeusement entre no wave, indie rock, noise et free jazz. Les chanceux l’ayant entendu l’an dernier à la Bascule, en gardent apparemment un souvenir grandiose. Vous aurez donc une nouvelle occasion d’en faire parti.
Mardi 9 avril – 20h – le Tambour, Place du recteur Henri Le Moal à Rennes – 5 ou 4 € sur réservation
En métro : ligne A, arrêt Villejean Université
En bus : ligne 4, arrêt Villejean Université
Pour la soirée du mercredi 10 avril, les organisateurs ont eu la bonne idée de laisser les manettes du Jardin Moderne au collectif Tomahawk. On avait pu apprécier en interview leur enthousiasme et leur esprit collectif, nous sommes donc ravis de retrouver 3 des 90 groupes ayant intégrés la bande.
Surtout que que dans la triplette, il y en a deux qu’on suit de près. D’abord les We are Van Peebles, dont vous pouvez retrouver une interview par là, et dont les imparables compositions indy-noise sont une de nos fiertés locales. Sur scène, le trio deux guitares/batterie déploie une énergie dévastatrice alliée à une précision redoutable. Les amateurs de Shipping News, Shellac, At the drive-in, Mc Lusky ou plus près de nous Papier Tigre (nous en sommes), s’en amplement prié de faire le détour.
On reste dans le local, avec un autre trio rennais qu’on apprécie : Korkoj, aussi en interview par ici. Même si on y retrouve la moitié des batteries de Mermonte, les ambiances développées par le groupe penchent plus volontiers du post rock orageux, de la noise furibarde, du kraut têtu ou même du jazz libre. Une musique instrumentale envoutante et sans frontières, qui s’adresse aux gens aux oreilles larges et à l’esprit aventureux.
Enfin, on ne sortira pas des terres bretonnes avec Corbeaux (venant remplacer les initialement prévu Revo). Le quatuor est moins connu dans nos parages mais les titres écoutables sur leur site laissent augurer de compositions amples et mélancoliques, sachant tirer parti de leurs longueurs comme de leurs déflagrations
Mercredi 10 avril – 20h30 – Jardin Moderne, 11 rue du Manoir de Servigné, 35000 Rennes – Prix au dé ou libre sur réservation !
Situé dans la zone industrielle de Lorient
En bus : ligne 11, arrêt Jardin Moderne ou ligne 9, arrêt Centre Commercial Cleunay
Et ce n’est pas fini, puisque les deux dernières soirées s’annoncent rien de moins qu’énormes.
Le jeudi 11 avril, il faudra cette fois prendre la direction de l’Antipode. On y retrouvera le groupe le plus attendu de la programmation : Electric Electric. L’excellent trio strasbourgeois revient porté par le succès critique dithyrambique de Discipline, son second album. Si vous l’avez apprécié, on vous conseille fortement de jeter également une oreille du côté de leur premier disque Sad City Handclappers, différent mais tout aussi bon. Leur second disque nous a donc aussi conquis les oreilles en réconciliant avec jubilation bouffées de chaleur tribales, froideur électronique et riffs diaboliquement distordus. Un album à la fois têtu comme une mule et surprenant à chaque écoute qui devrait tout ravager sur scène. On garde un souvenir ému de leur participation à l’ouragan Colonie de Vacances. Pour une prestation solo, il faut par contre remonter à 2009 au Jardin Moderne où une mémorable invasion d’extraterrestres strasbourgeois avait achevé de donner un tour surréaliste à leur concert.
Mais ce n’est pas tout. Puisqu’on retrouvera également trois autres groupes à haute valeur scénique ajoutée.
On a arrêté de compter combien de fois, on a vu les nantais de Fordamage dans le coin. Ce qu’on a retenu par contre, c’est que le groupe est une énorme tuerie sur scène, qu’on adore la noise puissante et épique de leur dernier album Volta Desviada et qu’on a pris notre grosse claque à chacun de leur concert. Mention spéciale à leur prestation survoltée en groupe mystère de l’énorme soirée du YY fest.
Pareil pour Microfilm dont la récente prestation au Bar’Hic a marqué les esprits par la classe et l’ampleur de leur musique instrumentale ré-haussée d’extraits vidéos et sonores de films ou documentaires des années 50 à 70 du meilleur goût.
On en sait moins sur les lillois Ed Wood Jr, le quatrième groupe de la soirée, mais les deux titres mis récemment en ligne sur leur bandcamp, où ils sont accompagnés par la voix éthérée de la japonaise Asako Fujimoto ont affolé nos radars. Leur math rock puissant se pare d’une très belle touche Deerhoof, qui est loin de nous déplaire, et qu’on a plus que hâte de découvrir en live.
Du très très lourd donc, pour une soirée qui promet de faire des étincelles.
Jeudi 11 avril – 20h30 – Antipode, 2 rue André Trasbot, 35000 Rennes – 5, 7 ou 8 €
En bus : ligne 9, direction Cleunay à partir du centre ville, arrêt Ferdinand de Lessep
Le plus fort, c’est que c’est pas fini. L’ultime soirée du vendredi 12 avril devrait elle aussi nous offrir des prestations survoltées et hors-normes.
Vous pourrez ainsi y écouter l’indy-rock ultra énergique des lillois de Bison Bisou. Les amiénois d’Headwar devraient ensuite faire monter les potards dans le rouge avec leur post-punk crassouilleux et ravageur. Il n’y aura pas de répit puisque les furieux parisiens de Catholic Spray viendront balancer sans aucune mesure sanitaire leur punk-garage ravageur. On avait adoré le surf-punk mauvais comme une teigne de leur Amazon Hunt sorti en 2011 chez Teenage Menopause (Quelle pochette mes aïeux !). Leur nouvelle galette Earth Slime, sur Born Bad records, excusez du peu, confirme tout le mal que l’on pensait de leurs diaboliques compositions garage qui devraient tout simplement porter à ébullition le public.
La soirée (et la semaine) devrait s’achever en apothéose cataclysmique. Les Action Beat n’auront en effet plus qu’une mission : raser la salle définitivement à coup de riffs fatals et de larsens dévastateurs. Existant depuis 2004, ce groupe-collectif anglais à géométrie sous haute influence Sonic Youth, viendra cette fois à sept. Deux batteries, deux basses et trois guitares pour délivrer une des prestations scéniques volcaniques qui ont fait leur réputation. Un chaos sonique dévastateur dont l’énergie primale irrésistible devrait vous propulser sur orbite.
Vendredi 12 avril – 20h30 – Jardin Moderne, 11 rue du Manoir de Servigné, 35000 Rennes – 5 ou 4 € sur réservation
Situé dans la zone industrielle de Lorient
En bus : ligne 11, arrêt Jardin Moderne ou ligne 9, arrêt Centre Commercial Cleunay
Quatre soirées immanquables y compris (et surtout) pour ceux qui ne font que découvrir ces groupes, des propositions d’expos et de performances toutes aussi aguicheuses les unes que les autres… le festival Roulements de tambour fait très fort pour sa nouvelle édition, ce serait vraiment dommage de louper le coche.
Renseignements complémentaires et réservations sur le site du festival.