La colonie de vacances à l’Antipode : la quadrature du son

Quand quatre groupes à la réputation scénique élogieuse s’associent pour nous proposer un concert où ils jouent tous ensemble, on est à la fois excités et interrogatifs. Le tout dépassera-t-il la somme de chaque élément ? Les disparités entre les groupes s’ajouteront ou se soustrairont-elles ? Peut-on sortir d’une telle expérience sans acouphène ni torticolis ?
Résolution du problème avec preuve par quatre à l’Antipode le jeudi 15 février 2012.

lacoloniedevacances-150212-antipode-7La soirée s’ouvre sous d’excellents auspices. Le bouche à oreille a très bien fonctionné et, malgré les vacances de février, le concert est complet. Trois cents chanceux vont donc pouvoir juger sur pièces l’étonnant projet proposé ce soir. Après de nombreux concerts communs et une tournée «classique» en septembre 2010, surnommée donc «la colonie de vacances », quatre des plus beaux fleurons de la scène indé-expé-noise hexagonale : Marvin, Pneu, Electric electric et Papier Tigre se lancent dans un concert à quatre groupes, en simultané, sur quatre scènes, aux quatre coins de la salle.

lacoloniedevacances-150212-antipode-22C’est peu de dire que l’ambiance est fébrile quand le public découvre l’intriguant dispositif scénique. Du matos est bien installé sur la scène habituelle de l’Antipode. Aux synthés Korg, on y pronostique d’ailleurs Marvin. En face, où est habituellement la sono, une autre estrade, là aussi riche en claviers qui accueillera par la suite les strasbourgeois d’Electric electric. Côté cour, un espace plus modeste accueille la batterie immédiatement reconnaissable de JB, phénoménal batteur de Pneu (et de Papaye). Enfin côté jardin, c’est l’épatant trio nantais Papier Tigre qui boucle le panoramique. Le public semble apprécier tout en se demandant visiblement où donner de la tête.
Au son d’entêtantes boucles de piano, la tension monte petit à petit, alors que viennent s’installer un par un les musiciens.

DSC_0041 Après une courte mais intense intro collective, c’est Papier Tigre qui dégainent les premiers. Les trois autres groupes enchainent ensuite avec chacun un morceau dans une rotation sonique suivant sagement le sens des aiguilles d’une montre. Le public fait consciencieusement des quarts de tour pour suivre la manœuvre. Les affaires sérieuses démarrent vraiment avec un monstrueux morceaux à onze où les quatre batteries et la pelletée de guitares propulsent la salle dans la stratosphère. A partir de là, le jeu devient totalement délicieux, on passe d’un groupe à l’autre en modulant avec malice les plaisirs : un groupe seul, deux groupes ensembles, un groupe accompagné par l’ensemble des batteurs, des riffs de guitare ou ligne de synthés traversent l’espace d’un groupe à l’autre, les intros ou fins de morceaux sont amplifiées par quatre… les possibilités se démultiplient avec jubilation. Le plus fort, c’est que si les bases de chaque groupe sont présentes : les Pneu seront les plus puissants, les Papier Tigre les plus catchy, les Electric electric les plus groovy, et Marvin les plus… étranges, l’ensemble dégage une ambiance de complicité et d’accord assez remarquable. Pendant une heure et demie et une bonne quinzaine de morceaux, les musiciens se guettent, se font des signes et les clins d’œil, les «Oups, j’ai raté ça !» et autres sourires amicaux se multiplient. Au fil des morceaux, le dispositif atteint petit à petit une forme modeste mais généreuse d’utopie Rock’n’Roll égalitaire, exaltante et assez émouvante au final.

lacoloniedevacances-150212-antipode-9 Le plaisir est d’autant plus intense, que malgré le monde il n’y a eu aucun sentiment d’oppression et que la circulation dans la salle est restée très fluide. Chacun pouvait donc choisir de se planter au beau milieu ou de se balader de scène en scène au gré des morceaux sans avoir à jouer des coudes.
Le tout culmine avec une série de morceaux «à quatre», grandioses et électrifiants laissant un public légèrement hébété, mais réclamant malgré tout que cela ne cesse jamais.
On avait des souvenirs plutôt pénibles de nos colonies de vacances, merci à ces quatre là de nous en avoir largement consolés.

Photos : Yann & Mr B

Cet article est dédicacé à celles qui auraient dû le faire.

3 commentaires sur “La colonie de vacances à l’Antipode : la quadrature du son

  1. Mr.B.

    Et en bonus un petit tour à 360° pour ceux qui ont loupé ou ceux qui veulent se remettre dans le bain :
    http://www.panoramix.fr/visite_virtuelle_360_france_bretagne_rennes/visite_virtuelle_360_antipode_rennes/antipode.html

  2. Isa

    Mr B tu es un gentleman !!!!!!!!!!
    merci 😉

  3. Julien

    héhé marrant le panorama accompagné par la musique, ça donne un petit aperçu, ça devait être assez hallucinant ! Merci Mr B !

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