Du 6 au 8 décembre, le festival des Bars en Trans est de retour, pour notre plus grand bonheur. Cette année, la destination sera dans le pays du chocolat et de la neutralité : la Suisse, bien entendu. Cinq groupes du pays joueront dans plusieurs bars de la capitale bretonne.
Au total, environ 80 groupes (dont les trois quarts francophones) et 14 bars Rennais ont répondu présents, cette année, à l’appel de Philippe Le Breton et Bruno Vanthournout, les programmateurs de l’évènement.
Avant de vous dévoiler la programmation complète de ce rendez-vous incontournable, Alter1fo a interviewé les deux organisateurs pour dresser un bilan du festival et de parler des nouveautés de cette année. Interview.
Comment se porte le festival « Bars en Trans » ?
Philippe Le Breton : Ça se porte toujours de façon très compliquée. Là, on est très contents de notre programmation finale, même si on aurait bien aimé qu’elle soit un peu plus « fat ». Mais c’est toujours dans la douleur que ça se fait.
Bruno Vanthournout : L’aspect économique est hyper fragile, c’est très compliqué à reconduire d’année en année. Un combat permanent.
PLB : On est quand même contents ! Cette année, on est à cinquante euros près. Sur la construction du projet et sur l’idée de faire les choses un peu plus jolies, c’est compliqué pour nous. Le travail à l’année est compliqué, on est des travailleurs indépendants à côté, on fait ça pour le plaisir mais on aimerait bien, aujourd’hui, être soutenus par un peu de jeunesse pour suivre les dossiers. Quand on manque de thunes, il faut faire encore plus de dossiers de subvention, trouver des stratégies, puisqu’en fait, il y a des niches partout. Sauf qu’on n’a pas le temps de le travailler pour chercher des partenaires privés. Le seul moment où on pourrait avoir du temps, c’est en juillet et en août, quand personne n’est là pour t’écouter. Donc on essaie de demander toujours un petit peu plus à la mairie qui nous soutient, à la région… Mais on nous répond qu’on a de la chance d’avoir autant de budget que d’habitude : ce qui n’est pas assez, c’est à peine 10% de notre budget global.
BV : Donc ça va bien, mais c’est compliqué. Là, cette année on est sur quatorze lieux, alors que l’année dernière on était sur seize. On ne pourrait pas faire mieux, on arrive à sauver les meubles, c’est correct en termes de lieux, de propositions. Là, on a bouclé l’histoire cette année, elle tient sur une économie super raide, l’année prochaine il va falloir tout réamorcer et on ne sait pas encore comment on pourra le faire.
PLB : Par exemple, cette année, on n’est pas passés à la commission FCM, on ne sait pas pourquoi, on a perdu 7000 euros. Ça fait cinq groupes en moins. Un bar en moins, l’exploitation du Muséum en moins, qu’on n’a pas cette année.
Les nouveautés, cette année ?
PLB : Des nouveaux bars. Le Sambre n’a plus l’autorisation pour faire des concerts. Comme on travaille en relation avec la ville de Rennes, il y a des prérogatives.
BV : On travaille avec des lieux, des bars qui doivent être dans des « règles ».
PLB : La Trinquette nous rejoint ainsi que le Scaramouche. En fait, ce n’est pas la première année pour la Trinquette, parce que tout se passait dans la rue de St Malo, il y a quinze ans. C’est un retour.
BV : Il y a un nouveau patron depuis deux ans, l’année dernière ils venaient juste d’ouvrir le truc, ça fait du bien de remettre les pieds dans la rue de St Malo.
PLB : L’important, c’est que ce soit des bars qui font des choses dans l’année, et lui il fait des concerts. On ne travaille qu’avec des mecs dont l’intérêt c’est aussi la musique et pas uniquement vendre de la bière. D’où notre présence aussi au Scaramouche, avec Jean-Marie (ndlr : le gérant du Scaramouche) qui n’a plus le droit de faire de concerts au Papier Timbré, donc on est ravis d’accueillir le Scaramouche.
BV : La Maison du Champ de Mars, c’est un lieu qu’on utilise depuis six ans. On avait fait Florent Marchet, Syd Matters, Françoise Breut. Tous les ans on fait des choses là-bas. Là, on fait Aufgang, Ann Pierlé, en fait c’est des opportunités qu’on a eue. Ils sont sur des présentations d’albums prévus pour 2013.
PLB : Histoire de filer un coup de main : c’est des artistes qu’on soutient, qu’on aurait pu mettre sur la scène émergeante il y a quelques années. Les Trans, c’est un lieu d’exposition pour les professionnels : ça file un coup de pouce quand les professionnels viennent voir le concert.
L’année dernière, il y avait le Canada comme couleur, vous reproduisez cette année ?
BV : Oui, la couleur, elle est rouge et blanche ! Cette année, c’est la Suisse. On fait cinq groupes suisses, on fait ça avec le bureau export, Swiss music export. Tous les ans, on essaye de collaborer avec un pays francophone, la Belgique il y a trois ans, Le Canada…Ça nous a permis de travailler avec un festival de musique émergeante québécois, dans une petite ville, avec beaucoup de groupes indie. On est allés là-bas, on a amené les Juvéniles, Jesus Christ Fashion Barbe…C’était en septembre, on est partis à 25, en partenariat avec les Vieilles Charrues.
PLB : Jesus Christ Fashion Barbe, on adore, on est fans, on aurait dû les faire l’année dernière, puisqu’on fait toujours les lauréats des Jeunes Charrues, sauf qu’ils étaient déjà aux Transmusicales. Cette année, on pensait faire Mermonte, mais voilà…(rires). Par contre, on fait Corbeaux, qui ont fini deuxièmes.
Quelle part de groupes régionaux dans la programmation ?
PLB : On est quasiment à 10%. Une dizaine de projets régionaux ou grand ouest.
On a entendu parler d’un jeu participatif mis en place cette année, en quoi cela consiste ?
PLB : Prendre le maximum de photos de Jean-Louis Brossard, ça peut être drôle, non ? La chasse au Jean-Louis…(rires). Non, c’est un jeu gratuit, on fait ça avec la Cantine Numérique. On fait appel à des photographes tous les ans mais on n’arrive pas à compiler une bonne série de photos à la fin. Avec le boulot, on ne s’en occupe plus. Mais avec le participatif, c’est intéressant : c’est aussi le public qui prend les photos. C’est donc un jeu concours sur un tumblr du site de la Cantine Numérique, et tous les jours on va choisir la meilleure photo.
BV : Le principal, c’est d’avoir un retour du public ! Avec les réseaux sociaux, c’est super intéressant d’avoir un vrai retour, de savoir comment le public vit le festival, profite du lieu, leurs impressions…vu qu’il y a toujours 10% du public qui filme ou qui prend des photos !
Manon et Lionel
c’est vrai que la couleur est rouge et blanche.