Belles découvertes à la soirée de lancement ROK 2, le mercredi 20 février dernier

rok2La première soirée de lancement du livre ROK 2 : le rock en Bretagne des années 90 à nos jours, a eu lieu à Rennes, ce mercredi 20 février. Pour bien fêter ce second opus de la saga du rock breton, l’UBU avait invité les rennais The 1969 Club et un homme du Grand-Ouest new-yorkais, James Chance.

Une soirée réussie avec la confirmation d’une bande de rockeurs montante sur la scène locale et la découverte du blues des années 70. Pour ceux qui ont la chance d’être à Brest ce samedi soir, la seconde soirée de lancement du livre a lieu au Vauban avec pour invités : In Dark Trees, Black Churchills et Deluxe Democracy.


Arrivée un peu en avance, j’avoue que je m’attendais à une présentation de ROK 2 par Frank Darcel ou Yves Bigot, qui chapeautent tous les deux le projet depuis six ans. Mais non, rien de tout ça… Pour ne pas trop nous frustrer, il était tout de même possible de feuilleter quelques exemplaires pendant la soirée. Question existentielle sur cet ouvrage qui en promet beaucoup : de quoi allait pouvoir bel et bien parler la cinquantaine de journalistes, photographes et écrivains qui ont participé à l’aventure pendant deux ans ?

En voyant le nombre de pages et le grand format, au final, il y en avait des choses à dire, en passant par le rock, la new-wave, l’électro et le hip-hop. Ce n’est plus seulement la montée du rock dont il est question mais de toutes ses branches musicales. Loudéac, Brest, Nantes, les Vieilles Charrues, Philippe Katerine, Miossec, Dominique A et consorts, il y a un très bel aperçu de tout le paysage culturel, associatif et musical qu’offre la Bretagne, de Douarnenez à la capitale bretonne. Sans oublier les (petits) nouveaux qui, depuis quelques années, écument les salles de concerts et dont le nom commence à être sur toutes les bouches : La Terre Tremble !!!, Juveniles, Mein Sohn William et autres Mermonte.

Le trio rennais remue l’UBU

rok1The 1969 Club fait bien sûr parti de la liste, d’où la raison de leur venue ce mercredi soir sur la scène de l’UBU. Ils sont contents, ne s’en cachent guère, c’est face à un public déjà conquis qu’ils se lancent, guitares aiguisées. En décembre dernier, ils se sont battus devant le public exigeant des Trans musicales. Bientôt, ce sera lors du festival Art Rock en mai, chez eux à Saint-Brieuc. En attendant, le 20 février dernier, ils ont fait rugir leurs guitares et su réchauffer l’ambiance rennaise.

On les connaissait comme des « bêtes de scène » et ils n’ont pas failli à leur réputation. Tout de noirs vêtus, les trois acolytes qui se font appeler Charlie, Hermann et Douglas, arrivent dans la salle. « C’est un peu notre deuxième maison ici ! », s’exclame Marie souriante, alias Hermann Lopez ou la petite blondinette guitariste qui saute partout avec des collants en dentelle. Deux coups de batterie et c’est parti : pendant une heure, on ne peut plus les arrêter et nous non plus. Entraînés par le rock garage, qui décoiffe et qui crie. L’aisance scénique est là, le batteur est bon et sait mener sa barque.

The 1969 Club, un groupe prometteur

Le rythme effréné des chansons de leur premier Ep sorti en décembre, The Red album, est contagieux et donne envie de danser avec eux. Les chansons passent à une folle allure, le groupe préférant des petits formats. The 1969 Club se donne même à quelques improvisations. C’est sans compter Marie, la chanteuse et bassiste, qui ose taquiner le public présent, sur leurs coiffures grisonnantes avant de commencer la chanson Neon citronade, qui parle des boîtes de nuit des années 70 « où les lumières flashy vous faisaient du mal » : « Vu les têtes, je vois que vous avez connu [cette] époque ». Cela vocifère à droite et à gauche, mais toujours avec le sourire parce qu’on ne peut rien lui reprocher, à la frimousse de Marie.

Rien à redire, le groupe est bel et bien une valeur sûre de la scène montante bretonne : set très bien mené et complicité bien visible entre les trois membres du groupe qui se connaissent depuis le collège. Le public timide au départ devient rapidement conquis, les sifflements et applaudissements en contestent. The 1969 Club enchaîne sur White House, leur chanson phare « choisie pour la compilation des Trans », explique Marie. « C’est une belle aventure pour l’instant et on espère qu’elle va continuer ! » Leur prestation se termine avec la chanson The Gold Rush. Marie se lâche le temps de ces dernières minutes, ces derniers riffs pour danser et agiter sa chevelure blonde platine. Pour notre plus grand bonheur.

James Chance envoûte les foules

Pour clore la soirée, James Chance, chanteur et instrumentiste à multiples casquettes, a été invité. Connu comme une figure du no wave outre Atlantique, il a été pour moi la découverte de la soirée. Saxophoniste et claveciniste, le soixantenaire a de quoi impressionner, fringuant dans son costard blanc trois pièces et sa coiffure à la Elvis Presley. Pour donner plus de consistance à son show, Chance est accompagné de guitaristes. Il alterne dès le début entre son rok3saxo et son clavier, avec à peine le temps de reprendre son souffle. Effet de style ou pressé par le temps ? Des fois, le bruit des instruments donne l’impression de fautes d’accords, de quoi faire grincer les dents. Mais apparemment, ce serait dans le style des années 70 car oui, ce soir, on se balade quarante ans en arrière à l’UBU. Les fans de la première heure du crooner dansent et se chuchotent à l’oreille, avec une pointe d’excitation dans la voix : « Je connais tous les albums par cœur ! »

Ce mercredi soir, le dernier album Dislocation, sorti en avril 2012, a été mis à l’honneur.  Le seul problème du multi-instrumentiste est la barrière de la langue. Car oui, son anglais américain freine la communication, peu de personnes comprennent son baragouinement, entre le patois new-yorkais et la langue de Shakespeare. Le petit plus : ses ballades blues, avec sa voix suave susurrées au bout du micro, envoûtent tout le public qui l’applaudit bruyamment. Il esquisse même sur scène quelques pas de danse et s’excite sur son micro pour chanter. Cela n’en a que plus d’effets sur le public, plongé dans le noir et dont les hurlements  de satisfaction se font encore longtemps entendre. La soirée de ROK 2 a été réussie et su mélanger deux styles différents sans non plus creuser une incompatibilité musicale. Tout le monde a eu de quoi se régaler dans les deux prestations.

L’ultime point d’interrogation de Frank Darcel : « ROK 3 ? »

Une deuxième soirée de lancement a lieu ce soir au Vauban à Brest avec In Dark Trees, Black Churchills et Deluxe Democracy et la troisième, à Nantes au Stakhanov le 10 mars. De quoi mettre l’eau à la bouche pour ceux et celles qui attendent la fatidique date du 15 mars pour acheter ROK 2…

Si vous en avez encore la patience, Frank Darcel parle d’éditer un ROK 3 en 2020 « pour rendre compte de cette effervescence à venir dans le domaine des musiques électrifiées en Bretagne, de cette excitation et de cette envie qui certainement ne se démentiront pas, il ne faudrait pas attendre trop longtemps. »

Les photos de la soirée :

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