L’association Kfuel accueillait samedi 23 février, au bar la Bascule, la dernière étape du Rich and Smooth tour. Après Lyon, Marseille, Montpellier, Perpignan et Pau, c’était finalement à Rennes que les deux groupes lillois : Drive with a Dead Girl et Berline 0.33, venaient boucler leur tournée. Une soirée qui n’a pas mobilisé la foule, mais qui a récompensé les courageux ayant bravé le froid par deux très belles prestations dominées par deux chanteuses hors-normes.
Quand les conditions sont réunies, les concerts de fin de tournée ont une saveur toute particulière. Dans le meilleur des cas, c’est en effet un moment chaleureux et collectif où les groupes surmontent leur épuisement physique pour célébrer dignement l’aboutissement d’un parcours dont ils sont fiers.
Dans le pire des cas, on assiste aussi parfois à la triste prestation mécanique de musiciens hagards et hébétés. Heureusement pour nous, cette soirée rentrait largement dans la première catégorie.
Premier week-end des vacances scolaires ou rigueurs climatiques, on sent d’emblée à notre arrivée que ce ne sera pas la foule des grands jours. On craint même un moment que les deux concerts ne se jouent que devant une poignée de personnes mais ce sera finalement une trentaine de personnes qui viendront donner une audience disparate mais digne et chaleureuse aux deux groupes. Le début de set des Drive with a dead girl en sera un peu tendu mais l’arrivée progressive des gens va les encourager à livrer une prestation ample et généreuse. A l’image de leur excellent 6ème album : Hotel California’s, le groupe joue sur le contraste entre froideur atmosphérique et bouillonnement sonore crassouilleux. Ils débutent ainsi sur le groove malsain d’Animals mais c’est pour mieux enchainer avec le brumeux et lancinant Paulina et son impressionnante montée en dissonances. Leur musique évoluera ainsi en équilibre permanent entre atmosphères fragiles et inquiètes, et agressions soniques. Le tout garde de bout en bout une beauté dépressive assez fascinante, sans nullement tomber dans la neurasthénie. Sans vouloir déprécier les autres membres du groupe qui auront brodé avec acharnement et classe larsens et autres déchirures soniques, on saluera tout de même l’impressionnante performance d’Alexia, chanteuse dont le charisme vénéneux, entre susurration et hurlement, nous aura littéralement scotchés.
Un groupe que nous sommes décidément ravis d’avoir pu découvrir sur scène et qu’on ne peut que fortement vous conseiller de découvrir en album ou par les excellentes vidéos de rattrapage de l’ami AppolosMouse.
Comment enchainer dignement derrière ça ? Tout simplement en alignant un seconde chanteuse tout aussi impressionnante. Connaissant bien le très bon Planned Obscolescence, premier LP (après deux EP) des Berline O.33, on se doutait que la formule serait redoutable sur scène. On n’a pas été déçu. Dès le savoureusement cauchemardesque premier morceau tout est dit. Cette longue ballade crescendo en compagnie du Ice Truck Killer annonce haut et fort le programme. La voix ensorcelante et fiévreuse d’Emilie Lk s’emberlificote parfaitement sur d’implacables lignes de basse/batterie, tandis que tapi dans l’ombre, le guitariste brode savamment d’électriques ambiances. Plus direct et rentre dedans, leur rock noise entêtant fait merveille. D’autant plus que le quatuor sait donner en live un coup de fouet détonnant à des compos déjà très solides sur disques.
Les lillois nous auront donc fait la totale ce soir là. Baffe, retour de claque et uppercut final délivré sous la forme d’un final bouillonnant et collectif s’adonnant jouissivement au sacrifice de 6 cordes à grands coups de lattes. Merci à Kfuel pour la belle soirée et à Gilles (pour ça et pour tout le reste) d’avoir accorder les 5 minutes supplémentaires sur l’horaire prévu pour permettre ce final joyeusement punk.
Bonne continuation Alexia !!!!
Chris