Monstres & Merveilles : Electroni[k] [k]idnappe les Champs Libres

Premier dimanche Electroni[k] - Champs Libres

Rencontrer d’immenses géants en papier découpés, siffler pour faire pousser des arbres, faire de la musique avec des post-it, écouter des concerts avec un casque sur les oreilles ou vous transformer en super-héros : c’est ce que vous propose l’association Electroni[k] ce 3 mars pour ce Premier Dimanche aux Champs Libres dont ils assurent la programmation. Présentation.

Testée et approuvée, la formule des Premiers Dimanches aux Champs Libres est reconduite en 2012-2013. Non seulement l’équipement culturel rennais vous ouvre ses portes le dimanche, mais non content de vous accueillir pour le planétarium, la bibliothèque ou les expos, il laisse ses clés à une association ou une structure du paysage culturel rennais pour animer les lieux le premier dimanche de chaque mois. Ce dimanche 3 mars, c’est l’association Electroni[k] qui [k]idnappe les lieux.

L’association Electroni[k] :

L’association Electroni[k] propose différentes manifestations à Rennes, notamment pendant le temps fort Cultures Electroni[k], autour des arts, de la musique et des technologies au travers de spectacles variés et souvent atypiques, mais toujours d’une réelle qualité artistique.

2010-10-13-ELECTRONIK_St_Georges-InjectChaque année, depuis 12 ans, Cultures Electroni[k] nous étonne avec des propositions souvent décalées : concerts subaquatiques, soirées clubbing débridées, concerts en pyjama, drive-in, concert de légumes, de haut-parleurs ou de machines à coudre, boums familiales ou concerts de musique contemporaine n’en sont que quelques exemples !

En plus des offres plus classiques, Electroni[k] s’attache ainsi à constamment expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public : des lieux apparemment  incongrus (une piscine, un dojo, une maison de retraite…), des formats étonnants (des concerts sous l’eau, des installations qui s’écoutent sur des lits suspendus, des performances qui se découvrent au cœur de dispositifs sonores englobants ou de visuels hallucinants, des concerts au casque…). Et surtout, une volonté de s’adresser à tous les publics.

Expos et installations interactives :

Cultures Electronik - Visuel 2011 by Jean JullienOn aura tout d’abord le plaisir de retrouver les créatures de Jean Jullien avec Les Gens Plats. Le jeune artiste collabore depuis quelques années avec Electroni[k].

Si en 2010, il y avait présenté son projet avec Niwoinwoin, Adventures in front of the TV à l’Antipode (mêlant dessins et musiques, ces aventures retraçaient le parcours d’un personnage de série télévisé oublié qui se retrouve parachuté dans des émissions qui ne sont pas les siennes), en 2011, c’est lui qui en avait signé le magnifique visuel, ce robot de carton et de papier qui prenait vie dans un teaser qu’on ne se lasse pas de revoir.

La même année, il avait également réalisé l’installation en papier découpé The Talent of Harry et Cody Binger, où deux robots se donnaient en représentation.

Pour cette journée aux Champs Libres, Jean Jullien (qui a depuis monté un studio d’animation à Londres avec son frère, Jullien Brothers), a réinventé l’espace : il a peuplé l’équipement culturel de ses personnages en papier découpé, géants poétiques, qu’on a hâte de rencontrer au sortir d’une volée de marches. Les Gens Plats ont tout d’exceptionnel. Et nul doute que les [k]ids les découvriront bouche bée. Tout comme la mystérieuse créature de Benoît Lauray.

Nous avions découvert Benoit Leray à l’occasion d’une exposition de ses dessins au Jardin Moderne pour la soirée Expérience #2 de Cultures Electroni[k] à l’automne. Depuis, le designer graphiste réalise les visuels des programmes du Jardin Moderne notamment. Peuplées de monstres fantastiques et autres créatures oniriques, les illustrations denses et colorées de l’artiste s’alignent dans un bestiaire foisonnant entre films Z et Maximonstres. Pour ce Premier Dimanche, l’artiste proposera la découverte d’un de ces spécimens. On croise même secrètement les doigts pour qu’il s’agisse du monstrueux lapinours en peluche dans les bras duquel on a presque envie de se réfugier…

Stop-it Lab 2012Le collectif multimédia Lab 212 proposera pour sa part deux animations interactives (Moc et Stop-it) qui devraient également plaire aux plus jeunes (mais pas que) d’entre nous : vous pourrez en effet faire pousser en arbre en sifflant (et pas forcément sur l’air de savez vous planter les choux !), puis faire varier sa forme et son ramage en fonction de la tonalité, de l’intensité du son, et cela en temps réel. Et il semblerait même que si vous vous mettez à parler, des animaux fantastiques et colorés viennent peupler votre forêt. Magique !

De la même manière, avec Stop-it, vous pourrez composer des morceaux de musique avec de simples post-it : chaque post-it de couleur représente un instrument, et plus vous le mettez haut sur un quadrillage pré-dessiné, plus la note sera aiguë. Electroni[k] s’efforçant depuis plusieurs années de mettre en avant les interactions entre image et son, on comprend aisément pourquoi l’association nous propose de découvrir ces deux installations, il s’agit de rendre le son visible, « tangible » en passant par le média visuel.

BLABLA_copyright Vincent MorissetBla Bla de Vincent Morrisset est également basé sur l’interaction avec le spectateur. Le Canadien a en effet créé un conte interactif pour ordinateur illustrant les différentes étapes de la communication humaine. Grâce à chaque spectateur/acteur, qui clique, bouge la souris, le récit devient possible. Si vous ne faites rien les personnages restent immobiles. Ils  attendent la prochaine interaction pour se mouvoir et entrer en action. Ils communiquent alors avec leurs pairs avec de drôles de sons. Vous les faites aller, venir, changer de couleur, parler, pleurer, chanter, sauter dans un trou. C’est vous qui rendrez (ou non) l’histoire possible.

Pour celles et ceux qui préfèrent les interactions sans le média de l’écran, les frippeurs malicieux de Super Groupe devraient avoir la solution. Ce duo de graphistes, découverts lors de la dernière édition de Cultures Electroni[k] a en effet plus d’un costume dans son sac et vous propose de changer de peau en associant masques, accessoires et autres facéties. Changer de dents ou devenir un super-héros, puis prendre la pose dans le labo-photos : voilà la proposition de ces deux joyeux drilles.

Dans un tout autre genre, on pourra également découvrir une installation de l’artiste Joanie Lemercier. Pour Cultures Electroni[k], Le fondateur du label AntiVj a en effet réalisé en 2009, une performance de vidéomapping à partir de La mort de Duguesclin, tapisserie réalisée par les gobelins en 1904, sur des cartons du peintre Toudouze et située dans la Grand’Chambre du Parlement de Bretagne. La tapisserie y devenait le point d’ancrage d’un spectacle de projection d’images numériques en videomapping qui semblaient donner vie et animer les personnages, et tout cela par le biais de l’installation audiovisuelle. Ce dimanche, Joanie Lemercier reviendra sur ce projet en donnant de nouveau une relecture de cet épisode de l’histoire de France, en faisant intelligemment se rencontrer les époques.

Les concerts

2012-05-12-LYNN_POOK-Cleunay-ELECTRONIK-011

A l’origine du projet Métropole Electroni[k], lancé en 2008 , l’association a proposé à des musiciens (mais aussi à des plasticiens) de réaliser des créations sonores pendant une résidence dans un lieu de Rennes Métropole (Imprimerie Ouest France, Maison de retraite de Cleunayl, Médiathèque de Betton, gare SNCF, aéroport pour n’en donner que quelques exemples). Les artistes investissent le lieu de résidence, développent leur projet puis restituent leur création au public sous la forme d’une carte postale sonore. Pour les créateurs de Métropole Electroni[k], ces projets permettent « de découvrir ou de redécouvrir des espaces urbains, d’appréhender la ville par l’oreille et ne plus la penser simplement comme source de bruits et de nuisances » . Depuis le lancement de Métropole Electroni[k], 12 cartes postales ont déjà vu le jour. A l’occasion de ce Premier Dimanche, Electronik] vous propose de les (re)découvrir par le biais d’une écoute au casque.

On aura également le plaisir de retrouver deux courtes mais intenses pièces de Steve Reich, l’une, Clapping Music, qui se base sur des claquements de main (un pattern rythmique fixe sur lequel est superposé son identique décalé à chaque reprise, et le tout effectué en tapant des mains), l’autre Music for pieces of wood qui se sert plus des mains mais repose sur des percussions à l’aide de claves. Elles seront présentées à de multiples reprises dans le hall des champs libres par un quintet d’étudiants du Conservatoire de Rennes.

On est également plus qu’heureux de retrouver Bertùf et ses machines bricolées à l’aura mystérieuse. Le musicien, qui crée également des logiciels, fabrique lui-même ses instruments et les sons qu’il produit. Tout en nuances, 2012-10-13-electronik-experience4-alter1fola musique de Bertùf se développe par petites touches subtiles, souvent aériennes. Des sons délicats, aussi minutieux que fragiles, prennent place dans cet assemblage sonore plein de nuances. Les différentes textures, qu’il s’agisse de sons abstraits ou concrets, forment une sorte d’ambient éthéré, qui vagabonde, au gré des manipulations du musicien.

Autre trifouilleur et bidouilleur talentueux dont la venue nous remplit d’aise, Mathias Delplanque sera également en concert ce dimanche. Le compositeur nantais joue particulièrement sur la spatialisation du son et envisage ce dernier réellement comme « matériau » sonore. Là encore, les compositions sont éthérées, à mi-chemin entre musique concrète, électro-acoustique et electronica. Pour ce Premier Dimanche, le musicien travaillera à partir d’improvisations si on en croit le programme.

Benjamin Jarry copyright Gwendal Le FlemÉgalement nantais, le violoncelliste Benjamin Jarry devrait lui aussi nous remuer le cœur avec la présentation de Splendid Isolation. Il y utilise son violoncelle et des traitements électroniques. C’est à la fois mélodique, évident. Et en même temps d’une profondeur inattendue (on y entend même un peu de Reich par moments). Les drones vous hypnotisent progressivement. Et si parfois, ils se font davantage bruitistes, ils restent étonnamment toujours mélodiques. On craint sérieusement de se prendre une grosse claque.

On est aussi impatient à l’idée d’entendre enfin le duo rennais (désormais trio en live avec Tom, le chanteur/guitariste de Piranha) Fragments en live. Leur récente démo nous a en effet fait plus que forte impression. Fondé par Sylvain Texier (The Last Morning Soundtrack) et Benjamin Le Baron (F.Hiro), Fragments sait distiller ses comptines électroniques mélodiques et délicates avec un joli talent d’orfèvre. On a vraiment hâte de découvrir en live ces compositions épurées qui prennent le temps, et du silence, et de la résonance.

Plus enlevée, on l’imagine, la prestation de l’artiste libanais Bachar Mar-Khalifé sera une bonne entrée en matière pour ouvrir ce Premier Dimanche. Après son premier album Oil Slick sorti en 2010, le musicien aux horizons larges revient avec l’album Who’s gonna get the ball from behind the wall of the garden today? , une nouvelle fois sur le label InFiné. Il viendra ainsi le présenter un jour avant sa sortie au public des Champs Libres. Le pianiste et percussionniste y mêle chant en français (avec une très réussie reprise de Gainsbourg), en anglais et en arabe, et y convoque influences d’orient et attachements à la musique contemporaine, sans oublier une pincée d’électronique saupoudrée de jazz.

Pour finir cette journée, Luke VW le programmateur des Crab Cake accompagnera votre fin d’après-midi avec un set aux platines.

Le programme :

Programme Electroni[k] - premier dimanche aux Champs Libres

Une nouvelle fois un grand merci à Gwendal Le Flem pour sa photo de Benjamin Jarry.

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