La période des festivals des Trans musicales et des Bars en Trans, c’est un peu comme Noël ou le Nouvel an. Mais en mieux : on connaît déjà le cadeau et on est sûrs du résultat, pas de déception à la clef. Alors on a choisi notre premier cadeau, les yeux ébahis. Ce jeudi soir, c’est le bar le Chantier où on a choisi d’aller pour inaugurer cette première soirée Bars en Trans. Au programme : Rich Aucoin, jeune canadien hyperactif aux chansons électro-pop et Tepr, groupe d’électro, breton d’origine.
Les Rennais étaient au rendez-vous, le Chantier a affiché complet au bout de quarante-cinq minutes. Grande découverte lors de cette soirée : Rich Aucoin. Le hic’ qui dérange : public entassé et très difficile de circuler lors de Tepr, ce qui a rendu le concert peu agréable. Compte-rendu de la soirée « coup d’envoi des Bars en Trans », à l’estaminet réputé électro’ de Rennes.
L’ouverture des portes est écrite à 20 heures. A 20 heures 45, au Chantier situé en bas de la place des Lices, il est impossible de rentrer. C’est déjà complet. Les curieux vont voir Rich Aucoin, réputé pour être une « bête de scène » par ceux qui l’ont déjà vu, aux Vieilles Charrues entre autres. Les plus connaisseurs arrivent à la seconde moitié de la soirée pour danser sur la musique de Tepr, le bar Le Chantier étant connu par les amateurs de musique électronique.
C’est avec une impatience non feinte que la foule attend une petite heure pour apercevoir le bonnet bleu du canadien Rich Aucoin. En attendant, un Dj passe du funk sur les platines pour nous mettre dans l’ambiance. A 21 heures, la musique s’arrête et le matériel commence à s’installer. Cela met quelques minutes puis le chanteur parle avec le public rennais, bien décidés à passer une bonne soirée. Il lance sa première musique puis interrompt : il manque quelque chose. Encore un aller et venu.
Rich Aucoin : une heure d’attente pour une heure de bonheur
Pendant ce temps, on regarde un peu le coin de scène qui a été redécoré pour son concert. Un drapeau blanc est accroché en fond pour que le rétroprojecteur puisse afficher correctement la vidéo. Car oui, Rich Aucoin ce n’est pas seulement une table, deux micros et un synthétiseur. C’est aussi -et surtout- une mise en scène. Encore quelques minutes pendant que le chanteur troque son gilet bleu pour un marcel et une chemise. Il est 21 heures 15. C’est un peu long, la mise en place a été fastidieuse mais on le comprend lorsqu’on voit le peu d’espace qu’il y a.
Le canadien mélange français et anglais pour essayer de se faire comprendre. Le début a été laborieux mais la phrase « Do you want a dance party ? », est-ce que vous voulez danser ce soir ?, réveille la foule. Dès le départ, Rich nous met dans le bain : il va falloir bouger. Le spectacle commence par une vidéo, matériel principal de la soirée avec lequel il va s’amuser à tordre et distordre. On ne sait pas à quoi s’attendre, les images montrent un homme sur un buffalo (A guy on a buffalo) et des animaux qui crient, le canadien au physique frêle nous demande de faire de même. Alors, on hurle.
Musique « participative »
Certaines personnes le regardent avec étonnement. Faut-il partir ou rester ? Il faut rester, juste pour voir à quelle sauce il va nous manger. Ensuite, des vidéos de gens qui dansent sont projetés sur le grand drap blanc avec des phrases qui font écho à son album We’re all dying to live, sorti en 2011 (Nous avons tous la chance de vivre) et quelques clins d’oeil à des groupes comme BRNS (BRNS est un groupe malin) et Tepr (Tepr dit que Rennes est une grande ville rouge). Quelques cris fusent lorsque le nom de BRNS apparaît à l’écran, groupe belge très apprécié en Bretagne.
La musique que bricole Rich Aucoin est ce qu’on peut appeler de la pop, qui est d’ailleurs mise à l’honneur dans tous les bars des Bars en Trans, ce jeudi. A l’écoute de ses chansons, It et Brian Wilson is A.L.I.V.E, les mélodies sont entraînantes et vivantes mais sans plus. Son premier album dénombre même beaucoup de musiques douces. Sur scène, par contre, cela fait toute la différence, cela détonne. Rich Aucoin donne envie de sauter partout. Les paroles de toutes ses chansons sont écrites sur des images de dessin animé ou des vidéos retravaillées. Sa musique, on pourrait la qualifier de « participative ». En effet, il fait chanter le public pendant tout son concert. Si le public ne réagit pas et ne chante pas, si le public (français) ne se prend pas au jeu, le concert n’est pas aussi bien qu’il pourrait l’être. Quand cela a commencé, l’ambiance était sur le fil. Le public rennais a été sceptique pendant un bon quart d’heure, seul un petit noyau d’irréductibles gaulois a, finalement, emporté tout le monde dans la même énergie communicative, celle de Rich, un véritable ouragan sur scène.
Parachute et confettis
Au milieu du show à la demande du chanteur, tout le monde dans la salle comble du Chantier s’assied puis saute. Rich Aucoin fait de même, se mélange parmi les festivaliers et fait chanter le public avec son micro. Il lance des confettis rouges, blancs, roses et s’amuse avec les vidéos projetées (« ça, c’est le nouveau Star Wars, Star Wars 7 ! »). On ne le voit que trop bien, Rich Aucoin est dans son élément, la scène. Ce canadien recherche toujours le contact physique, touche l’épaule de quelqu’un, s’adresse à un autre. Monte sur le comptoir du bar, touche les tuyaux gris du plafond. Le public est dans l’ambiance. Cela hurle, cela chante.
Puis vint le moment attendu de tous : « Je vais jeter un parachute sur vous. Au Canada, cela fonctionne très bien et c’est très sympa ! On va danser dessous. » Et là, le plafond du bar devient multicolore : vert, jaune, rouge. Tout le monde essaye de porter un bout de ce parachute tout en dansant avec Rich au milieu. Pendant le spectacle, il a chanté toutes les musiques de son album, les plus connues The little creatures know, Brian Wilson is A.L.I.V.E. Et il a gardé la meilleure pour la toute fin, It.
« Bravo ! Bravo ! Bravo ! », hurle une dame dans le fond de la salle lorsque cela s’arrête. Les applaudissements sont nombreux. La soirée commence très bien. Lorsque le concert est fini, Rich Aucoin serre des mains pour remercier le public, se fait prendre en photo au bras des Rennais(es), donne son numéro de téléphone et son Twitter. On se souviendra de son avant dernier concert en France, ici à Rennes, pour la tournée de son premier album.
Entassé, serré, pas évident d’apprécier Tepr
Le groupe électro parisiano-breton Tepr s’installe une vingtaine de minutes après. La foule est arrivée en masse. On ne l’a pas vu venir : quelqu’un régule les entrées dans le bar du Chantier. Il est donc impossible de circuler normalement à l’intérieur. Erreur de débutante. La page Facebook des Bars en Trans nous dit qu’on a pas été les seuls à se faire avoir et à ne rien voir de ce qu’il se passe. Au Bar’Hic, les Popopopops ont amené du monde. En commentaire d’une photo sur Facebook, « Vous voyez quelque chose ? ». Non, rien. Et pour Tepr, on y voit pas grand chose non plus. L’attitude compte beaucoup mais la musique électronique est faite pour être dansée avant tout. Tanguy Destable alias Tepr, danse et interpelle le public : « Vous êtes prêts à danser ? ».
Quelques garçons répondent à l’appel. Mais le public se débat avec sa bière pour essayer de ne pas la renverser (sur quelqu’un) et de passer pour aller dehors et prendre l’air. Il est impossible de danser à part les chanceux qui ont réussi à se faufiler pour aller tout devant. Il fait trop chaud et c’est pesant. « C’est un peu mou ça », compare quelqu’un devant. C’est vrai que l’ambiance s’est un peu refroidi.
Revers de la médaille du succès des Bars en Trans
Se retrouver serré(es) comme des sardines pendant un concert, ce n’est pas la première fois ni la dernière fois que cela arrivera. Les Bars en Trans, fort de leur succès, affichent toujours complets. Revers de la médaille, il faut se placer au moins une vingtaine de minutes en avance pour pouvoir savourer les concerts. C’est dommage car le confort ou l’inconfort dans lequel on est, influence notre perception de la musique. Dire que je n’ai pas aimé Tepr serait mentir. Je suis partie avant que cela ne devienne plus un calvaire qu’un plaisir.
Dans le crachin breton -il faut un peu que ce soit typique pour les touristes, galette-saucisse et pluie-, on entend les échos de la musique de Tepr. Cela commence à s’intensifier lors de notre départ. Malgré cela, la soirée a été bonne et c’est avec plaisir qu’on repart chez soi, en ayant en tête les chansons entêtantes de Rich Aucoin et l’envie encore d’hurler « We are not dead yet ».