Bars en Trans 2012 – Michel Cloup en interview

2012-04-M_CLOUP-ITW-ALTER1FO 6 (1)Michel Cloup revient à Rennes pour les Bars en Trans au Mondo Bizarro ce jeudi 6 décembre pour une soirée dont la programmation promet de vous décrasser les esgourdes, puisqu’on y retrouvera également L’Enfance Rouge avec Eugene S. Robinson (oui, le chanteur d’Oxbow !). On sera pour notre part complètement ravis de retrouver Michel Cloup, tant le dernier disque du monsieur et sa prestation à l’Antipode il y a quelques mois nous ont retournés. C’est d’ailleurs à peine une heure avant son concert à l’Antipode qu’on avait rencontré le Bordelais.

Michel Cloup s’était présenté sur la scène de l’Antipode pour un concert tout autant époustouflant que bouleversant. Des mots simples, qui sonnent avec une justesse bluffante. Des mots qui imposent un silence respectueux dans le public. Juste sa guitare ou presque. Une musique organique, dépouillée, intime. Rien de plus, mais surtout rien de moins. On est touché, ému, remué. On vit le set sur le fil, tendu en retenue, sur l’émotion. 

A l’âge où l’on comptait encore le nombre de nos disques sur les doigts d’une main, #3 se trouvait parmi eux. Comme beaucoup d’autres indie kids. Diabologum nous laissait entendre qu’il y avait une autre voix/voie. Et en français. Le disque, usé par les écoutes, s’est figé dans nos veines. On a répété sans cesse des paroles venues d’ailleurs, comprises par des milliers d’autres happés par cette musique. A découvrir absolument. De la neige en été. Oui, Tom est tout seul.

Quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé.

Après cet album, les membres de Diabologum ont eu d’autres projets. On les a bien sûr suivis. Michel Cloup est parti fonder Expérience, entre autres. On y a souvent, encore, été bouleversé. Et puis, l’année dernière, un nouveau projet a vu le jour sur disque, Michel Cloup (duo) un projet « sous son nom, mais pas seul » . Parce qu’il a emmené avec lui Patrice Cartier à la batterie. On a pris cet album, Notre Silence, comme un uppercut. Une simplicité de moyens (guitare baritone, batterie), des textes aussi pudiques que personnels qui viennent dire la perte, le deuil d’une mère. Mais pas que. Parce que la perte, quelle qu’elle soit, nous expliquera Michel Cloup, est finalement toujours la même. Aussi que certains y voient les échos d’une rupture amoureuse alors que d’autres y entendent le deuil, pourquoi pas. Ce qui compte, c’est ce lien créé avec l’auditeur, par ces textes, cette musique. « Une histoire, mon histoire, universelle, banale. Mon histoire, notre histoire, dans le creux de ton oreille, ce n’est pas rien ». Rencontre.

2012-04-M_CLOUP-ITW-ALTER1FO 1 (1)

Alter1fo : Début mars, tu étais en résidence à la Villa Médicis à Rome. Tu peux nous en parler ? Il y avait un projet au départ ? Comment ça s’est passé ?

Michel Cloup : Tout simplement, en fait. On était invité par la Villa Médicis, pour travailler pour nous et aussi pour travailler sur une collaboration avec un musicien romain qui s’appelle Teho Teardo avec lequel on va jouer en juin sur un festival à la Villa Médicis. Et donc l’idée, c’était qu’il y ait une petite collaboration.

Bon, il se trouve qu’on n’a pas pu travailler avec lui parce qu’il rentrait de tournée et qu’il a été hospitalisé parce qu’il avait un ulcère. C’était un petit peu problématique… Surtout pour lui, quoi! Mais cela ne nous a pas empêché de travailler de notre côté, puis de découvrir cette magnifique ville.

Michel Cloup @ L'AntipodeOn a vu des photos, ça devait être assez impressionnant d’être là-bas.

Oui, oui. C’est magnifique. C’est assez incroyable. Il y a vraiment quelque chose. Pour moi, ça a bougé beaucoup de choses. C’était très beau. La ville est magnifique. Après, il y a un côté très touristique qui est quand même un petit peu étrange.

C’est une très très belle ville et puis la Villa Médicis, il y a une histoire. C’est quand même un truc un peu incroyable ! D’ailleurs, c’est un truc un peu historique : c’est la première fois que la Villa Médicis accueille des musiciens rock en résidence.

C’est une belle première…

Oui, c’était plutôt agréable et puis on a été très bien accueilli.

Excuse-moi, c’est un peu personnel. Ta mère était italienne. C’était important pour toi cette résidence à Rome ?

C’était très surprenant que ça arrive après cet album qui est justement un petit peu autour de cette histoire-là, de sa perte. Ça m’a fait assez plaisir finalement. Après, c’est un concours de circonstances et c’est du hasard. Mais ça m’a fait assez plaisir d’aller en Italie parce que je connais très peu ce pays. Du côté de ma mère, c’était des Italiens immigrés avant la seconde guerre mondiale. Donc, j’ai pu découvrir un petit bout d’Italie à travers Rome. Je connaissais déjà un petit peu Venise et un petit peu Milan, mais vraiment très peu.

Oui, il y avait quelque chose qui était un peu important dans ce voyage, personnellement.

Villa Médicis - Michel CloupMichel Cloup - Villa Médicis

Dans une interview pour Sourdoreille, tu disais joliment «qu’avant [tu] faisais de la politique extérieure, et que maintenant [tu] fais plus de la politique intérieure» , mais que de toute façon : «il y a encore quelque chose de politique dans ce que [tu] fais, en tout cas dans la manière de le faire» . Tu nous expliques ?

Ça va peut-être un peu loin. Mais déjà c’était une envie de changer de registre parce que j’avais un peu l’impression d’être arrivé au bout de quelque chose, au temps de la politique extérieure.

2012-04-M_CLOUP-ITW-ALTER1FO 10 (1)Après, de la politique intérieure… Le terme politique ne va pas forcément dans ce sens de politique au sens tel qu’on l’entend. Mais c’était cette idée, justement : à travers l’expression de choses très personnelles, essayer de créer un lien avec le public et une émotion surtout. De ne pas être dans la récitation ou l’auto-complaisance. Mais plutôt d’essayer de livrer quelque chose qui soit à la fois très personnel et un petit peu pudique aussi. Mais surtout que ça puisse créer un lien avec le public. Avec des gens qui écoutent ça, et qui attrapent un petit peu les choses que je raconte. Soit des gens qui partagent un peu la même expérience. Soit de créer une émotion, un lien. Ça, c’est peut-être ma définition de la politique (rires)

Pourquoi tu as choisi l’autoproduction ? Ce n’était peut-être pas un choix d’ailleurs…

Si, c’était un choix. Quand j’ai commencé ce projet, je voulais aller vite. Les chansons étaient là. On avait déjà fait beaucoup de concerts. J’ai contacté quelques labels. J’’ai eu des réponses qui étaient positives. Mais on me disait toujours qu’il fallait attendre, attendre… Et puis, pour avoir travaillé avec beaucoup de labels ces dernières années, de labels indépendants français, finalement je me suis dit que je pouvais aussi faire ça, le travail que font ces labels-là. Le faire moi, en essayant d’organiser la chose. J’ai quand même travaillé avec des gens. Le disque s’est fait comme s’il y avait eu un label derrière. Il y a des gens qui ont travaillé sur la promotion du disque, sur la pochette, sur tout ça. Après c’était un fantasme que j’avais depuis plusieurs années parce que j’ai quand même eu pas mal de soucis avec mes précédents labels. Et puis aussi une envie d’aller jusqu’au bout du truc.

2012-04-M_CLOUP-ITW-ALTER1FO 3 (1)Je trouvais que ça collait bien, aussi, avec cet album, qui était finalement un truc plus personnel, d’aller en contact direct avec les gens pour vendre mon disque. Pour moi, c’est un peu aller au bout d’une certaine démarche.

Et puis aussi, quand tu entends tout ce discours d’artistes qui se plaignent, de gens qui n’achètent plus d’albums et tout ça. Ce sont souvent des gens qui sont sur des labels, et souvent des gens qui sont sur des gros labels qu’on entend se plaindre. Et mon discours là-dessus est beaucoup plus simple que ça : effectivement, ce n’est pas facile de vivre en tant qu’artiste surtout quand on a des choix assez tranchés. Mais en même temps, mon discours est simple : c’est moi qui ai produit mon disque, j’ai payé mon disque. Si tu achètes mon disque, tu m’aides à rembourser mes dettes. Et au moment où j’aurai remboursé mes dettes, je gagnerai peut-être un peu d’argent avec ça. Du coup, ça met un rapport beaucoup plus sain, et je ne suis pas en train de faire la morale pour dire « il ne faut pas télécharger, c’est mal » . Non, je dis juste : ma musique, c’est moi qui la produis. Si tu veux acheter mon disque, tu participes, c’est un acte politique aussi quelque part. Je trouve ça plus légitime que de faire la pleureuse à la télé en étant signé sur une major ou sur un gros label en faisant la morale à tout le monde.

Michel Cloup @ L'AntipodeTu as fait un journal de cette résidence à Rome. Tu y expliques que tu as commencé à trouver des choses, que ça prend forme progressivement. Et tu rajoutes : « il ne reste plus qu’à attendre les mots » … En fait quand tu composes, tu commences par la musique ? Le texte vient après. Comment ça s’articule ?

Non, il n’y a pas de règles. Il y a des fois une phrase qui donne naissance à un texte qui se colle à une musique qui était déjà là. C’est souvent, quand même, quelques parties musicales qui m’inspirent et que je raccroche à des choses que j’ai déjà écrites. Après, j’ai un processus assez long. Je note des idées sur des carnets, je note des bouts de phrases et puis un jour, ça vient tout seul. Donc, les mots, oui, il faut les attendre. Je dis surtout ça parce qu’avant je me forçais un petit peu à être productif et aujourd’hui pas du tout, en fait. J’essaie juste de faire marcher la machine et puis d’emmagasiner des choses. Et puis après, à un moment donné, ça vient. Ça vient tout seul. Après, il n’y a pas vraiment de règle bien bien précise, c’est assez bordélique comme travail.

Parce que tu vois, par exemple dans L’enfant quand tu dis ces mots très simples : « je vide des boîtes, je vide des boîtes et les remplis à nouveau » , il y a une sorte de tension musicale… Comment ça s’est articulé ce moment-là ?

Cette chanson, c’est très simple, ce sont des souvenirs d’enfance. Des souvenirs d’enfance très personnels. Je vide des boîtes. J’ai un souvenir étant enfant, vraiment petit. Je jouais chez moi, et j’avais des boîtes, avec des jeux dedans et je vidais les boîtes, et je vidais les boîtes, et puis je les remplissais à nouveau, puis je les re-vidais encore. C’est quand on est petit qu’on fait ça. Mes enfants ont fait ça aussi. C’est un truc de gosse.

Michel Cloup @ L'Antipode

Musicalement, il y a cette sorte de montée en tension…

C’est un peu obsessionnel, ce genre de trucs chez les gamins. Après, je ne saurais pas expliquer. Il y a peut être quelque chose derrière. C’est un peu à chacun d’y voir ce qu’il a envie d’y voir. Après, c’est ce que je disais tout à l’heure

A Gaël Desbois…

Je ne cherche pas à donner des interprétations à tout, parce que c’est ennuyeux, en fait. En plus, on est vraiment dans une époque où il faut tout savoir, tout voir, être au courant de tout. Tout expliquer, tout interpréter, tout sur-interpréter. Moi, c’est vraiment quelque chose qui me désole.

Je pense que l’art (l’art à travers la musique, à travers le cinéma, à travers tout un tas de choses, toutes les disciplines confondues), c’est un peu la dernière place… C’est un des derniers bastions de cette liberté de ne pas toujours expliquer ou interpréter les choses. Ce n’est pas du tout fait pour ça, l’art. C’est fait pour lâcher des choses, pour lâcher des émotions. Il n’y a pas forcément à interpréter. Et franchement, il y a plein de choses pour lesquelles je suis totalement incapable de dire pourquoi je fais ça comme ça ou pourquoi je dis ça, même. Il y a des choses que je peux expliquer et il y en a d’autres, je ne sais pas quoi te dire.

Sur Notre Silence, tu disais que seulement deux morceaux étaient fictionnels, Un film américain , qui clôture l’album sur une happy end et que tu as expliqué dans d’autres interviews. Et puis Le cercle parfait. Pourquoi tu as eu envie de raconter cette histoire, sur Le cercle parfait, de rajouter cette scène dans le film ?

C’est quelque chose de très personnel, en fait. Le cercle parfait, c’est un moment donné de ma vie, en voyage avec quelqu’un. C’est se rendre compte qu’on a fait le tour d’une vie, mais en vrai. Par rapport à tous les endroits dans lesquels on avait vécu. Et puis à un moment donné, où on rentre dans une nouvelle phase, c’est un peu refaire le tour de tout ce qu’on a vécu ensemble. Et puis se reposer un petit peu avant de repartir. C’est tout. C’est un voyage. C’est vraiment une chanson que j’aurais du mal à expliquer. Je ne le ferai pas parce que je n’aime pas ça (rires)… Mais c’est une chanson que j’aurais du mal à expliquer parce que même moi, je ne comprends pas tout.

2012-04-M_CLOUP-ITW-ALTER1FO 8 (1)En même temps, elle s’explique aussi toute seule…

C’est drôle parce que c’est une chanson qui a souvent été interprétée comme une chanson de rupture, alors que ce n’est pas du tout une chanson de rupture, bien au contraire. C’est ce que j’aime avec ça aussi, c’est l’idée qu’on puisse rattraper cette histoire. C’est pour ça que je m’en suis un peu voulu aussi, à un moment donné, d’avoir trop expliqué pourquoi ce disque…

Et perdre quelqu’un… Il y a plusieurs manières de perdre quelqu’un. Il n’ y a pas forcément la mort au milieu. Il y a aussi juste une perte. Le propos, au départ, c’était un peu ça, plus la perte que vraiment la séparation à travers la mort et tout ça. Même si ça fait partie du truc. Mais j’aime bien cette idée-là. Et puis finalement c’est un peu la même chose, perdre quelqu’un, c’est perdre quelqu’un, qu’il disparaisse, qu’il s’en aille, qu’il soit toujours là mais plus là.

Tu racontes des histoires dans tes chansons. Je trouve que c’est super dur comme exercice, en fait, pour que ça ait de l’épaisseur, et que ça veuille dire quelque chose. Ce qui me frappe, c’est que tu utilises de petits détails. Dans L’enfant, tu dis « une allumette dans une casserole en émail orange » et on la voit immédiatement. Ou sur De la neige en été, tu racontes : « on a marqué des buts entre quatre blousons » et on y est. C’est quelque chose à quoi tu fais attention ?

Non. Franchement, ça vient tout seul. (rires). Non, je fais un pauvre commentateur de ce que je fais. Il y a beaucoup de choses qui me dépassent et que je n’analyse pas forcément. Les images me plaisent. Ou les sonorités. Après, il y a vraiment juste un souci de simplicité. C’est vrai que plus ça va et plus j’ai envie de dire les choses d’une manière vraiment simple. J’aime beaucoup ça. C’est ce que j’aime en littérature. J’aime vraiment la simplicité.

Michel Cloup (duo) -Notre SilenceLa formule duo, c’était aussi pour ça ?

Ça partait aussi sur cette idée-là, d’intimité, de proximité, de simplicité. De livrer quelque chose d’assez brut et d’assez direct et justement dans une formule vraiment épurée musicalement. Tout allait dans le même sens.

Justement, tu as composé avec une guitare baritone, ce que tu ne faisais pas avant. Pourquoi?

Parce que j’avais envie de changer. J’avais cette guitare, j’avais envie d’essayer ça. Et puis ça permettait aussi à travers les fréquences beaucoup plus graves qu’une guitare normale, en étant juste en duo, d’avoir quelque chose de plus charnu au niveau du son. J’avais un accordage différent d’une guitare classique. Du coup, ça a ouvert des portes et, à un moment donné, ça m’a permis aussi de rebondir pour avoir quelque chose d’un peu différent. C’était agréable.

Tu écoutes d’autres projets solos, d’autres musiciens seuls avec leur guitare, par exemple…

J’écoute plein de choses. Franchement, je ne suis pas bloqué sur une seule forme.

On a l’habitude parce qu’on connaît bien Diabologum, qu’on connaît bien Expérience… Et on ne te pose plus la question. Mais pourquoi as-tu choisi cette forme de spoken word ?

C’est un truc qui s’est imposé à l’époque de #3. Avec Arnaud, on est vraiment parti dans cette voie-là. J’ai essayé de développer quand même un truc un peu plus mélodique. Et je pense que plus ça va aller, plus je vais essayer d’aller vers ça. Parce que c’est vrai que ça a un petit peu ses limites aussi, le spoken word. Même si bien sûr, je ne vais pas aller à l’opposé. Mais avec cet album, j’ai beaucoup plus chanté que sur mes précédents disques et ça a été vraiment un plaisir. Je ne vais pas partir à l’opposé, mais plus ça va plus j’ai envie de chanter des chansons. Enfin dans une certaine mesure… Et avec mes qualités vocales (rires).

2012-04-M_CLOUP-ITW-ALTER1FO 9 (1)Je me suis dit que tu as un peu dû réécouter les vieux Slint et toute la clique de Louisville en faisant cet album…

Oui, oui. Pas vraiment pour cet album, mais c’est vrai qu’à un moment donné, je me suis un peu replongé là-dedans. Ça faisait écho avec tout un tas de choses que j’écoutais beaucoup à ce moment-là, et que j’écoute beaucoup d’ailleurs depuis pas mal d’années. Des gens comme Bill Callahan, Scout Niblett. Tout un tas d’artistes qui sont des songwriters mais qui sont un peu, pour moi, une espèce de continuité de ce qui a été commencé avec ce post-rock des années 90.

Il y a un groupe, je ne sais pas si tu connais, qui s’appelle Mansfield TYA qui chante en français et en anglais et si j’ai tout compris, elles expliquent en interview que pour écrire en français, à un moment, elles ont écouté du hip hop français.

Oui, oui, ça a un peu été notre démarche au moment de Diabologum. Mais je t’avouerai que franchement, plus aujourd’hui, parce qu’il y a très peu de choses dans le hip hop français qui m’intéressent pour être honnête.

Casey peut-être ?

Certains trucs de Casey, Psykick Lyrykah… Quelques trucs comme ça, un petit peu hybrides… Mais c’est vrai que le hip hop français classique, ce qui se fait actuellement, je ne peux plus écouter ça. Mais par contre, à l’époque de Diabologum, on a été beaucoup plus marqué par le hip hop français de la fin des années 80 et années 90 que par le rock français, que par ce qui se chantait en français dans le rock. C’est peut-être pour ça aussi qu’on a un peu délaissé la mélodie au profit du côté un peu spoken word et tout ça. J’ai vraiment une culture anglo-saxonne à la base, musicalement, dans mes goûts. Et c’est vrai que je n’écoutais pas forcément (c’est paradoxal pour un mec qui a toujours écrit des trucs en français) des tonnes de musiques françaises. Et même, tout ce qui est chanson française, je connais quelques trucs, mais ce n’est vraiment pas ce que j’écoute. Je trouvais que finalement le hip hop français à ses débuts, plus maintenant, mais à ses débuts, s’appropriait ce style anglo-saxon d’une manière beaucoup plus percutante et réussie que le rock français. Après je parle du rock français des années 80, des choses que même aujourd’hui, je ne peux pas supporter.

(Rires) On est d’accord. Je pense voir à peu près…

Michel Cloup @ L'Antipode

3 disques sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?

Il y en a tellement plus…

Je sais, c’est pour ça que c’est dur…

Qui me viennent là en tête comme ça. Il y a forcément un album de Sonic Youth. Je ne sais pas lequel. Cela pourrait être Sister, Daydream Nation, Dirty. N’importe quel album de Sonic Youth jusqu’à la fin des années 90, même jusqu’au milieu des années 90. En deuxième, il y aurait, je pense, un album de Neil Young aussi. Je ne sais pas trop lequel. Un des premiers, je pense. Je n’ai pas trop d’échelle de valeur dans ses premiers disques. Et puis, un truc de maintenant… Je pense qu’il y aurait un disque de Bill Callahan. Peut-être son deuxième ou son troisième album solo. Et voilà.

Mais après, ffff, c’est vachement réducteur.

Tu peux en rajouter si tu veux.

Oui, il y en a tellement. Dans plein de registres musicaux différents… Il y aurait un album de soul. Il y aurait un disque des Beatles. Un disque du Velvet… Il y aurait… Wahou, il y en a tellement !

Merci beaucoup, en tout cas.

En fait, il faudrait plutôt me demander : qu’est-ce que tu mettrais dans ton ipod, avec un disque dur de 150 gigas ? (Rires)

Écoute, si un jour tu veux nous l’écrire, il n’y a pas de problème… (Rires)

Ça risque d’être un peu long ! Je ferai plutôt des shoots d’écran itunes.

Tu as été inspiré par le cinéma, je pense…

Oui, beaucoup oui.

Michel Cloup @ L'AntipodeQuand vous avez joué à Vendôme avec Diabologum, Françoise Lebrun est venue avec vous sur scène [NDLR : sur #3, l’un des morceaux reprend un monologue à couper le souffle de Françoise Lebrun dans La Maman et la putain de Jean Eustache]. Tu peux nous parler un peu de ce moment-là ?

Ça a été un moment assez incroyable. C’est elle qui nous a contactés par l’intermédiaire d’un ami commun. Elle savait qu’on rejouait et elle se doutait qu’il n’y aurait sans doute pas beaucoup de concerts derrière. Enfin, elle en avait entendu parler. Et c’est elle qui nous a contactés pour nous dire : « hé, ça m’intéresserait d’essayer quelque chose avec vous ».

Donc, nous on n’y croyait pas trop au début. Et puis, en fait, on s’est contacté et elle est venue la veille du concert. On s’est rencontré. Ça s’est fait très naturellement. On a répété le truc deux fois, sans trop savoir ce qu’on allait faire. On a juste continué à jouer à la fin de la bande son du film. Elle est intervenue. Elle avait préparé une espèce de partie du monologue. On a fait ça et c’était super tout de suite. Le lendemain, on s’est retrouvé sur scène et ça a été vraiment énorme. Après, ça a été une rencontre aussi humainement vraiment énorme. C’est quelqu’un d’assez exceptionnel.

Peut-être que tu l’as déjà fait, je ne sais pas, mais c’est quelque chose que tu aimerais faire, écrire pour le cinéma?

Je fais ça pas mal. Mais ce ne sont pas des projets qui sont très médiatisés.

Je travaille avec une artiste vidéo. On a fait plusieurs films, sur lesquels j’ai même écrit du texte. Là, il y a une espèce de compil’ dvd de ses films qui va sortir, dans lesquels il y a quelques trucs sur lesquels j’ai bossé. C’est une amie toulousaine qui est artiste photographe et vidéaste. On a souvent travaillé ensemble. Là, on va retravailler sur des performances. Elle s’occupe des images et moi je fais du son. On inclut parfois du texte. C’est soit elle qui écrit, soit moi. Ça fait une dizaine d’années qu’on travaille ensemble. On a fait pas mal d’expos, mais vraiment dans un registre plus « art contemporain ». On a fait des résidences ensemble. On a fait pas mal de choses. Elle s’appelle Béatrice Utrilla. On s’est rencontré à l’époque de #3. On lui a piqué une de ses photos (avec son autorisation !) pour faire la pochette de #3. On s’est rencontré à ce moment-là. On est devenu amis et on a commencé à travailler ensemble quelques années après.

2012-04-M_CLOUP-ITW-ALTER1FO 2 (1)Pour finir, après ce concert, d’autres dates ? D’autres projets ?

Beaucoup de concerts jusqu’à cet été. On a pas mal de concerts. On va beaucoup voyager. Des dates en France, en Suisse, en Belgique. Un autre concert à Rome, donc. Une petite pause pendant l’été, parce qu’on n’a pas de dates cet été… Et parce que le projet ne se prête pas vraiment aux festivals d’été…

Un bébé, aussi !

Oui, il y a des enfants à élever. Et puis un peu de repos aussi, parce qu’on n’a pas arrêté depuis la fin de l’année dernière.

On reprend à la rentrée avec des concerts jusqu’à la fin de l’année. Peut-être un peu moins que jusqu’à maintenant, mais quand même quelques dates. On va faire une tournée en Espagne.

Et puis, parallèlement à ça, je suis en train d’écrire des chansons pour un nouvel album. Je ne sais pas trop quand est-ce que cela va sortir. L’année prochaine, probablement. Ça avance. Tranquillement. Là, on en est un peu au débroussaillage. Tranquillement ça va avancer en parallèle à tous ces concerts-là.

Et après d’autres projets personnels… Avec cette artiste, Béatrice, on a des projets de performance. On doit retravailler sur de l’image ensemble.

Il y a aussi un truc que j’avais enregistré il y a quelques années avec Pascal Bouaziz…

De Mendelson

On a enregistré des chansons. Enfin, ce ne sont pas tout à fait des chansons, d’ailleurs. Mais on a enregistré de la musique et du texte ensemble, l’an dernier, et ça devrait enfin sortir là.

2012-04-M_CLOUP-ITW-ALTER1FO 5 (1)Tu avais bossé avec eux sur le deuxième ou troisième album, je ne sais plus…

Oui, j’avais bossé sur Quelque part, le deuxième album. J’avais été sur le mixage, et puis sur la partie de débroussaillage des pistes audio et le mixage de l’album. Pascal, c’est un vieil ami. On était sur Lithium ensemble. On s’entend bien. C’est quelqu’un que j’estime beaucoup en tant qu’artiste déjà. Et puis humainement, c’est vraiment quelqu’un de très très bien. On a travaillé là ensemble l’an dernier pour deux titres, pour un disque qui sort dans un catalogue d’exposition. Mais je pense que les titres seront disponibles gratuitement sur internet. Ça va sortir d’ici peu.

D’autres projets, non, pour l’instant… J’ai un peu coupé toutes les participations et tous les projets que j’avais avant et les précédents groupes. J’ai envie de me concentrer sur mon truc. J’arrête de m’éparpiller un peu.

Merci beaucoup !

Merci à vous.

Prise de son, montage son, photos interview : Caro

Photos concert : Solène

Un grand merci à Michel Cloup qui a accepté de nous répondre longuement à peine une heure avant son entrée sur scène, ainsi qu’à Amélia Michel et l’Antipode qui ont encore rendu tout cela possible. Merci.

Tous nos articles sur le festival Bars en Trans 2012

____________________________

Michel Cloup sera en concert au Mondo Bizarro dans le cadre des Bars en Trans 2012 avec Eugene S. Robinson et l’Enfance Rouge le jeudi 6 décembre à partir de 19h30.

Tarif : 5 euros

Plus d’1fos :

http://www.barsentrans.com/mondo-bizarro/#michelcloup

http://www.michelcloup.com/

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires