Bars en Trans 2012 – double uppercut au Mondo Bizarro

Michel Cloup Duo

On attendait beaucoup de cette soirée, mais on n’avait pas imaginé se prendre une telle branlée musicale : une première soirée Bars en Trans phénoménale au Mondo Bizarro avec Michel Cloup Duo et L’Enfant Rouge & Eugene S. Robinson.

Nous avions eu l’occasion de découvrir Michel Cloup à L’Antipode lors du festival Mythos. Un set solo en l’absence de son ami batteur Patrice Cartier, qui nous avait permis d’apprécier son album Notre Silence. Pour le festival des Bars en Trans, le Mondo Bizarro accueillait le duo, qu’on attendait avec un mélange de curiosité et d’impatience. Michel commence son set, les yeux fermés, en nous expliquant qu’il va nous emmener en voyage. Mais à la différence de son set solo, il ne lui est pas nécessaire de se concentrer pour partir lui aussi en transe. Le duo se suffit à lui-même et commence par le merveilleux Le Cercle Parfait. Dans cet album, Michel Cloup aborde le deuil, la séparation et les relations père-fils, de manière poignante. Tour à tour, sa voix déclame, sussure ou chante, en fonction de l’intensité qu’il souhaite leur donner aux mots. Des mots simples qui sonnent avec une justesse bluffante.

A l’image des paroles, la musique est épurée et sombre : un jeu de batterie ample et quelques notes de guitares mais l’ensemble se fait progressivement plus intense. Sur Cette Colère, tout devient plus rageur : les baguettes claquent sèchement, la voix est plus écorchée et la guitare plus acérée. Le paroxysme est atteint sur L’Enfant, étiré à l’envie, et qui devient carrément noisy au milieu du titre. Une intensité redoutable (Patrice fracasse deux baguettes en quelques secondes) qui ne faiblira plus jusqu’à la fin du set. On sort de ce concert à nouveau k.o., avec le sentiment d’avoir découvert le projet de Michel Cloup sous un nouveau jour. Là où son set solo, déchirant et boulversant, nous avait quelque peu troublé, la version duo met clairement en lumière l’intensité et la profondeur des compositions du toulousain. Première claque de ce festival.

L'Enfance Rouge & Eugene S. Robinson

Le public se fait subitement plus dense pour acueillir l’autre gros morceau de la soirée. Le trio franco-italien L’Enfance Rouge s’installe tranquillement : François R. Cambuzat à la guitare, Jacopo Andreini à la batterie, et Chiara Lochardi, assise sur un caisson (pour cause d’atèle à la cheville) derrière sa basse. Pendant que les musiciens s’installent, au fond de la scène, dos au public, Eugene S. Robinson attend. Bonnet sur la tête, oreilles recouvertent de strap, il commence son combat avec Bogaziçi. Ce premier titre donne le ton du set : on sent tout de suite qu’on va se prendre une dérouillée de première classe. Les titres s’enchainent (Otranto, Cancer) et le trio nous balance un rock-noise sec et nerveux : la basse de Chiara est lourde, la batterie de Jacopo claque sèchement, et à la guitare, François alterne petits riffs et envolées noisy. Ca défouraille dans tous les sens et ça ne laisse personne indifférent.

Mais la présence hors-norme d’Eugene S. Robinson retient avant tout l’attention visuelle. Il balance ses spoken-words enflammés, inspirés de ses inquiétants écrits sur le combat de rue, en associant gestes et paroles. Poings serrés, il assène ses mots comme autant de coups portés, avec un jeu de scène qui vous transporte immédiatement au fond d’une sombre ruelle, spectateur d’un pugilat d’une rare violence. Au fur et à mesure qu’il se bat, le chanteur d’Oxbow se désappe et se resappe plusieurs fois, éructant devant les premiers rangs fascinés par ce personnage possédé. Le guitariste n’est pas en reste et s’avance lui aussi à plusieurs reprises au devant de la scène, regard et manche de guitare menaçants. Une prestation fascinante, dérangeante aussi, mais qui ne nous a pas laissé indemne. Deuxième concert, deuxième claque. Le festival des Bars en Trans démarre sur des bases élevées.

Photos : Solène et Yann



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1 commentaire sur “Bars en Trans 2012 – double uppercut au Mondo Bizarro

  1. David

    Salut Yann et Solène,
    Les photos sont vraiment superbes et le compte-rendu est tout simplement parfait de justesse.
    En complément, j’invite ceux qui ont envie de revoir des images de ce concert à faire un tour sur ma page Youtube, j’ai en effet filmé en intégralité les deux sets et je suis en train de les mettre en ligne. En patientant, ceux qui ne connaissent pas encore les Cesarians pourront regarder le show démentiel d’intensité et de beauté donné par ce groupe la veille à la Bascule, il est en intégralité là aussi.
    En espérant que ça vous plaira…
    http://www.youtube.com/playlist?list=PL5veLk79BHTxhmYmKtgw-22Xx8pnOYO_w
    Et je pense que Mr.B, votre très sympathique collègue, sera d’accord avec moi pour lancer une souscription pour aider Gilles de La Bascule à investir dans au moins deux loupiotes de plus pour éclairer sa sombre caverne 🙂

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