La filière lyonnaise continue de se montrer généreuse en groupes excitants avec la chouette date organisée jeudi 21 janvier au Terminus par l’intraitable association Tendresse & Passion. Nous y avons retrouvé Witxes, projet du Lyonnais Maxime Vavasseur ainsi que le trio rennais 178°, pour une soirée qui a prouvé que vrombissements et diableries sonores n’étaient absolument pas incompatibles avec émotions.
En 2015, il y aura décidément eu trop de beaux concerts dont nous n’aurons pas su trouver le temps de laisser une trace sur notre site. Il y a bien eu des photos mais c’est sans doute trop peu. Dans notre série de bonnes résolutions qu’on ne tiendra sans doute pas, nous avons donc décidé d’essayer de nous fendre d’un report systématique de ce que nous verrons en 2016, quitte à sacrifier notre propension pour la précision et à faire bref. Rendez-vous à la fin de l’année pour voir dans quel état finiront nos bonnes intentions.
Nous avions eu beau rédiger une annonce enthousiaste histoire de vous, et de nous, motiver, nous avions tout de même loupé le concert du trio rennais 178° au Marquis de Sade en novembre 2015. Nous l’avions bien regretté et les échos très positifs sur ce concert avaient encore accentué nos remords. Grâce à Tendresse & Passion, nous n’avons pas eu à nous morfondre bien longtemps. Nous découvrons donc nos trois larrons disposés en vis à vis dans la pénombre écarlate du Terminus. Leurs tables sont bardées de claviers, ordinateurs et autres engins bardés de boutons. Il y a même une mystérieuse boite en bois hérissée de potards et de pinces crocodiles. Premier constat qui nous ravit, la bande n’a pas abandonné en live son goût pour l’éclectisme le plus sauvage. Comme pour les quatre titres écoutables sur leur soundcloud, on passera donc sans retenue d’une folk-pop décharnée, éthérée et cliquetante à une électro vrombissante toute 4/4 dehors, en concluant sur une pop synthétique et lysergique entre Korgis et Animal Collective. Même si ça manque encore un peu d’équilibre et de précision, le tout est étonnamment fluide et digeste. L’autre point qui nous plaît beaucoup, c’est la place prépondérante faite aux voix. Qu’elles soient passées à la moulinette d’effets multiples, vocodérisées à outrance ou juste livrées dans leurs fragilités, les deux voix apportent une touche mélancolique très agréable, qui alliée à l’esprit frondeur des accompagnements, achèvent de rendre le tout extrêmement sympathique. Nous sortons de là ravis d’avoir un nom à ajouter à notre liste des formations rennaises à suivre de près.
Après cette chouette découverte, nous aurons également droit à une belle confirmation. Maxime Vavasseur alias Witxes va nous faire la brillante démonstration que sa musique est aussi passionnante sur disque qu’en live. Elle l’est d’autant plus que le monsieur opère un vrai travail de transmutation lors de son set. D’une ambiant aventureuse et acérée, il passe à un véritable mur de son en empilant savamment les bourdons tout en s’ingéniant à truffer l’édifice de petits éclats sonores. Un travail à mi-chemin entre l’artificier et l’orfèvre. A un moment, on se prend à souhaiter un peu plus de volume sonore pour achever de se laisser embarquer. Sauf que la beauté de la chose vient aussi de la capacité du monsieur à refuser les facilités rythmiques et les démonstrations de gros bras soniques. Surtout que l’aspect physique du set passe autant par les yeux que par les oreilles. Maxime Vavasseur se démène comme un beau diable et virevolte avec une souplesse toute féline d’un bout à l’autre de son bric-à-brac high-tech. Il tangue aussi sur sa guitare ou sur ses claviers avec une ferveur communicative. Une performance très physique donc, qui montera en puissance d’un bout à l’autre.
La soirée fut d’autant plus réussie que le public avait répondu présent. Deux concerts qui confirment aussi la place précieuse et toute particulière qu’occupe le lieu dans la vie musicale rennaise. Merci donc au Terminus et à toutes les assos qui participent à la vivacité d’un lieu aussi singulier que passionnant.