La palme du roman de ce funèbre et glacé mois d’avril revient sans conteste au premier ouvrage d’un jeune auteur Rennais, Léonard Taokao. Sur le fond d’anticipation sociale, l’auteur s’amuse à faire évoluer son personnage principal, Silas dans les tréfonds d’une capitale qu’il redécouvre après 7 années d’absence. Le héro re-découvre, Paname la Belle après une parenthèse forcée où la situation politique a légèrement glissé vers un fascisme capitalisant peu soucieux des classes laborieuses.
En effet quelques années auparavant, les Français lassés de leurs politiques, décidèrent de bouder les élections présidentielles (pestilentielles ?) afin de provoquer la chute du pouvoir en place. Malheureusement comme on peut se l’imaginer, le pouvoir a du mal à renoncer à ces privilèges et un coup d’état plonge le pays dans un sombre chaos loin des désirs de liberté et d’autogestion du petit peuple.
Même si le roman semble terriblement d’actualité, je ne pense pas que Léonard Taokao essaye de nous passer un message. Il joue avec son personnage sans le sou qui alors qu’il tente de quitter à tout prix la capitale, va s’accoquiner avec un groupuscule Anarchiste. Ce petit cercle adepte du bon vieux principe de la « propagande par le fait » est chapeauté (on ne dit pas dirigé chez les « Ni Dieu Ni Maitres »), par Libertad (Albert Libertad : figure de l’anarchisme du début du Xxème siècle) qui va l’entrainer vers la pente glissante du grand banditisme politique.
Le livre bien que noir est bourré d’humour. L’écriture est imagée, dense et regorge de références improbables où l’on passe de Blanqui à Gérard Miller, un fameux humoriste du début du siècle sans sourciller. On ne s’ennuie donc pas une minute en suivant ce pauvre Sillas qui se débat dans un monde qu’il ne reconnaît plus et qui risque de le perdre.
Alors en fin de compte que nous apprend cette politi-fiction ? Qu’il vaut mieux s’acquitter de son devoir d’électeur afin d’éviter un glissement dangereux vers les extrêmes ? Ou bien refuser le jeu des politiques et prendre son destin en main malgré les risques ? C’est au lecteur de répondre à cette question que je ne m’autoriserai pas à soulever car de toute façon comme l’ont affirmé les plus grands philosophes, le sens de l’histoire veut que le lumpen prolétariat, l’ait toujours … dans l’os ….
Liens :
Les éditions « Territoires Temoins »
Le collectif des auteurs Rennais de roman noir