Marre des statistiques covidées ? Marre du masque ? Marre du gel hydro-pas-alcoolique ? Marre des infos ? ça tombe bien, nous aussi ! Pour oublier cet environnement toxique, on vous propose une plongée sans filet dans notre sélection bigarrée de culture en papier sous forme de calendrier de l’avent bibliophile : Des bouqu’1 sous le sapin 4è édition ! Ce 17 décembre, on va se goinfrer de musique et revivre l’un des plus durs moments de l’existence, l’adolescence
Comme les petites madeleines de Proust, Sylvia Hansel, nous offre avec cet excellent Cannonball, un aperçu doux-amer de son adolescence en 50 chansons. L’histoire débute en Aout 1993 lorsque Sylvia découvre la musique avec le Velvet Underground. Elle a alors 12 ans, et le rock va devenir non seulement un style de vie, mais aussi un échappatoire aux affres de son adolescence.
Car, oui, les années qui vont conduire l’enfant à l’adulte, sont rarement un long fleuve tranquille pour reprendre une expression chère à Étienne Chatiliez. On doit faire face aux transformations physiques, au dur labeur à fournir à l’école et surtout à l’affirmation de soi. Il doit se confronter à l’autre qui est au mieux un ami, mais qui se trouve être le plus souvent un rival, un ennemi, voir un prédateur. La problématique familiale n’est pas non plus la plus simple à gérer surtout dans les familles recomposées où les enfants sont trimballés comme des vieilles valises. Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi la musique devient pour certains, un havre de paix et finit même par devenir obsessionnelle pour d’autres, comme Sylvia.
La playlist présentée dans l’ouvrage, n’est pas vraiment à considérer comme un best-of, mais plutôt comme la bande son subjective, des 8 années qui retracent la vie mouvementée de la jeune femme. Les adolescents sont des êtres encore entiers dans leurs sentiments et leurs affections. On va donc trouver énormément (trop ?) de morceaux des Stones, du Velvet et consort et pas mal de musique des sixties en tout genre (presque la moitié des titres)… Avec une mention spéciale pour le West Coast Pop Art Experimental Band injustement boudé par l’historiographie officielle. La musique des Nineties est aussi très présente, avec les Breeders et Cie (nota, le titre du livre), le grunge (Nirvana, Hole, L7) et un peu de pop. Le tout représentant environ 1/3 de la sélection.
Quelques surprises néanmoins apparaissent ici ou là et on se doute qu’elles ont dû soulever des interrogations à propos de leur inclusion par l’auteure. On trouve par exemple Renaud, qui donne l’impression désagréable de s’être fait bouffer par le système. Sylvia Hansel, se demande justement s’il est possible de grandir sans renoncer à ses idéaux ? Le fait de continuer à se poser la question passé 30 ans doit pouvoir répondre de facto à cette interrogation. Plus étonnant, c’est l’inclusion de Noir Désir, alors figure de proue du rock Français et modèle absolu d’intégrité. Mais depuis, il y a eu l’affaire de Vilnius et il est désormais difficile de dissocier Cantat l’artiste, du meurtrier. Enfin, le livre se conclut avec le morceau « Reality » de Rick Saucedo, un vrai inconnu qui nous offre une ballade bancale folko-psychédélique, sortie en pleine vague punk. Une très bonne trouvaille.
En dehors de la musique, le livre fait aussi la part belle aux amours malheureux de Sylvia. Elle nous raconte ses coups de cœur non acceptés, celui partagé mais non consommé, les relations consommées sans amour et aussi malheureusement, la relation non consentie. Ces épisodes sont aussi relatés dans son premier livre, « Noël en février » dont le nom vient d’une chanson de Lou Reed et qui est bien évidemment aussi présente dans le livre.
On peut aussi préciser que Sylvia a fini par jouer de la guitare malgré les difficultés qu’elle décrit pour dompter cet instrument qu’on qualifie souvent de facile. Je suis d’accord avec elle, la maitrise d’une guitare n’est pas innée, c’est le fruit d’un travail laborieux et de longue haleine. Sylvia écrit et joue donc aussi de la musique. Elle a produit, entre autres, 2 albums dont la genèse de quelques chansons peut être trouvée dans ces pages. Sylvia anime aussi un podcast dans lequel vous pourrez trouver certains titres de ce livre qu’elle interprète et qu’elle enregistre dans son salon. Enfin, j’ai ouïe dire qu’il y aurait un troisième album en préparation. Souhaitons lui juste qu’il soit aussi brillant que ce Cannonball.
Le site de Sylvia Hansel : https://sylviahansel.net/
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Cannonball, L’adolescence n’est pas une chanson douce – Sylvia Hansel – Édition Intervalles – ISBN : 978-2-36956-093-7
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