[2021] Des bouqu’1 sous le sap1 #23 The Clash, l’expérience – Maud Berthomier

Marre des statistiques covidées ? Marre du masque ? Marre du gel hydro-pas-alcoolique ? Marre des infos ? ça tombe bien, nous aussi ! Pour oublier cet environnement toxique, on vous propose une plongée sans filet dans notre sélection bigarrée de culture en papier sous forme de calendrier de l’avent bibliophile : Des bouqu’1 sous le sapin 4è édition ! Ce 23 décembre, on va se replonger dans l’histoire haute en couleur du groupe le plus excitant qui a émergé de la première vague punk, The Clash.

Décembre à toujours été le mois de The Clash. Il y a l’anniversaire de Paul Simonon, mister « Guns of Brixton », la sortie de « London Calling » en décembre 1979, suivit de celle de « Sandinista » l’année suivante et malheureusement aussi, la mort de Joe Strummer le 22 décembre. Vous devez vous en douter, mon calendrier de l’avent ressemble à s’y méprendre à une compilation de The Clash. Décembre était donc le moment parfait pour lire le dernier bouquin sur le groupe que j’avais déniché, « The Clash L’expérience » de Maud Berthomier.

Le livre est principalement une compilation d’interviews, un peu comme à la grande époque des Inrockuptibles. Chaque chapitre débute par une introduction de l’auteure suivie d’une longue interview. Puis chaque chapitre se conclut par une chronique de Christophe Conte de l’album correspondant à l’époque évoquée. Parmi les interviewés on trouve, des journalistes (John Ingham, Serge Kaganski), un critique rock (Jim DeRogatis), des musiciens, Joe Talbot des Idles, Robert Del Naja de Massive Attack et F. J. Ossang (MKB Fraction Provisoire) et enfin le photographe Richard Schroeder qui raconte un épisode vraiment surprenant et inédit de la vie de Joe Strummer, sa disparition au printemps 82 qui allait mener au renvoi du batteur, Topper Headon.

La lecture de ces interviews reste un très bon moment, et fait honneur aux raisons qui font que The Clash est si particulier dans l’histoire de la musique. Il y a habituellement deux courants dans la musique. Ceux qui suivent une voie simple, récréative comme les Ramones et ceux qui font une musique élaborée, compliquée, voire intellectuelle avec des messages qui vont stimuler la réflexion. The Clash se situe à mi chemin entre les 2 approches et leur évolution, en absorbant et synthétisant toute la musique qui les entourait (reggae, soul, folk, rap, funk, etc ..) leur a permis de sortir du carcan étriqué du punk-rock, sans renoncer aux idéaux qui forgeaient profondément leur identité.

Une autre caractéristique du groupe est sa naïve sincérité. Celle qui pousse à toujours se donner à fond transformant les concerts en expériences uniques, celle qui fait entrer les fans dans les loges se rendant accessibles, bien loin de l’image des vieux dinosaures cocaïnés. Les Clash étaient aussi porteurs d’un message sain d’espoir, même s’ils n’étaient pas dupes de la réalité politique, anticipant la chute du bloc soviétique et vomissant le libéralisme de Thatcher qui allait bientôt assombrir d’une chape de plomb le Royaume-Uni. Ils savaient que le combat (rock?) était perdu d’avance comme l’indiquait déjà en 1979 leur reprise du prophétique « I Fought The Law » des Crickets. Ils étaient comme ces résistants Texans de Fort Alamo, luttant même s’ils savaient que l’issue funeste était écrite d’avance.

Il y a aussi toujours eu une volonté visuelle de marquer leurs contemporains et leur époque, s’imaginant en guérilleros urbains et se réinventant perpétuellement. Le livre avec ses nombreuses illustrations fait aussi la part belle au choc visuel que The Clash entretenait via Paul Simonon, le plus immergé dans les arts plastiques. Du look Pollock à celui post Apocalypse Now avec les treillis de type « Tiger Stripe Cameo » en passant par les costumes mafioso de London Calling, il y a toujours eu une volonté farouche de se démarquer, jouant sur la dichotomie qu’un pot de gomina est peut-être aussi important qu’un tract politique. La vérité se situe sans doute entre ces 2 horizons ? Il est plus facile d’être entendu lorsque l’on parle de chômage ou du fascisme si on a le col de sa chemise relevé et que le groupe joue à un rythme d’enfer comme si sa vie en dépendait.

Joe Strummer nous a quittés, il y a 19 ans, durant la nuit du 22 au 23 décembre. Depuis, on a appris à vivre sans lui, et ce livre lui rend très justement hommage et je suis sûr qu’il l’aurait adoré.

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The Clash, L’expérience – Maud Berthomier, Christophe Conte – Édition Gm – ISBN : 2377971555
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