[2021] Des bouqu’1 sous le sap1 #24 : Le merle d’Arthur Keelt

Marre des statistiques covidées ? Marre du masque ? Marre du gel hydro-pas-alcoolique ? Marre des infos ? ça tombe bien, nous aussi ! Pour oublier cet environnement toxique, on vous propose une plongée sans filet dans notre sélection bigarrée de culture en papier sous forme de calendrier de l’avent bibliophile : Des bouqu’1 sous le sapin 4è édition ! On a démarré cette sélection 2021 par un corbeau, on la termine par un merle, celui du merveilleux et unique livre d’Arthur Keelt.

Pour conclure cet éclectique collection, nous avons redescendu de nos étagères un des livres pour lesquels nous avons une tendresse toute particulière. Ce petit livre de 169 pages fait partie des rares ouvrages vers lesquels nous revenons pour le relire encore et encore, de temps en temps, quand le besoin s’en fait sentir. Le merle est le seul et unique livre d‘Arthur Keelt mais pas le seul de son soi-disant traducteur Jean-Bernard Pouy. Keelt, professeur de philosophie et de linguistique autrichien et bouddhiste atypique n’a en effet jamais existé ailleurs que dans l’imaginaire fertile de Pouy. Ce canular élaboré au fil de l’œuvre de Pouy n’enlève rien à la force et au bonheur de lire ce singulier récit. On y retrouve notre fictionnel Arthur Keelt, ermite volontaire au milieu des montagnes de Styrie après avoir vécu les horreurs de la seconde guerre mondiale. Il reçoit l’étrange et impérieuse visite de trois des « maîtres du monde ». Le puissant trio le somme de résoudre une énigme laissée par une mystérieuse puissance extraterrestre. Nos visiteurs ont en effet laissé derrière eux deux messages : une inscription assez limpide (Vous êtes décidément trop nuls, néfastes et dangereux. On repart prendre du matériel et on revient vous péter la gueule.) et un merle dans une cage. C’est la signification de la présence de ce volatil que Keelt l’érudit et le linguiste va devoir éclaircir malgré le peu d’estime qu’il a pour les autorités lui ayant rendu visite.
Dans ce récit hautement digressif et malicieusement philosophique, l’auteur/héros divague, tergiverse, fait du vélo, perd et retrouve l’envie du contact humain. On y cause littérature, pâté, ornithologie et amour, évidemment, des adverbes et, Ô saisons, ô châteaux, des métaphores. On y rappelle aussi quelques vérités essentielles qu’il est bon d’avoir en tête dans un calendrier de l’avent bibliophile : « Lire est une expérience traumatisante… [le lecteur] fait un travail énorme. C’est pourquoi il ne faut pas dire, il ne faut jamais dire, que c’est facile de lire. C’est terrible, c’est difficile. A force, ça semble simple, mais ce n’est jamais, en tout cas, innocent. » Il est par contre bien facile de se laisser berner et de croire, dur comme fer, au merle et à Arthur Keelt.

Le merle d‘Arthur Keelt
« traduit » par Jean Bernard Pouy en 2002 chez l’Atalante
169 pages – 12,90 €
ISBN 9782841727490

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