[2021] Des bouqu’1 sous le sap1 #9 Édith Julie, Jeanne – Marion Chemin

Marre des statistiques covidées ? Marre du masque ? Marre du gel hydro-pas-alcoolique ? Marre des infos ? ça tombe bien, nous aussi ! Pour oublier cet environnement toxique, on vous propose une plongée sans filet dans notre sélection bigarrée de culture en papier sous forme de calendrier de l’avent bibliophile : Des bouqu’1 sous le sapin 4è édition ! En ce 9 décembre, on va découvrir un superbe petit bouquin d’une nouvelle maison d’édition, « L’Aure Écarlate » qui compile la crème de la crème (d’Isigny?) des plus noires nouvelles de la talentueuse Marion Chemin.

Il n’est pas très fréquent de découvrir une nouvelle maison d’édition et encore moins de voir que la collection s’appelle « 101ERS » du nom du premier groupe de feu Joe Strummer. Le fait que Marion Chemin soit née le même jour que le premier album de The Clash ne doit pas être qu’une simple coïncidence. On sait a priori qu’on a affaire à des gens de goût. La couverture aussi est superbe avec trois portraits épurés de femmes répondant aux trois prénoms féminins du titre. Enfin le Logo « 101ERS » est réalisé avec un lettrage Dadaiste, très Pistolien qui amusera sûrement l’érudit punk qui sommeille en vous.

C’est toujours un peu difficile de chroniquer des nouvelles. Ça va vite, ça cible l’essentiel et si on en dit trop on en dévoile aussi trop. Il faut donc trouver les points communs, le fil directeur de cet assemblage. Ici, de prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit d’un recueil sur les femmes, mais ce n’est pas le cas. Sur les 15 nouvelles présentes, si on croise bien, une Édith, l’algérienne qui est une vraie Parisienne, une Julie adepte de la cuisine moderne et une Jeanne qui s’amourache un peu facilement des beaux bruns ténébreux, 2 nouvelles entières sont consacrées au sexe dit fort. L’un est un fin de race, comme on dit dans les grandes familles et l’autre un orphelin assez dégourdi qui va trouver son salut dans les lieux de culte. Bizarrement les nouvelles masculines sont aussi les plus légères, voir les plus optimistes de l’ouvrage.

Car les héroïnes de Marion Chemin, ne sont pas des petites choses. Elles en ont sous le capot. Et chacune doit se débattre avec ses propres armes contre une société qui broie sans pitié le petit peuple d’autant plus celui-ci est une femme. On y côtoie donc, des mères, des amantes, des psychopathes, des connes, des putains, des copines et même des mortes. Inutile que je vous fasse un résumé qui ne serait qu’à des années lumières de l’éblouissement que procure l’écriture de Marion Chemin. Toutefois, si je devais jouer au terrible, « Et s’il ne devait en rester qu’une », je choisirais sans doute, celle à trois voix des « Jeunes Cons » qui tire son nom d’une chanson de la Souris Déglinguée. Ici la noirceur de la nouvelle n’est contrecarrée que par l’humour noir que Marion Chemin distille tout au long du récit. Et frémir d’effroi et rire en même temps est bien la caractéristique certaine et définitive d’un grand talent.

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Édith, Julie, Jeanne et quelques nouvelles noires – Marion Chemin – Editions L’Aure Ecarlate – ISBN : 9782955805121
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