[Urbanisme] : Quand y en a Plui, y en a encore…

Retour sur le bilan de la concertation préalable du public à la première modification du Plan Local d’Urbanisme intercommunal.

Le PLUi (Plan Local d’Urbanisme intercommunal) résonne comme un mot barbare. Incontournable, il définit cependant le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) des 43 communes de la Métropole rennaise à l’horizon 2035. Depuis son approbation le 19 décembre 2019, il a fait l’objet de deux modifications simplifiées et de quatre mises à jour des annexes. Eh oui, le PLUi est un document vivant

L’année dernière, alors que la France subissait encore un couvre-feu sanitaire et voyait ses terrasses de cafés rouvrir petit à petit, une procédure de modification générale, dite modification « de droit commun », a été engagée par une phase de concertation préalable du public. Cette étape de travail permet à l’ensemble des habitant·e·s de s’informer, et de consigner leurs observations et questions. Par contre, ni les fondamentaux du PLUi de 2019, ni les orientations du projet global ne peuvent être modifiés. La liberté d’action est donc limitée.

La concertation, organisée par Rennes Métropole, s’est déroulée du 5 mai 2021 au 15 octobre 2021 inclus. Aujourd’hui, le bilan est rendu public, téléchargeable depuis le site de Rennes Métropole. On l’a lu en diagonale avec intérêt et pioché quelques informations qui nous semblaient pertinentes.

Martine consulte le PLUi

Bilan quantitatif : « ce n’est pas un échec disons que ça n’a pas marché »

Pendant 5 mois et 10 jours, avec une large campagne de communication (43 articles publiés dans les bulletins communaux et métropolitains, des messages postés sur les réseaux sociaux de la métropole qui compte 77 600 abonné·e·s sur Twitter, 52 000 sur Facebook, 31 859 personnes se sont connectées sur la plateforme dédiée. À l’échelle d’un territoire qui regroupe approximativement 340 000 habitant·e·s de plus de 20 ans, cela semble peu (9.5 % de la population métropolitaine de plus de 20 ans). De plus, la métropole n’a réceptionné que 650 contributions uniques. Le chiffre pourrait même être surestimé car ses services précisent que « certaines contributions concernant plusieurs projets et/ou plusieurs thématiques ont été décomposées en plusieurs contributions. Ainsi les quantités cumulées figurant dans les statistiques du document peuvent dépasser le nombre total de contributions. »

Le PLUi peut impacter la vie quotidienne de tous et toutes, mais le sujet souvent trop technique et mal vulgarisé semble rebuter le public (nous les premiers !, NDLR). La métropole l’a d’ailleurs appris à ses dépens puisque 60 personnes seulement se sont connectées à la visioconférence qu’elle organisait sur le sujet (soit 0.02 % de la population métropolitaine de plus de 20 ans, NDLR). Pourtant, « sensibiliser la population et les usagers aux enjeux du territoire » était un objectif attendu de cette concertation préalable du public (validé le 1er avril 2021 par la décision du bureau de Rennes Métropole, NDLR). Sans exigences précises et mesurables, il est difficile de tirer des conclusions. Disons que ce n’est pas un échec, mais que ça n’a pas marché.

Dernier point : 10 communes ont organisé des actions spécifiques sur leur propre territoire. Elles ont rassemblé près de 450 participant·e·s. Au vu des chiffres précédents, il est intéressant d’observer que plus les initiatives se font au plus près des citoyen·ne·s, à l’échelle d’une ville par exemple, et non pas de la métropole, plus ces dernier·e·s se sentent concerné·e·s.

Bilan thématique : « Non à l’étalement urbain, Non aux tours ! »

Près de la moitié des contributions portent essentiellement sur deux thématiques que sont la consommation d’espace (27 % des contributions) et le renouvellement urbain et la densification (19 %).

2_M1_Concertation_Bilan_0.pdf

Ainsi, de très nombreuses remarques sont favorables à la limitation de la consommation de l’espace, et au contraire très critiques devant certains projets d’ouverture à l’urbanisation. Deux parfaites illustrations de cette tendance seraient l’abandon du projet Open Sky qui devait transformé 9 hectares en un gargantuesque centre commercial, et l’avis négatif rendu par l’enquête publique en septembre dernier contre le projet de création de zone d’activités économiques voulu par Rennes métropole visant à supprimer 36 hectares de terres agricoles au profit d’entrepôts industriels de plateforme logistique.

Open Sky –

Dans le même temps, la crainte des habitant·e·s s’exprime fortement face à des projets de construction de nouveaux logements dans les parties déjà urbanisées. Ainsi, des oppositions à la densification des tissus déjà urbanisés sont clairement prégnantes. Précisément, une trentaine de contributions évoquent « un étouffement de la ville » par les nouvelles constructions et leurs hauteurs, une ville qui n’est plus à taille humaine. Les discours dénoncent aussi la position de force des promoteurs et le manque de communication sur les projets.

Ici encore, pas de surprise. Cela fait une décennie que la question d’accueillir de nouveaux et nouvelles habitant·e·s, tout en préservant une qualité de vie et en limitant l’étalement urbain fait l’objet de débats âpres et houleux. Rien qu’à Rennes, on dénombre plus d’une dizaine de collectifs, tous regroupés en un giga super-collectif R-Math (pour Rennes Métropole à Taille Humaine, NDLR) qui s’opposent à la « bétonisation à outrance ». On imagine aisément que, parmi les 650 contributions, quelques-unes proviennent directement de leurs membres. Ils ou elles auraient eu tort de s’en priver. Mais comme vu en introduction, le périmètre d’une concertation préalable du public étant extrêmement limité, ces contributions ne pourront pas faire l’objet d’ajustements dans la présente modification du PLUi puisque cela reviendrait à remettre en cause les orientations du projet global.


[ALTER1F0] → À la Poterie, trois petits tours et puis revient… le passage en force de la municipalité !
Ces Rennais qui disent non aux tours prévues dans le PLU (France3)


Martine ne comprendre rien au PLUi (elle n’est pas la seule)

Dans le détail, les futurs projets qui ont recueilli le plus d’expressions défavorables sont (liste non exhaustive) :

  • Le projet Écotone, au sud du parc des Gayeulles (immeuble de quinze étages entre le boulevard Raymond-Poincaré et boulevard de Vitré). Les contributions contestent la hauteur du projet tour signal qu’elles perçoivent comme un risque pour la qualité de vie du secteur et des habitations environnantes.
  • L’aménagement autour de la rue Adolphe Leray et rue de Riaval qui prévoit de supprimer des maisons individuelles au profit d’immeubles. Le projet ciblé est vécu comme « une destruction de leur quartier ».
  • La pérennisation du MeM. Certains riverain·e·s s de la route de Sainte-Foix s’opposent à son maintien à cause des nuisances sonores générées par cette activité culturelle. Sachant que la guinguette bénéficiait déjà d’un tarif préférentiel réservé aux associations, la municipalité  a-t-elle une nouvelle fois fait preuve de négligence (pour le dire gentiment) ? On rappelle que la salle de la Cité a cessé toute organisation de concerts amplifiés en soirée suite à de nombreuses plaintes du voisinage. Bénéficiant d’une autorisation temporaire d’occupation du domaine public classé en zone naturelle jusqu’au 31 décembre 2022, son éventuel déménagement à l’Est du parking de la Piverdière n’est donc pas le scoop de l’année même si les récriminations du PLUi vont sans doute faire accélérer les choses.
  • La zone d’activités de la Touche Aury (ZAE). Le projet prévoit de transformer 35 hectares de terres classées nature et agricole, en bordure extérieure de la rocade de Rennes, au nord de Chantepie, en zone d’activité. En septembre dernier, la ZAE a reçu un avis défavorable à l’issue de l’enquête publique. La grande majorité des contributions produites sur ce sujet font état d’une opposition sur le principe même d’urbaniser 35 hectares de terres agricoles au détriment de la ceinture verte rennaise. La consommation d’espaces y est jugée inutile, destructrice de terres productives et source d’une dégradation du cadre de vie des riverains pour lesquels la Petite Touche Aury joue le rôle d’espace de détente, de loisir et de respiration.
  • L’évolution du Domaine de Tizé, à Thorigné-Fouillard. Des oppositions au principe de réalisation de logements sur ce secteur se sont exprimées, avec une demande de maintien des espaces verts. Plusieurs contributions font état d’inquiétudes concernant les nuisances supplémentaires induites par le projet (bruit, circulation), le conflit potentiel avec le projet de voie verte, ou encore l’incompatibilité du projet avec l’environnement. Il est par ailleurs fait état d’engagements pris par la commune de Thorigné-Fouillard et Rennes Métropole pour ne pas urbaniser le secteur.
Les contributions sur les sujets dans les communes

Ben alors, et demain ?

Pendant un mois, le public pourra consulter et donner son avis au cours du 1er trimestre 2022 sur les modifications des pièces du PLUi qui seront proposées. Une commission d’enquête établira un rapport et donnera son avis sur les observations formulées par le public.

To be continued…

Consulter la décision du bureaule bilan de la consultation préalable et son annexe

 

PLU 2019 : Un quartier affiche son inquiétude sur les murs des maisons !

[24 Novembre 2019] – Un jour, une photo : « Laisse béton »

 

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