Chaque année, à la découverte de la luxuriante programmation de nos chères Trans Musicales, je suis assailli d’un double sentiment. D’abord la cuisante humiliation de ne reconnaître qu’une malheureuse poignée d’artistes dans le lot, alors que je me targue vaguement de m’intéresser à ce qui se passe musicalement de nos jours. Ensuite, arrive heureusement la délicieuse sensation d’euphorie déclenchée par la perspective de découvrir ce que nous réserve tout ce joyeux foutoir.

En attendant, et c’est humain, je m’accroche aux fragiles bouées que sont les quelques disques que j’avais déjà écoutés. Je vous entretiendrais donc d’un de mes disques favoris de l’année et dont, youpi youkaïdi, l’auteur est programmé samedi 11 décembre au hall 4 du parc expo.

Il s’agit de Sumach Ecks alias Gonjasufi, singulier californien exilé à Las vegas, dont le parcours passe allégrement du métier de pompiste pour avion aux cours de Yoga en passant par le rap embrumé des Masters of the Universe. Sur son chemin, il va croiser l’épatant Steven Ellison plus connu sous le pseudonyme de Flying Lotus. Ce prolifique expérimentateur, dont le formidable Cosmogramma est un autre de mes disques de l’année, le poussera à signer sur le prestigieux label Warp. Ensemble et avec l’aide de Gaslamp Killer et Mainframe, ils vont enregistrer et produire dans la douleur : A sufi a killer, disque génialement foutraque, sorti en mars 2010.

A l’image des longs trips mystiques dans le désert que notre zigue affectionne, cet album est un sacré voyage. Chacun des 19 titres est une aventure, passant du hip hop rocailleux au rock garage ou à l’electro zarbi sans aucun complexe. Le plus surprenant est que le tout est rendu étonnamment homogène, d’abord par une production abrasive mais précise et riche, mais surtout par la voix singulière, éraillée et suave de notre Gourou Hip Hop.

Un disque dingue, bordélique, dépenaillé, moqueur, hargneux et étrangement tendre qui risque bien de hanter vos platines longtemps si vous aimez les ballades mystiques dans un labyrinthe musical aux contours indécis.

Il ne nous reste plus qu’à découvrir la bête sur scène. Les échos glanés sur la toile sont plutôt flatteurs et c’est d’ores et déjà un des mes immanquables de ces Trans.

Parc Exposition : Hall 4, samedi 11 décembre de 02h30 à 03h15

Cerise sur le gâteau, l’un des producteurs du bijou sera aussi présent à Rennes (logique il participe au live de Gonjasufi). Ce sera un peu plus tôt dans le grand hall. Ce n’est, hélas, pas Flying Lotus mais Gaslamp Killer. Le gars est aussi plein de promesses et m’a bien l’air tout à fait aussi allumé que son collègue. Le très chevelu William Benjamin Bensussen est un DJ de Los Angeles qui a sorti une belle pelletée de disque sur Brainfeeder, le label de Flying Lotus, tiens donc.
Ce que j’ai pu écouté de ces productions est de l’électro bien barrée comme j’aime, aux influences variées et parfois surprenantes. Comme le gars à l’air tout aussi frappadingue sur scène, ça risque bien de chauffer dur et fou dans notre cher gros hangar.

Parc Exposition : Hall 9, samedi 11 décembre de 23h45 à 00h45

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