Pas de répit pour nos débuts de semaine. Après Tendresse & Passion et l’ATM, c’est au tour de l’impeccable et local label Kerviniou Recordz de nous décocher une soirée indispensable le lundi 29 mai au Bar’Hic. Au programme de cette épatante soirée : les synthés cinématographiques de Black Regent, le noise-rock éruptif de Tombouctou et surtout le retour des essentiels Total Victory. Attention, ce sera peut-être l’ultime occasion de se laisser emporter par la furieuse maestria du quintet de Manchester !

Les trois prestations incandescentes généreusement livrées par les mancuniens de Total Victory au Bar’Hic en 2013 et 2014 et au Jardin Moderne en 2016 trônent fièrement tout en haut de nos plus beaux souvenirs scéniques.

Nous avions découvert ces cinq anglais en 2011 avec leur premier album The Pyramids of Privilege. Avec ce disque, le quintet faisait déjà preuve d’un sens de la composition largement au dessus du lot, qui le mettait d’emblée dans les groupes à suivre de très près. La confirmation viendra fin 2012, avec National Service, une seconde salve de 9 chansons toutes aussi dévastatrices les unes que les autres. Ils y affûtaient leur formule pour parvenir à une quintessence post-punk élégante et accrocheuse en diable. De la tétanisante ouverture Churchbuilder, en passant par l’implacable Reverse Formation, ou encore le renversant What The Body Wants The Body Gets, les gars nous faisaient une démonstration époustouflante de concision et d’efficacité. Leur alchimie est bouleversante de simplicité : des rifs entêtants, une rythmique diabolique, et au dessus de ça une des plus belles voix qu’on ait entendue depuis longtemps. Blindez le tout par une élégance sombre de paroles corrosives et vous obteniez un des disques les plus brillants de 2012.

Depuis, l’album est sorti physiquement chez Kerviniou Recordz et il fait partie des disques totalement indispensables à votre discothèque. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à le penser puisqu’il a rapidement été épuisé. Heureusement, les bienveillants labels responsables de cette merveille viennent tout juste de le rééditer. Si jamais vous l’aviez loupé, on ne peut que hautement vous conseiller de ne pas renouveler cette erreur. Depuis ce coup de maître, les Total Victory nous ont livré régulièrement de leurs nouvelles. Un  live et deux EP, tous excellents, nous ont ainsi permis de ronger notre frein jusqu’au très attendu album suivant.

Il s’appelle English Martyrs. Il sort le 4 juin 2017 grâce aux efforts conjoint de Specific Recordings et Kerviniou Recordz et c’est un disque bouleversant pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il y a de fortes chances que ce soit l’ultime disque du groupe. La formation a en effet décidé de se mettre en pause à durée indéterminée, après ce dernier disque et cette dernière tournée. Ensuite parce que si le disque montre qu’ils n’ont rien perdu de leur précision mélodique, il met (un peu) la pédale douce sur les vertiges des rythmiques post-punk pour livrer des compositions d’une sensibilité écorchée. Un disque d’une grande forme émotionnelle donc, qui se paye le luxe de monter en puissance jusqu’à un dernier morceau qui vous foudroie en plein cœur.  Le mélange de cette sensibilité, de la puissance scénique du groupe et de leur plus que probable volonté de partir dans un ultime coup d’éclat devrait nous valoir un moment qui reste bien d’être rien de moins qu’anthologique.
Que les choses soient claires, soit vous les avez déjà vus et vous savez qu’il ne faudra louper cette ultime occasion sous aucun prétexte, soit vous n’avez pas encore eu la chance de voir ce groupe en live et ne loupez sous aucun prétexte cette dernière occasion de vous prendre une torgnole dont vous ne soupçonnez même pas l’amplitude.

Pour en savoir un peu plus sur la bande, vous pouvez également voir ou revoir  l’interview vidéo que nous avions réalisée avec l’aide précieuse d’Apollo’s Mouse.

Nous sommes également très heureux d’avoir enfin l’occasion de découvrir en live le trio lyonnais Tombouctou. Attiré par la présence au sein du groupe d’un des artificiers-guitaristes de Torticoli (mais aussi Cougar Discipline), nous avions prêté une oreille attentive aux morceaux de la bande et nous n’avions pas été déçu. D’un magma de riffs déchirants lacérants des rythmiques dégingandées jailli une voix féminine assez sidérante. Entre hurlements possédés et candeur suspecte, la demoiselle surnage et tangue au milieu d’un ouragan de larsens et des rythmes passées à la moulinette avec grâce et fureur. Ils viennent tout juste de sortir le brillant et incandescent Ceiling Coast et c’est peu dire que l’on bout d’impatience d’avoir l’occasion de se prendre ça à plein volume et à bout portant.

Histoire d’achever d’avoir la classe, la soirée accueillera également le duo rennais The Black Regent. Ce groupe des Disques Anonymes (Le Comte, Hørd, Pastoral Division…) pratique une electro sombre, épique et cinématographique dans laquelle ils n’hésitent pas à brasser les imaginaires. Dans leur disque Terrorvision de 2013, ils imaginent ainsi projeter l’antiquité ou le Moyen Age dans le futur, avec un personnage de Roi noir, tout droit sorti d’un imaginaire d’heroïc fantasy. Attendez-vous donc à voyager loin sans oublier bien sûr d’onduler consciencieusement du bassin.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire l’interview du groupe réalisée par nos soins.

Lundi 29 mai 2017 – Bar’Hic, place des Lices, Rennes – 20h30 – 6 €
Pas de réservations, donc venez à l’heure ou mordez-vous en les oreilles !