Carte Blanche était donnée à Syd Matters, le quintette emmené par le songwriter Jonathan Morali pour cette nouvelle édition des Tombées de la Nuit. Carte blanche que nous n’aurions ratée sous aucun prétexte tant leur concert à l’Antipode en octobre nous avait enthousiasmé. Et le public rennais avait visiblement adopté la même position que nous, cette soirée affichant complet depuis plusieurs jours !
Un lieu atypique
Il faut dire que le lieu valait aussi le déplacement. Toujours surprenant de se rendre à l’Opéra pour assister à un concert de pop folk électro ! Nul besoin de dire haut et fort que le lieu est toujours aussi beau.
Salle comble. Le rideau rouge de fond de scène se ferme et la pénombre se fait. Une douce lumière bleutée tombe sur cette scène envahie par une multitude d’instruments. Syd Matters fait son entrée : le quintette s’est enrichi de deux choristes et un batteur-percussionniste. Les premières notes de River Sister s’égrènent et là, stupeur : la voix de Jonathan Morali est vibrante et nous atteint pleinement. L’Opéra nous offre une acoustique parfaite pour apprécier ce concert.
La configuration musicale permet une superbe réorchestration de Wolfmother. Sur Hi Life, la voix claire, limpide du songwriter nous donne des frissons. Incroyable acoustique des lieux qui donne toute latitude à la voix et amplitude aux instruments !
Entre sérénité mélancolique et montée en puissance…
Le public, confortablement assis dans ces fauteuils en velours rouge, dodeline de la tête à défaut de pouvoir osciller gentiment sur ses pieds… A chaque chanson, les applaudissements sont nourris et enthousiasmants. Sur Watcher, titre de l’album Someday we will foresee obstacles de 2005, seules la voix et la guitare s’élèvent sur le refrain et prennent du coup une consonance particulière.
Jonathan Morali prend la parole pour présenter le groupe et remercier vivement les Tombées de la Nuit, la Ville de Rennes et l’Opéra. Petit moment d’humour avec Olivier Marguerit qui vient au secours du songwriter ne sachant plus qui remercier ; Olivier propose de remercier sa mère. Rires dans le public et sur scène. Et Jonathan de conclure : « Quand je pense que c’est la seule chose que l’on va dire pendant le concert… ».
L’éclairage permet aussi d’apporter une ambiance très particulière : sur To all of you, les rideaux rouges sont éclairés sur toute leur longueur et nous plongent irrémédiablement dans cette ambiance grandiose du théâtre à l’italienne…
Les chansons et les albums s’enchaînent avec cette caractéristique propre au groupe : des montées en puissance très fortes et très énergiques, renforcées ici par la présence des deux choristes et du batteur. Certains morceaux prennent une sonorité très rock, comme Bones de l’album A whisper and a sigh de 2003 où l’on assiste à un bel échange de guitares. Les parties instrumentales prennent vraiment aux tripes. Et les décibels font trembler, pour notre plus grand plaisir, les tentures rouges de la scène de l’Opéra. Une très belle montée en puissance sur ce morceau. Qui s’arrête d’un coup net. Et fait place à des applaudissements longs et nourris du public.
Et hop, on bascule dans l’acoustique. Jonathan est seul en scène et nous chante presque une berceuse avec Big Moon de l’album Ghost Days sorti en 2008.
Retour du quintette pour My Lover’s on the Pier. Rejoints à nouveau par les choristes et le batteur pour Hadrian’s Wall dans une très chouette interprétation rythmée et colorée. Puis Jonathan Morali demande au public de se lever et on enchaîne avec Halcalcsillag. Voilà qui nous permet de nous déhancher un peu et d’être un peu plus encore en accord avec le groupe.
Le public reste debout pour Lost dont l’interprétation me donnera des frissons. Sur Rest, le public, qui s’est rassis, se fait gentiment rabroué par Jonathan. Anytime Now est enchaîné en fondu avec Obstacles où la flûte traversière fait son apparition. Jonathan saisit le micro à la fin de la chanson : « Merci beaucoup. Bonsoir ». D’un seul homme, le public se lève et applaudit chaleureusement.
Un final en partage
Nous gagnons un rappel. Le public applaudit tellement que les huit musiciens ne peuvent commencer tout de suite à jouer alors qu’ils sont prêts sur scène. En quasi communion, le public bat le rythme pour I might float. très très beau moment sur cette chanson magnifique.
Suivront deux autres chansons dont Everything Else où le quintette jouera seul. Très belle montée en puissance sur le morceau final où les dernières notes s’égrèneront dans le noir… Apothéose musicale. Le public est charmé et ne mâche pas ses efforts pour applaudir. Remerciements de Jonathan Morali qui nous invite à venir les voir pour leur session acoustique mercredi au Cloître St Melaine. « Ce sera différent » nous glisse-t-il… Le message n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd…
Très beau concert donc dans un lieu exceptionnel à l’acoustique parfaite. L’Opéra, nouvelle salle de musiques actuelles rennaise ? on voudrait y croire…
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Pratique – les voir ou les revoir ?
Mercredi 06 juillet
18h30
Cloître St Melaine
Gratuit