On vit une époque extraordinaire, enfin pas tous les jours non plus, soyons raisonnables. Depuis quelques mois, la presse spécialisée se passionne pour l’œuvre enfin disponible de Sixto Rodriguez. Cet illustre inconnu aurait accouché de deux chefs-d’œuvre post-sixties qui auraient fini trop rapidement aux oubliettes.
Une époque bénie je vous assure. En effet depuis quelques jours la programmation des Transmusicales de Rennes vient de tomber, et je vous le donne en mille …. Bingo !! Sixto Rodrigez le Chicano anachronique de Detroit … la ville la plus « Heavy » de l’ouest ! Voila une bonne occasion de nous pencher enfin, sur l’œuvre de Sixto Rodriguez.
Le travail d’historien ayant déjà été effectué par d’autres, la tache de votre serviteur sera grandement facilité par sa dextérité à manier l’outil informatique ….. une époque formidable … vraiment !
Je disais donc, que le Sieur Sixto, avait sorti 2 albums chez Sussex, un obscur sous-label de « Buddha Records ». Les deux albums sortirent dans l’indifférence la plus totale et disparurent assez rapidement du circuit. Pendant toutes ses années, la flamme fut tout juste entretenue par quelques doux dingues vivant la tête en bas (Afrique du Sud, Australie, Nouvelle Zélande). Puis en début d’année, le label « Light In The Attic » décide enfin de rééditer les deux albums pour notre plus grand plaisir.
Le premier, « Cold Fact » est malheureusement desservi par sa pochette hideuse … qui rappelle .. Urgg .. Radiohead. Le contenu est par contre à la hauteur des espoirs. Sixto Rodriguez pratique un Folk-rock Hip parfaitement calé et superbement produit. L’orchestration discrète et une jolie basse bien mise en avant apporte à l’ensemble une agréable touche Pop. Ce qui frappe aussi c’est l’influence de Bob Dylan. Sixto partage avec lui, ce phrasé typiquement hautain que l’on trouve sur « Highway 61 Revisited« . Une chanson comme « Crucify Your Mind » s’inscrit dans cette lignée. De temps en temps on y croise une ligne de guitare Fuzz qui apporte une légère couleur Psyché, mais attention, nous sommes loin des brutalités de la musique de Detroit de l’époque : MC5, Stooges, Alice Cooper, The Amboy Dukes, The Bob Seger Band, Grand Funk Railroad, etc.
A noter que Detroit est aussi la patrie d’un autre Chicaco mythique, le Question Mark, de « Question Mark et ses Mysterians » qui fut n°1 en 1966 avec le faux larmoyant « 96 Tears », un immense classique du rock-garage.
Le deuxième album nous montre un Sixto détendu sur le parvis de sa maison. Celui ci enregistré aux mythiques studios d’Abbey Road (Beatles !) de Londres est malheureusement un cran sous le précédent. Si le premier album était sous l’aile de Dylan, celui ci serait plutôt dans celle de Nick Drake. Peut être se sont-ils d’ailleurs rencontrés ? L’album est de bonne facture et même s’il n’atteint pas les sommets de « Cold Fact », on y croise de stupéfiantes perles comme ce « Heikki’s Suburbia Bus Tour » apocalyptique.
Alors, Sixto Rodriguez est il le nouveau génie sixties que nous attendions ? L’écoute de « Cold Fact » est suffisamment convaincante pour le mettre dans le haut du panier sixties. Pourtant si on le met en perspective avec d’autres albums de l’époque, il est moins évident de crier au génie. L’album sort en 1970 et l’âge d’or de Dylan est loin. On le compare aussi au « Forever Changes » de Love paru 4 ans plus tôt qui est autrement plus ambitieux. En 1970, la musique est devenue plus lourde. C’est l’âge d’or de « Led Zeppelin« , des groupes Heavy, et du « Fun House » des Stooges. Alors quand « Cold Fact » sort, la roue a déjà tourné. Les idéaux hippies sont en berne et la jeunesse a l’air de se réveiller avec la gueule de bois. Le destin de Sixto Rodriguez était sans doute déjà scellé, car d’un autre temps. Mais aujourd’hui c’est néanmoins un véritable enchantement de (re)découvrir cette petite merveille Pop Sixties.
Rendez vous donc, le Samedi 5 décembre à 21H30 au « PARC EXPO HALL 3 » pour déguster la musique délicate et intemporelle de Sixto Rodriguez.
Liens :
La page Myspace de Sixto Rodriguez
Light In The Attic Records
Le Site officiel de Sixto Rodriguez
Detroit
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Cette année, la plupart des disques que j’ai apprécié, c’était loin d’être gagné à la première écoute. Sauf un : Cold Fact