Le public de la Route du Rock a la réputation de ne pas être facile à faire bouger. C’est en effet loin d’être usurpé, et nombre de concerts, même bien remuants, s’y sont déroulés devant une majorité de gens bras collés sur le torse et pieds solidement vissés au sol. Mais il arrive aussi parfois que tout parte joyeusement en vrille en un pogo jubilatoire, une virevoltante transe electro ou une suave suée discoïde. Après une édition 2012 chiche en boogie, les programmateurs ont rectifié le tir cette année avec une impressionnante armada de machines à bouger son popotin. Petite revue des armes de destruction massive de dancefloor.
Le festival malouin ne nous laisse pas que de délicieux souvenirs musicaux. Nos jambes et notre arrière-train ont également leur lot de moments mémorables. De The Rapture faisant remonter la température du Fort vers des standards tropicaux à 3h du matin, à la prestation atomisante de Caribou, en passant par les mix envoûtants de Mondkopf, Fourtet ou Chloé… de sublimes courbatures nous reviennent en mémoire. Des échauffements préliminaires seront sans doute à prévoir pour les trois soirées de l’édition 2013 puisque chacune devrait vous proposer de superbes occasions de faire des folies de votre corps.
Ça commencera dès le jeudi 15 août, puisque vos gambettes vont devoir faire face d’emblée à une diabolique triplette. Premier round avec l’infernal sextet New Yorkais !!!. Leur electro-post-punk-discoïde redoutable devrait libérer une horde de fourmis radioactives sous vos pieds. Leur tout récent nouvel album : Thr!ller, n’hésitait carrément pas à invoquer l’esprit de Michael Jackson et nul doute que Nic Offer, leur chanteur survolté vous communiquera son inépuisable énergie bondissante.
Jeudi 15 août-Scène du Fort, Le Fort Saint-Père-00h40
Ce ne sera pourtant qu’un tour de chauffe puisque l’ouragan Electric Electric déboulera ensuite sur la nouvelle scène des remparts. Comme on a pu le vérifier de visu lors d’une mémorable soirée à l’Antipode, le trio strasbourgeois sait parfaitement retranscrire en live la folle énergie de leur monstrueux album de 2012 : Discipline. Nul doute que, comme nous, vous serez soulevés de terre par cette fureur rythmique tribale d’une richesse ébouriffante.
Jeudi 15 août-Scène des remparts, Le Fort Saint-Père-01h45
Ce qui sera le parfait préliminaire pour les très attendus Fuck Buttons. Composé de Andrew Hung et Benjamin John Power, le duo de Bristol partage avec les Electric electric un goût pour la répétition shamanique insidieusement minée par de puissantes dissonantes dronesques. Leur volcanique prestation de 2008 au palais du Grand Large nous avait scotchés à notre fauteuil et réduit l’espérance de vie de nos oreilles de quelques années. On se doute que lâchés sur la grande scène, les deux compères vont être redoutables. Surtout qu’ils arrivent armés de leur tout frais troisième album : Slow Focus. Si le disque est un peu moins labyrinthique et tribal que les deux précédents, c’est pour mieux mettre en avant des lignes synthés distordues et implacables, aptes à mettre en transe n’importe quel public normalement constitué. Préparez vous à danser comme des punks zoulous sous acide, mais n’oubliez pas d’amener vos bouchons d’oreilles si vous espérez entendre d’autres concerts lors des journées suivantes.
Jeudi 15 août-Scène du Fort, Le Fort Saint-Père-02h40
Pas de répit pour la seconde journée du vendredi 16 juin, puisque vous aurez à nouveau affaire à un trio diabolique pour vous faire bondir jusqu’au bout de la nuit. C’est le duo Zombie Zombie qui aura la délicate mission de jouer le contraste derrière la prestation des flamboyants Godspeed You ! Black Emperor. C’est un double retour dans le lieu pour Etienne Jaumet (venu en solo en 2011) et Cosmic Neman (venu en 2007 comme batteur d’Herman Dune). On leur fait confiance pour enflammer la scène des remparts avec leur synthèse toxique entre la métronomie inflexible de rythmiques Krautrock et d’atmosphériques nappes de synthés vintage aussi inquiétantes que sexy.
Vendredi 16 août-Scène des Remparts, Le Fort Saint-Père-00h35
On enchaînera avec un avis de risque de pogo de force 10 devant la grande scène, pour le concert de Bass Drum of Death. Cette furieuse bande du Mississipi menée par John Barrett nous proposera un rock garage rageur allant droit au but avec ses missiles de 2’30 bardés de guitares fuzz. Après les tsunamesques prestations cette année de Ty Segall ou Thee Oh Sees, la barre est placée haute dans le style. On espère bien qu’ils se montreront à la hauteur et que planeront sur le Fort les fantômes délurés des Sonics ou des Ramones.
Vendredi 16 août-Scène du Fort, Le Fort Saint-Père-01h30
La soirée se conclura avec tous les potards dans le rouge. Le duo TNGHT (à prononcer Tonight, on se demande bien ce que tous ces groupes ont contre les voyelles ?) est constitué de deux redoutables dynamiteurs de dancefloor. L’écossais Hudson Mohawke, qui décrocha une signature chez le prestigieux label Warp avec à peine quelques titres et mixes obscures à son actif, et qui collabore actuellement avec Kanye West, s’acoquine avec le beatmaker canadien Lunice pour produire une electro hip hop surpuissante dont les infrabasses dévastatrices et les rythmiques caustiques devraient vous mettre à genou. Préparez vous à vous placer dans le bons sens de l’ouragan, ou à être balayé par le souffle de la déflagration.
Vendredi 16 août-Scène du Fort, Le Fort Saint-Père-02h55
Vous devriez logiquement avoir les pattes un peu lourdes pour l’ultime soirée du 17 août. Sauf que ce sera samedi, et que la fièvre ne devrait pas manquer de vous saisir. Les programmateurs ont en effet sorti l’artillerie lourde pour conclure cette édition de la manière la plus festive qui soit.
Nous serons ainsi particulièrement heureux de retrouver ce soir là les cinq londoniens d’Hot Chip. Au fil de leur cinq albums, les gars ont réussi l’exploit de connaître un beau succès public en conservant la sublime petite étincelle soul et mélancolique qui nous avait conquis lors de leur prestation aux Transmusicales en 2004. On reprendra donc avec un plaisir non feint, une grande louchée de leur electrop-pop, à la fois sensible grâce aux vocaux crève-cœur d’Alexis Taylor et Joe Goddard, et ravageuse dans sa diabolique utilisation de beats synthétiques. En dignes héritiers de leurs illustres compatriotes de New Order, la bande a bien compris qu’on ne danse jamais mieux qu’avec une petite fissure au cœur. Rassurez-vous cependant, les larmes que vous fera verser leur groove suave et euphorisant devraient bien être de joie.
Samedi 17 août-Scène des Remparts, Le Fort Saint-Père-00h50
La soirée et le festival s’achèveront sur un des groupes les plus attendus de l’édition. Les frangins Lawrence de Disclosure arriveront auréolés du succès foudroyant de leur premier album Settle, qui vient crânement de détrôner les Daft Punk des charts britanniques. On peut raisonnablement trouver que leur synthèse entre bass-music, refrain pop et rythmiques house manque singulièrement de finesse, mais nul doute que ce cocktail devrait mettre le feu aux poudres dans le Fort et conclure le festival sur la note la plus festive qui soit.
Samedi 17 août-Scène des Remparts, Le Fort Saint-Père-02h40
Trois jours qui ne laisseront donc aucune occasion à la piste de danse de refroidir. Préparez donc avec soin vos gambettes et vos chorégraphies pour guincher dignement et déraisonnablement sur le meilleur de l’indy-dance-music.
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