5 ans. Cinq années sans album à se glisser entre les feuilles depuis Dig!!!, Lazarus, Dig!!! C’est long pour un groupe à la discographie pléthorique (14 albums studio en 23 ans !). On a patienté avec la sortie masterisé des Murder Ballads en 2011, mais on attendait fébrilement la nouvelle galette. Après le départ de l’un de ses fondateurs, après la parenthèse Grinderman, Nick Cave & The Bad Seeds nous ont gratifiés d’un nouvel album. Et quel album ! Mais avant d’évoquer Push The Sky Away, petit retour sur ce projet unique.
L’histoire des Bad Seeds est assez chaotique, une espèce d’orchestre à géométrie variable. Au départ, Nick Cave et Mick Harvey forment un groupe de post-punk The Boys Next Door sur les bancs du lycée en 1973. Le groupe devient The Birthday Party en 1980, rejoint l’Europe (Londres puis Berlin-Ouest), et lorgne alors vers le rock gothique. Le succès d’estime s’achève en 84 suite à une brouille entre Cave et le guitariste Howard, laissant derrière eux un dernier EP prometteur, The Bad Seed. Cave et Harvey remontent de suite la première mouture de Nick Cave and The Bad Seeds, avec entre autres, le guitariste Blixa Bargeld (du groupe de rock industriel Einstürzende Neubauten), et le bassiste Barry Adamson (ex Magazine), pour un premier album, From Her to Eternity.
Parallèlement, Nick Cave commence à écrire son premier roman, Et l’âne vit l’ange, l’une des (nombreuses) facettes de cet artiste pluridisciplinaire. Chanteur, écrivain, mais aussi acteur (Johnny Suede), compositeur de musiques de films et scénariste (Des Hommes Sans Loi), il réussit même à se produire en « solo » parallèlement aux Bad Seeds.
Les albums s’enchainent à un rythme éfréné, malgré les changements fréquents de line-up. Il faut aussi prendre en compte l’importance du travail en studio d’un groupe qui n’hésite pas à « recruter » des musiciens talentueux pour les sessions d’enregistrement. Nick Cave les considère d’ailleurs comme faisant partie intégrante du groupe, et les musiciens qui l’entourent actuellement ont progressivement remplacé d’autres membres du groupe. Car le talent de Nick Cave ne doit pas faire oublier l’importance de ses « mauvaises graines ». Certes, Blixa Bargeld a quitté le groupe en 2003, et plus récemment Mick Harvey (2009), mais les membres actuels ne sont pas nés de la dernière pluie. Parmi les Bad Seeds actuels, le trio Jim Sclavunos, Martyn P. Casey et Warren Ellis est présent depuis le début des années 2000 au sein du groupe. C’est d’ailleurs avec ce trio que Nick Cave a monté Grinderman en 2006.
Le violoniste et multi-instrumentiste Warren Ellis (membre des excellents Dirty Three) a composé avec Nick Cave quelques musiques de films (The Road, The Proposition, L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford). Dans le dernier album de Nick Cave and The Bad Seeds, Push The Sky Away, Warren Ellis a co-écrit la plupart des morceaux avec Nick Cave. Les titres ont été enregistré aux studios La Fabrique à St Rémy de Provence. Artwork soigné : Nick Cave ouvre une fenêtre pour inonder la pièce de lumière, dans laquelle se trouve sa femme Susie Bick, nue. Et dès la première écoute de l’album, on est frappé par son aspect plus lent par rapport aux albums précédents (et encore plus surprenant, peu de temps après le projet Grinderman).
On retrouve la voix profonde et sombre du crooner Nick Cave, qui fascine toujours autant. On retrouve aussi l’univers particulier de Nick Cave, mêlant blues crasseux, mystique biblique, lyrisme ténébreux et rock qui râcle. Mais le tout se teinte de cordes, de choeurs, et surprend par le tempo étonnament calme. Plusieurs titres marquent d’emblée, comme le tubesque Jubilee Street. Mais, à notre humble avis, Higgs Boson Blues est le petit bijou de cet opus, sur lequel on retrouve les accents de prêcheur habité de Cave, au sommet de son art. L’album est d’une rare homogénéité et l’on prendrait forcément plaisir à le voir jouer intégralement en live, car les morceaux possèdent en eux une tension sous-jacente qu’on aimerait voir se libérer par instant sur scène. Et si la fine équipe nous gratifie de quelques classiques, le bonheur sera complet. Tout comme le Fort. Car la présence de Nice Cave and The Bad Seeds devrait copieusement garnir les allées du Fort Saint-Père pour ce jeudi inaugural. Quoiqu’il en soit, nous serons là.
Jeudi 15 août – Scène du Fort, Le Fort Saint-Père-22h45
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Un Nick Cave à son meilleur, comme d’habitude. Avec une voix sortie directement d’un sous-sol, une ambiance sombre et intriguante.
Nick Cave a adapté son au conditions extérieures des festivals. 5 titres du dernier album musclés pour l’occasion et des classiques. L’homme tient la scène comme jamais, dans tous les registres, du crooner à la sauvagerie la plus absolue. Public conquis, sous le choc d’une expérience aussi radicale.