Il y a d’abord les langages. C’est polyphonique, il y a plusieurs voix. Elles n’alternent pas en chapitres mais en paragraphes. Quelques lignes pour l’une, un peu plus pour l’autre. Les autres.
Il y a du « vous » et du « je ». Sauf que c’est le premier qu’on entend être le fil de la narratrice. Elle dit « vous » et elle parle d’elle.
Elle se raconte en vous collant le personnage. Les « je », il y en a plusieurs (l’employé de zoo, l’éleveur, le boucher …). Ils sont la première personne mais comme la télé quand des gens se racontent, c’est pas vraiment eux qui sont là. Ils ont leur langue propre, plus parlée.
Celle qui dit « vous » parle de l’enfance, du désir d’avoir un animal. Tout le reste parle des bêtes.
« Appliqués aux animaux, le retour en arrière, la reconstitution, la restitution, bref, l’état de nature, constituent des avancées. Le bien-être des captifs exige qu’on n’oublie pas leur passé »
Comme dans le zapping, la juxtaposition produit du sens. Glaçant.
Cruel : fait-on la même chose aux animaux et aux enfants ?
L’expérience amoureuse côtoie la capture des animaux, la rupture se superpose à l’euthanasie.
Il y a plusieurs langages. Ceux du récit, celui de la réglementation, du documentaire etc …Non-sens.
« La manière la plus sûre de guérir une souffrance qui conduit un individu à agresser son semblable consiste, non à supprimer la cause de l’agressivité, mais à supprimer tout ou partie du semblable »
C’est l’histoire d’une petite fille qui veut un animal familier, d’une adolescente qui se contrôle, d’une jeune adulte qui voit un film : « La Féline » de Jacques Tourneur.
Tout ça nous touche parce que nous sommes des animaux et avons été des enfants.
C’est à se demander d’ailleurs s’il n’y aurait pas lieu d’inventer des militants de la cause des enfants qui « travailleraient » comme le font ceux de la cause des bêtes.
Il y a les répétions, un rythme, des retours permanents : « pour mentir, il faudrait parler »; « vous vous imprégnez ».
Les différents discours vont progressivement devenir plus poreux entre eux, la clarté va devenir plus grande.
Fait-on la même chose aux animaux et aux gens ? On les aime bien, derrière quelque chose. On les dresse, on leur veut du bien.
Mais finalement, peut-on être sauvage tout en étant civilisé, peut-on ne plus appartenir, peut-on cesser de se protéger ?
Que font les rennes après Noël ?
Olivia Rosenthal
Verticales
16.90 € 211 p
Autant la première photo m’a amusée et rappelé ma frangine, soigneur-animalier dans un zoo dans l’Est de la France. Nous lui avions rendu visite et avions scotché sur Yuri, l’ours polaire qui barbotait dans son bassin avec une aisance assez fantastique.
Autant la photo suivante m’a glacé les sangs, fan de meuh que je suis… La réalité sanglante mais imparable entre la vache dans son champ et le steak haché dans le fond de mon assiette…
Pour autant, voilà un cadeau tout trouvé pour une frangine dingue de bestioles…
c’est pas un bouquin de Dolto, justement, « La cause des enfants » ?
Je crois bien que si. C’était pas la mère d’un terroriste ?
Pour les photos, avec ce livre, la première me consterne autant que la deuxième.
Ce livre est terrible et parfait. La chronique aussi 😉
Stephane Bern part sur RTL