Samedi 11 septembre 2010, date anniversaire de l’attentat contre les tours du World Trade Center, les Champs Libres ont choisi de donner la parole à Plantu.
Figure emblématique du quotidien Le Monde, Plantu est, avec d’autres depuis Daumier, l’un des ‘tôliers’ du dessin de presse à la française. Et quoi que l’on puisse croire, le maniement du pinceau et de la plume le cul vissé sur une chaise est une activité qui peut s’avérer assez dangereuse. En témoigne notamment l’affaire des caricatures de Mahomet. Mais, loin de ne se limiter qu’au royaume d’Hamlet, la liberté d’expression recule partout dans le monde selon Plantu.
Pourtant, dans ce contexte post-11-septembre de guerre de civilisation, jamais la puissance des images dessinées n’a été autant nécessaire à dire l’indicible, rire de l’insoutenable… Et en égratigner les responsables. Car pour Michel Kichka, « le dessin qu’on fait, c’est pour mécontenter les extrémistes ». Ces derniers (politiques, belligérants et intégristes de tous bords), pourtant prompts à se faire la guerre, se sont trouvé une cause commune : faire taire les crayons trop bavards. C’est cet inquiétant constat qui a conduit Plantu et Kofi Annan (ancien secrétaire général des Nations Unies) à créer l’association Cartooning for peace, à laquelle adhèrent parmi les meilleurs pinceaux du globe (excusez du peu).
D’où la présence à cette conférence, aux côtés de Plantu, de la dessinatrice turque Ramizé Erer et de l’israëlien Michel Kichka. On ne leur reprochera pas un optimisme inconsidéré :
Le journal pour lequel travaille Ramizé Erer a licencié tous les journalistes laïques qui y collaboraient.
Un confrère Libanais de Michel Kichka refuse d’être pris en photo à côté de lui… La proximité d’un israëlien peut se payer très cher au pays du cèdre.
En France, c’est plus calme : l’Elysée se contente d’envoyer un « motard » à Plantu quand il croque Sarkozy sous un essaim de mouches à merde… et sous les rires de l’assistance, autant impressionnée par la virtuosité du trait, filmé en direct, que par la verve du caricaturiste.
J’ai oublié qui a dit que pour être caricaturiste, il fallait avoir la précision du chirurgien avec les intentions du boucher. Si Plantu dessine au scalpel, il assume ne pas avoir les intentions du boucher et ne nie pas s’interroger sur les limites de son art, entre nécessaire provocation et auto-censure consentie. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : « [son] boulot, c’est d’être irrespectueux ». Kichka plaide lui aussi pour son « droit au dérapage ».
Alors si le politiquement correct vous chagrine et que vous croyez encore qu’il est possible de faire évoluer les choses, allez vous revigorer à l’exposition Dessin de presse à Une : Les dessinateurs de presse sont aussi drôles que courageux.
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http://www.cartooningforpeace.org/
Dessins de presse à la Une, aux Champs Libres, jusqu’au 9 janvier 2011
http://agenda.leschampslibres.fr/index.php?rub=88&textes=25384
Guerre de civilisation ? Où ça ?
Où ça? A la télé, dans les journaux à la radio. C’est la nouvelle justification de l’occident pour aller faire la guerre en Afghanistan et en Irak. Le bloc communiste s’étant effondré, quelques « spin doctors » ont échafaudé cette théorie pour justifier que les ricains continuent à dépenser 40% du budget de défense mondial… C’est aussi simple que ça, il ne faut rien y voir de plus.
Mais c’était écrit en italique. C’est pour ça que ça a pu être lu de travers 😉
Au temps pour moi.