Eli est clodo. A part ses fringues, il n’a plus qu’une photo, une photo de famille. Eli se suicide.
Seven est un tueur, tabassé, mais ayant assez de ressources pour tenter de s’échapper. Ils sont trop nombreux. Seven est tué.
Belle est une pute, qui tente de quitter son mec, son mac ? Belle aussi est tabassée, battue à mort.
La même chose est arrivée à Matthew, en pire sans doute. On l’a laissé à poil dans le froid. Matthew décède aux urgences.
Tous les quatre se retrouvent en Enfer. Un endroit qui ressemble à une ville occidentale quand on débarque d’ailleurs : trié par des gardes, chacun a une destination.
Matthew doit être soigné de sa maladie mentale. Il est homosexuel. Belle est enfermée dans un hôtel et sert de chair fraiche aux flics. Seven est torturé. Eli est un Oublié. Ces défunts que les autres morts ne voient pas. Ceux qui peuvent devenir visibles s’ils sont « souvenus ». Les SDF de l’enfer.

Plus de détermination ? Plus de chance ? Ils vont aller plus loin dans leur tentative d’évasion, plus bas. Ils vont croiser le reporter-star de Vox-News, la chaîne de télé qu’on ne peut éviter. Ils arriveront jusqu’à l’archange en charge de l’Enfer. Et surtout, jusqu’à son prisonnier.

Roman court. A lire d’une traite. En débranchant la machine à rationaliser pour certains. Un peu comme lorsqu’on regarde « Une Nuit En Enfer », le film, pour la première fois, sans avoir été prévenu : si ça part en vrille et que ça flingue à tout va, c’est que c’est fait exprès. Les morts peuvent mourir en Enfer ? Pourquoi pas ?
Laissez-vous porter. Il y a plus à piocher qu’on ne pourrait penser.
C’est quoi l’Enfer ? Et l’espoir ? Et Dieu ? Et qui a mérité quoi ?
A se demander si ce bouquin ne pourrait être une première étape pour devenir sataniste.

« Evadés de l’Enfer » est paru chez Folio SF, qui fête ses 10 ans d’existence. Mais c’est nous qui avons le cadeau : « l’Odyssée Folio SF en 10 nouvelles ». Le libraire (M’enfin) vous le donne.
Comme c’est gratuit, vous allez d’abord penser que ça n’a pas grande valeur. Erreur. Le principe d’une nouvelle, c’est que c’est court. Donc ça passe ou ça casse. Ici, ça passe neuf fois sur dix. On a une petite réserve pour celle de Christopher Priest, et pourtant on tâchera de se dégotter le recueil qui la contiendra en 2011. Toutes les autres sont bonnes, voire excellentes, entrecoupées de textes d’auteurs moins familiers de ces univers-là (Chainas, Bello, Garcia, Darrieussecq …).
Sauf que, et d’une, la Science-Fiction a fait comme le polar : elle a imprégné le reste de la littérature durant le siècle dernier. Et de deux, ces récits nous démontrent ce que nous explique son directeur : la collection aborde « tous les rivages de l’imaginaire : science-fiction, fantasy, fantastique … ».
Nous passons donc d’une uchronie templière au récit d’un vieux Viking, d’un constructeur de bateau sans but (Philip K Dick) à une maman-star qui veut la vie éternelle, d’une tigresse-fantôme (la meilleure ?) à une histoire d’amour impossible pour cause de « passagers » qui prennent possession des humains, puis d’un voyage dans le temps pour passionnés de littérature (Bradbury) à un regard sur la vidéo-surveillance couplée à la démocratie-internet.
La dernière est celle qui se rapproche le plus du space-opéra, ce que le grand public accole plus volontiers au terme science-fiction.
Mais dans cette fabuleuse nouvelle de Robert Charles Wilson, on entend Olaf Stapledon et son « Créateurs d’étoiles », sorti en 1937.
Ça tombe bien, Folio SF a pour but avant tout de rééditer des classiques : Asimov, Lovecraft, Arthur C Clarke etc …Ne s’empêchant pas bien sûr de sortir de l’actuel, comme le livre de Duncan.

Evadés de l’Enfer
Hal Duncan
216p 5€
Folio SF

L’o10ssée
296p gratuit
Folio SF