Deux pièces de Copi pour le prix d’une et une avalanche de cocaïne et d’héroïne, de personnages androgynes et complètement foutraques : 40 degrés sous zéro, c’est tout ça à la fois et bien plus. Un travail du Munstrum Théâtre qui ne laisse pas indifférent…
Direction la Sibérie pour cette première partie de représentation : sous la plume de Copi et la houlette de Louis Arene, L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer prend vie sous nos yeux. Une introduction musicale étonnante par un(e) drag queen géant(e) à la perruque de boules de Noël chantant une version irréelle de « Girls just want to have fun ». Le ton est donné. Dans ce théâtre du Vieux Saint-Etienne, ce samedi en fin d’après-midi pluvieuse, nous avons quitté le monde réel. Le Munstrum Théâtre nous entraîne avec lui sur les pentes vertigineuses d’un théâtre grandguignolesque, loufoque et trash.
Faux-seins, faux sexes, fausses effusions de sang, masques androgynes, coucheries improbables, vrai froid polaire sur scène et dans les gradins : cette première partie fait rire aux éclats les spectateurs, en fait fuir certains, en méduse d’autres. On oscille entre une Cruella prof de piano transgenre et une Irina hystérique et déjantée…
A peine le temps de respirer et Les quatre Jumelles prennent le relais. Vulgaires, crues, violentes, droguées jusqu’à la lie, fratricides et avides de dollars et de lingots d’or, ces quatre femmes poussent la mort et la résurrection dans leurs moindres retranchements. La scène se recouvre de farine-héroïne, les rideaux tombent, le sang afflue, les corps se disloquent et s’entrechoquent. Et tout s’achève sur une chorégraphie étrange de corps androgynes dans une lumière verdâtre. Le théâtre résonne de basses peu habituelles en ces lieux. Le chaos n’est pas loin…
Le Munstrum Théâtre fait preuve d’un esprit déjanté assez particulier. Ils vont loin, vite et fort, ils déconstruisent, déforment, agressent, pervertissent, malmènent notre univers. Ils illustrent parfaitement celui décrit par Copi dans ses oeuvres et nous laissent exsangues. Certains ont aimé, d’autres beaucoup moins…
Les costumes de Christian Lacroix sont de toute beauté et originalité ; le décor est glaçant, les personnages sont d’une folie vraiment inquiétante, la musique nous prend aux tripes et cette oeuvre théâtrale est autant plastique que musicale. Laissez-vous surprendre !
Retrouvez d’autres photos du spectacle par Philippe Rémond (que l’on remercie pour ses photos) sur la page facebook de Mythos
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