Bertrand Belin nous a offert une splendide retranscription scénique de Persona ce dimanche 31 mars sous le Cabaret Botanique dans le cadre du festival Mythos. La grande classe.
Nous frémissions d’impatience à l’idée de revoir Bertrand Belin sur scène : la dernière fois que nous l’avions vu, sur cette même scène du Cabaret botanique, c’était il y a deux ans déjà (il faisait partie des prestigieux invités de Rodolphe Burger, voir ici). Il venait ce dimanche 31 mars nous présenter son tout nouvel album, Persona, sorti au début de cette année 2019 : une présentation quasi exhaustive puisqu’à deux notables exceptions, l’ensemble des titres joués est extrait de Persona. On doit vous l’avouer tout de suite, ce n’est pas pour nous déplaire car la galette tourne depuis plusieurs jours en boucle sur notre platine. Entouré d’un quatuor de talentueux musiciens, dont ses inévitables complices Thibault Frisoni et Tatiana Mladenovitch, Bertrand Belin débute son set avec l’hypnotique Bec et sa nappe synthétique, puis le lent et délicat Bronze.
Les premières notes de guitare glissent sur Glissé Redressé, avant d’accélérer rythmiquement pour un Sur le Cul plus galopant que sur album : petit solo de guitare, pas de danse, Bertrand Belin prend physiquement possession de la scène. On est happés par le timbre de voix profond de ce formidable poète contemporain, qui délivre ses mots avec une épatante justesse rythmique : les mots et la musique semblent ne faire qu’un, comme sur Grand Duc ou sur les couplets de Camarade, tout en contraste avec le refrain aérien. Avec Tatiana Mladenovitch, il forme un merveilleux duo sur En Rang, sublime morceau à la mélodie épurée, mettant en valeur les voix mêlées et complices.
Le set est impeccable de bout en bout et joue sur les variations d’intensité et de registre, passant allègrement du percussif Grand duc au délicieusement rétro Peggy, avant de donner des fourmis dans les orteils sur l’entrainant Folle, Folle, Folle. Bertrand Belin nous gratifie également de drôlissimes interludes pour introduire quelques uns des titres joués : une caricature de discours politique pour Opéra, un homme réveillant maladroitement sa femme, sans oublier le savoureux monologue sur le boulot (Camarade). Les arrangements scéniques sont particulièrement réussis, à l’image de cette version plus rock du magnifique De Corps et d’Esprit, étiré à l’envi en toute fin de concert.
Les cinq musiciens nous offrent un rappel très attendu, le formidable Dimanche des Liminanas, morceau déjà marqué à sa sortie par le featuring de Bertrand Belin. On sort du Cabaret Botanique avec le riff des guitares dans un coin de nos têtes mais surtout marqués par la poésie de cet auteur singulier. Et une furieuse envie de se replonger dans Persona et de découvrir son troisième roman Grands Carnivores. Ca c’est du bon boulot, Monsieur Bertrand Belin !
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————————————————————- Festival Mythos (du 29 mars au 07 avril 2019)