Retour sur Mythos 2019 : un Attentat coup de poing

La lecture du roman de Yasmina Khadra nous avait déjà sacrément secoués il y a quelques années. Autant dire que la mise en scène du texte par Vincent Hennebicq présentée lors de cette édition Mythos 2019 est toute aussi forte. L’Attentat, c’est un coup de poing magistral et de toute beauté. 

L’Attentat (Vincent Hennebicq) ©Jean-Adrien Morandeau – à Mythos 2019

L’Attentat, c’est d’abord une configuration particulière : un acteur pour quatre musiciens et une chanteuse. Un quintette sous la houlette de Fabian Fiorini, pianiste qui a réalisé toute la scénographie musicale. Laurent Blondiau à la trompette, Marine Horbaczewski au violoncelle et Célestin Massot aux percussions accompagnent en douceur, en lyrisme, en apesanteur, en violence la chanteuse Julie Calbete. Tantôt au bord de l’explosion, tantôt enivrante, tantôt apaisante, tantôt stridente, la musique accompagne ce terrible texte et le monologue du comédien Atta Nasser.

L’Attentat (Vincent Hennebicq) ©Nico M photographe – à Mythos 2019

Un monologue impressionnant, en arabe surtitré pour raconter l’histoire d’Amine, ce chirurgien arabe israëlien qui travaille à Tel Aviv et doit s’occuper des victimes d’un attentat-suicide commis par sa propre femme. Les instruments de musique se font bruits de la ville, cacophonie sonore pour exprimer ces moments de folie humaine. Sur scène, nimbée de grands tissus blancs, s’étend un manteau de bolducs noirs, précurseurs d’un monde en déroute où tout brûle et se consume. Que s’est-il passé ?

Une quête de vérité

A la lueur d’une photo de coucher de soleil sur la mer, on accompagne Amine dans sa quête de vérité à Jenin, la cité de son enfance, là où tout a commencé.

Vincent Hennebicq mêle habilement fiction et documentaire. Les images projetées sur l’écran sont celles de son road-trip en Israël et en Palestine : un voyage pour comprendre et dépasser le simple conflit israëlo-palestinien, en interrogeant les habitants, ceux qui vivent cette situation au jour le jour.

L’Attentat (Vincent Hennebicq) ©Nico M photographe – à Mythos 2019

Un voyage qui projette Amine face à ses propres démons, qui le questionne sur sa propre identité et les choix qu’il a pu faire. En quittant les siens pour une vie confortable à Tel-Aviv, il a jeté un voile sur les conditions de vie de ses proches : check-points, coups de crosses, voitures carbonisées, maisons détruites, humiliations, chars et cailloux. Une réalité qui explique le geste de sa femme, une réalité qui le déstabilise, et nous aussi par la même occasion : « On apprend à haïr quand on prend conscience de son impuissance ». Un constat sans appel pour Amine, qui finit seul sur scène en reprenant le texte du début.

Bien au-delà du conflit israëlo-palestinien

On ne vous racontera pas la fin… Elle nous laisse juste exsangues, muets et secoués. Heureusement, la musique adoucit les moeurs et la pièce se termine sur un très beau chant de Julie Calbete dédié à ceux qui restent libres…

Une pièce coup de poing donc, qui secoue tout autant que le livre sinon plus. En effet, le texte de Yasmina Khadra qui pouvait n’être qu’une fiction est ici inscrit dans une réalité plutôt sombre et implacable avec ses intermèdes de vécu et de témoignages directs. Un parti pris indéniable de Vincent Hennebicq pour la cause palestinienne, un coup de poing en tout cas mais de toute beauté.

L’Attentat (Vincent Hennebicq) ©Jean-Adrien Morandeau – à Mythos 2019

Retrouvez d’autres photos du spectacle par Nico M photographe (son site) et Jean-Adrien Morandeau (son Instagram) – que l’on remercie vivement pour leurs photos – sur la page facebook de Mythos

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En savoir plus sur L’Attentat grâce à une interview de Vincent Hennebicq :

L’ATTENTAT / Interview de Vincent Hennebicq (VOSTFR) from Théâtre National / Bruxelles on Vimeo.

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