Autre époque, autre ambiance. Après le tango, c’est au tour de la folk américaine d’envahir le Magic Mirror ce jeudi soir avec la venue du groupe Moriarty + d’1fos. Véritable dépaysement spacio-temporel, le public aura eu la chance de vivre un émouvant voyage initiatique vers les lointaines contrées qui ont vu surgir les standards américains de la folk, de la country et du blues, influençant un grand nombre d’artistes par la suite, Bob Dylan pour ne citer que lui.
Après un léger faux départ dans le genre « on éteint la lumière, attention, mesdames et messieurs, dans un instant, ça va commencer…ah non, en fait…pas tout à fait… », les 6 musiciens entrent sur scène et débutent leur set avec Buffalo skinners de Woody Guthrie.
Rosemary, habillée d’une jolie robe chinoise, s’approche du micro et se lance « Come all you old-time cowboys and listen to my song ». Belle introduction car des chansons, nous aurons le plaisir d’en écouter pas loin d’une vingtaine (voir la setlist ici)
Moriarty a ce talent d’assurer le show sans en faire des tonnes tout en étant généreux sur scène. C’est d’ailleurs quand ils se retrouvent tous devant un seul micro multidirectionnel (1) que leurs chansons prennent une autre dimension, elles deviennent plus personnelles, plus directes et du coup plus touchantes.
Durant tout le concert, Rosemary viendra illustrer et présenter les différents morceaux à travers de petites anecdotes. « Le moonshiner est un alcool fabriqué uniquement les soirs de pleine lune.. » « Ici, c’est l’histoire d’un adultère, et là d’une amoureuse forcée de se prostituer… » « C’est l’histoire lynchage d’un patron ne voulant pas payer ses ouvriers… ».
Point commun entre toutes ces histoires , le thème de la fuite. Rien d’original à dire cela : ce thème colle parfaitement à la peau du groupe, comme un tatouage. Tout d’abord de part leurs origines géographiques différentes mais aussi à travers leurs propres histoires familiales, et enfin de par leurs choix artistiques : création de leur propre label pour « fuir » toute mode ou tendance et sans doute cette industrie musicale trop mièvre, trop pressée et leur besoin de voyager avec leur 100 000 kilomètres de tournée déjà au compteur.
Le groupe enchaîne les morceaux et les atmosphères : tantôt acoustiques, tantôt électriques, en duo parfois. Rosemary laissera d’ailleurs le micro assez souvent à ses compères masculins : mention spécial pour la voix de Charles Carmignac. Les décors sont ainsi posés, rendez vous en terres inconnues et véritable carnet de voyage, notre esprit vagabonde avec eux. « Nous avons le souhait de s’inscrire dans cette tradition de conteurs d’histoire », confiaient les musiciens. Le contraste est d’ailleurs saisissant entre cette musique plutôt douce et entraînante alors que les textes évoquent principalement des histoires de bandits de grand chemin, d’amants assassins, de mères abandonnées ou de cette « autre Amérique », celle qui résiste face aux inégalités et à l’indifférence du système.
Jimmy fut réclamé par le public. « On la jouera peut être… », s’amuse Rosemary et c’est tout le Magic Mirror qui la reprendra en chœur, après une jolie pirouette du groupe pour marqué un vrai-faux-rappel.
Finalement, c’est sur Cottonflower que cette jolie traversée de l’Ouest américain prendra fin, morceau dans lequel on peut entendre cette phrase « Won’t you turn off your TV ? ». Après ce spectacle, nous risquons tout simplement de ne plus la rallumer.
***
Toutes les photos de la soirée :
Crédits photos © Franck Belloeil
(1) Habitude prise lorsque le groupe faisait des premières parties de concert où la qualité du mixage est souvent inégale.
***