« Käfig » veut dire cage en arabe et s’il y a bien une compagnie de danse qui ne souhaite pas se laisser enfermer, c’est bien celle de Mourad Merzouki. Ce dernier, chorégraphe et figure du mouvement Hip-Hop depuis les années 90, ne cesse d’ouvrir et d’enfoncer les portes afin de faire continuellement évoluer le monde de la danse dite urbaine. Le spectacle « Käfig Brasil », donné vendredi 06 et samedi 07 Décembre au Triangle en est un illustre exemple. Un de plus !
Composé de 5 tableaux, écrits respectivement par 4 chorégraphes différents (A.Egea, C.Lefèvre, D.Plassard et O.Nassur, de nationalité brésilienne) dont un composé par les danseurs eux-mêmes, « Käfig Brasil » est tout simplement d’une énergie généreuse et saisissante.
Passées les premières minutes où le mode « comique/beat-box » est mis en avant (il n’y a qu’à entendre les rires des enfants dans la salle…), les différents tableaux s’enchainent dans une réelle continuité malgré un langage chorégraphique différent à chaque fois. Merzouki s’affirme de nouveau comme un maitre dans l’art de rassembler communément diverses influences (Hip Hop, capoeira…)
Avec un simple rectangle blanc comme fond de scène, des lumières comme décor en forme de Berimbau (instrument traditionnel Brésilien) sur le côté, les danseurs, tous costumés poussant le détail du nœud de cravate jusqu’aux couleurs des lacets, vont et viennent au gré de la musique.
Certains disparaissent, d’autres réapparaissent sans parfois même que l’on s’en aperçoive. Cela va vite, cela bouge, c’est dense et dansant. Tout ce dynamisme contrôlé met alors en perspective les instants plus poétiques souvent renforcés par un jeu de lumière basé sur le côté « ombre et lumière ».
Mention spéciale au tableau d’Egéa où le rythme entraînant, répétitif presque tribal, de la musique électro nous pousse nous-mêmes à sautiller sur place tout en regardant ces 11 danseurs s’élever vers un état faussement euphorique voire de transe.
Au final, lorsque dans un spectacle, des airs de Berimbau se mélangent aux airs d’un Vivaldi remixé et aux sonorités House/Techno, on se dit que définitivement, une nouvelle porte vient de tomber.
D’ailleurs, ce n’est même plus une porte mais bel et bien le quatrième mur qui cède lorsque les 11 danseurs, après un rappel de type « battle », et un torride « je montre mon torse tout musclé », viennent directement saluer le public au plus près de nous, pour le plus grand bonheur des spectatrices (il n’y a qu’à entendre les soupirs des demoiselles dans la salle…)
Acclamations et standing ovation viendront clore ce joli spectacle.