Thé, cafés, gâteaux et concerts : c’est ce que vous propose l’Antipode MJC ce dimanche 15 décembre après-midi. Une bonne façon de réchauffer les cœurs en un dimanche pluvieux et de combler tout en même temps oreilles et papilles. Explications.
L’instant thé : un après-midi gourmand pour mélomanes
Depuis plusieurs années, l’Antipode MJC aime expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public. Fondus du concept et nouveaux curieux se retrouvent ainsi quelques dimanches par an pour L’Instant Thé, après-midi gourmand et convivial autour de gâteaux, de thés et de concerts.
Conçu pour aller à la rencontre de tous les publics et permettre aux familles de sortir ensemble le dimanche après-midi, l’Instant Thé n’est pourtant pas qu’une chouette idée permettant de passer un dimanche pluvieux dans une ambiance chaleureuse et sucrée. C’est aussi un temps à part où la programmation musicale se fait feutrée, d’une délicatesse parfois vertigineuse. Ainsi, depuis 2011, Dark Dark Dark, Agnès Obel, Mirel Wagner, Dillon, Thee Stranded Horses ou Faustine Seilman (excusez du peu…) se sont succédé dans des effluves chocolatées et caféïnées régalant tout autant nos oreilles que nos papilles. Et se permettant même parfois des bouleversements d’âmes qui ont transformé la tristesse légendaire des dimanches en délicate euphorie.
Ce dimanche 15 décembre (que les météorologues prédisent aussi maussade que pluvieux) ne devrait pas déroger à la règle, puisqu’on risque une nouvelle fois de se faire emporter par une avalanche de délicatesse avec les venues de l’indispensable Matt Elliott et du prometteur Ramona Cordova.
Dark Folk vénéneuse et lumineuse avec Matt Elliott
Quand on rappelle que ce bourricot de Matt Elliott a commencé sa carrière dans les nineties avec de l’électronique oblique et déviante entre Drum’n Bass et expérimentations un chouïa plus ambient made in Bristol et cela sous le nom de The Third Eye Foundation, on souligne déjà que le garçon se joue des frontières et se ballade entre les lignes tirées au cordeau des portées musicales. Depuis 2003, le songwriter s’est ainsi dirigé vers une folk sombre et intimiste qui emprunte autant au minimalisme décharné jusqu’à l’os qu’à la mélancolie, se parant parfois de l’élan des musiques slaves d’Europe de l’est. The Mess we made en 2003 donnait déjà le ton, puisque sans abandonner totalement les bouleversements rythmiques de la drum’n bass, Matt Elliott y déroulait un songwriting habité et surprenant sur un album à l’étonnante cohérence malgré la variété de ses ambiances.
Suivent alors trois disques de dark folk tourmentée et vénéneuse, marqués par l’imagerie développée par Uncle Vania sur les pochettes, la trilogie Songs, parue chez Ici d’ailleurs. Morceaux désespérés, à la sensibilité à vif et aux développements sublimés, s’y déploient et y brûlent, à froid, d’une obscure clarté. A Broken Man, en 2012, n’arrangera rien. D’une sincérité encore plus dépouillée, l’album tord nos cordes sensibles et nos cœurs finissent totalement essorés par la voix grave du songwriter. On parlait plus haut des talents de funambule de Matt Elliott, s’affranchissant des frontières musicales. Avec son dernier effort, plus apaisé, Only Myocardial Infarction Can Break Your Heart (2013), le musicien anglais mêle tout ensemble guitares méditerranéennes (entre flamenco hispanisant et rebetiko grec), envolées slaves plombées et songwriting classe. Et s’offre même un titre de 17 minutes en guise d’ouverture de l’album. Preuve s’il en est, que le garçon n’a rien à faire des modes, des étiquettes et ne s’occupe finalement que de creuser un sillon tout personnel, avec sincérité.
La pop folk en technicolor de Ramona Cordova
Sincérité. On pourrait également accoler le qualificatif au parcours musical de Ramón Vicente Alarcón, aka Ramona Cordova (du nom de sa grand-mère). Qui après un premier album gracile The Boy Who Floated Freely en 2006, s’est offert 7 ans de ballades à travers le monde, naviguant, parfois fauché, d’un port d’attache à l’autre. Libre. Sans attache. Même si de son aveu, parfois un peu paumé. Avant de reprendre sa pop délicate et mélodique en diable là où il l’avait laissée. Mais en l’épaississant des couleurs de ses voyages. De ses errances.
La musique de l’Américain, pourtant relativement épurée, s’écoute désormais en technicolor. Tant et si bien que Quinn to New Relationships apparaît comme une de ces belles réussites, qui sans tapage outrancier, s’immiscent durablement dans nos épidermes. Bien sûr, quand on découvre Ramona Cordova, on est d’abord marqué par sa voix qui rappelle de loin et sans brouillard réverb’ celle de Jonsi de Sigur Ros. Ou si on écoute un peu plus loin, dissimule aussi des accents à la Grandaddy avec cette façon toujours très mélodique de se poser sur des arrangements à la classe ineffable (oui, le monsieur Gaspar Claus n’est pas pour rien dans cette histoire avec son violoncelle !). Pourtant le kid de l’Arizona ne saurait se résumer à sa voix haut perchée. Et propose surtout des chansons à la beauté et à la force fragiles. Nul doute que celles-ci devraient s’épanouir encore davantage sur scène, portées par le charisme à fleur de peau de leur auteur.
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L’Antipode MJC présente Matt Elliott et Ramona Cordova en concert dimanche 15 décembre à 16h30 à l’Antipode MJC (2 rue André Trasbot, Rennes).
Tarifs – Sortir ! : 4€ / Membres : 10€ / Location : 13€ / Sur Place : 16€
A noter pour les parents : Encadrement et animations gratuite dès 3 ans.
Plus d’1fos : http://www.antipode-mjc.com/evenements-antipode-mjc/concerts/instant-the-matt-elliott-et-ramona-cordova/