Hier soir, les manœuvres du rythme s’étaient donné rendez-vous aux quatre coins du centre de Rennes pour se mettre à l’ouvrage. Un véritable mur du son que le public a démantelé comme une armée d’ouvriers, sans casques.
Au Chantier, deux artistes s’occupaient d’ameuter les foules vers le bas de la Place des Lices hier soir. La rappeuse US de Chicago Psalm One débutait la soirée un peu avant 22h, quand les DJs Rennais du label Stéréophonk embreillaient sur les platines une heure plus tard. Le sourire comme un lac Michigan, forcémment grand, la jeune artiste Psalm One a explosé tout le long d’un set qui l’a vu reprendre ses principaux morceaux, Beat the drum, Woman at Work et My Bucket song en tête.
La chanteuse de l’excellent label Rhymesayers Entairtainement, dont elle est la seule artiste féminine, a su tenir le public de près pendant tout le concert à coup de prods percuttantes, mix de groove, d’electro et de big beat. Au milieu de la foule, un type, tellement grand qu’il frappait la poutrelle du toit comme l’épaule de son meilleur ami, ondulait, saccadé, au rythme du flow. Pour une ancienne étudiante de physique-chimie, trouver la formule pour transformer un ensemble de particules en noyau dur était une partie de plaisir.
« I’m from Chicago »
Pendant la pause, la file des toilettes s’est muée en véritable kaléidoscope du verbe, lieu de rencontre principal du bar, d’où il était même possible d’échanger trois mots avec la chanteuse de l’Illinois, assise derrière le comptoir, le souffle clair comme si elle venait seulement d’enchaîner quelques vocalises. « Rennes, la ville a l’air sympathique, je n’ai pas vraiment eu le temps de voir quoi que ce soit, mais ce que j’ai aperçu ici ce soir me suffit. Je donne un concert à Biarritz dans quelques jours, j’espère que le public sera le même « , raconte la rappeuse. Permettez-nous d’en douter.
Un peu après, les Stéréophonks DJs ont rallumé le flambeau, pas loin de s’être éteint. Apès une grosse intro, les quatre Rennais déroulent leur samples, réhaussés par quelques instruments, guitare et basse. Le béret vissé sur la tête, les touche-à-tout Marrrtin, Freshhh, AjaxTow et Deheb vont bricoler en choeur jusqu’au bout de la soirée.
Du Off en barre à la Cité
Un peu plus loin, rue d’Antrain, ambiance White Riots et The Clash. Dans une confusion totale, les policiers essaient de faire évacuer la route pour permettre aux pompiers d’intervenir sur un bâtiment en flammes, à quelques dizaines de mêtres de la devanture du Sambre, rempli comme un bus bolivien. C’est au bistrot de la Cité que se situe le point de convergence final, après que la plupart des concerts se soient terminés. Ici, Bar en Trans Off continue avec la Travaux Public’s Party, qui offre un excellent son aux platines. Ultra-bondé comme dans les bons jours, le bistrot vomit des gens jusque loin dans la rue. Certains, à l’intérieur, l’oreille collée aux enceintes et le corps en cascade, profitent des derniers instants d’une soirée qui touche à sa fin… sans jamais vraiment l’atteindre.
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