Vous pensiez le discours sur la violence vain et objet de tous les lieux communs ? Assistez donc au spectacle Quatuor Violence par la Cie des Divins Animaux proposé par le festival Mythos à la Parcheminerie… Vous serez surpris !
La violence du monde est cynique, perverse, quotidienne et permanente. C’est le gâteau trop chaud qui vous brûle le palais, c’est un couple qui en vient aux mains pour une sombre histoire de plat flamand cuisiné, c’est un vol de portefeuille en pleine rue, c’est manger un oignon cru et pleurer toutes les larmes de son corps, c’est apprendre qu’on n’a plus que deux mois à vivre, c’est une kyrielle d’opérations de chirurgie esthétique qui laissent des traces de marqueurs sur le visage, c’est la violence sexuelle d’un prédateur pédophile, c’est manger à pleine dents un citron et frissonner d’acidité, c’est supporter les névroses des uns et des autres et le réchauffement climatique, c’est le World Trade Center un 11 septembre…
Durant 1h15, les quatre comédiens égrènent sans mots férir des situations où la violence est toujours le fil conducteur. On se contracte, on sourit, on frissonne, on rit, on hume l’odeur du gâteau qui cuit durant le spectacle, odeur sucrée qui tranche avec les récits de violence que l’on entend…
Un spectacle aux multiples facettes où l’on ne sait plus parfois si les situations sont réelles ou inventées. Entre le tee-shirt Killer qui rappelle celui porté par T.J. Lane durant son procès, entre le texte A la Une de Jean Ferrat qui évoque les désastres de la TV poubelle ou entre la lecture d’aveux de terroristes, on se perd dans les méandres de la violence et de la barbarie. Et puis il y a ces regards des comédiens, immobiles sur le devant de la scène, qui nous observent, nous détaillent en mode inquisition visuelle. C’est troublant et déstabilisant, comme un face à face entre bourreau et victime où il ne faut surtout pas baisser les yeux ou détourner le regard.
Un public happé, désigné du doigt, appelé à mourir, en robe, chauve, sans maquillage, à telle date… Qui subit ce patchwork de violence et son escalade inéluctable. Peu d’artifices dans cette pièce, si ce n’est le jeu des acteurs qui s’époumonent, bavent, tapent du poing, pleurent, crient, s’énervent, s’embrassent et rient. Car au final, cette pièce sur la violence est tout de même étonnement drôle. Les faits présentés sont parfois tellement absurdes, les insultes proférées tellement grotesques que le public rit et provoque de lui-même cette catharsis salvatrice. Si l’humanité est de nature violente, l’être humain trouve comment lui échapper, ne serait-ce que le temps d’un rire ou d’un sourire.
Seul bémol pour nous dans cette pièce, l’évocation des attentats et du terrorisme qui n’apporte à notre avis rien de plus au propos. Un travail collectif et sincère en tout cas de la part de ces jeunes comédiens dont on suivra avec beaucoup de curiosité les prochaines créations.
Photos : Catherine Gaffiero – La Vie Invisible
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Festival Mythos (15-21 avril 2014)
Site de la Cie les Divins Animaux
Un résumé de qualité et une très belle écriture. La pièce donne faim !
@Jonathan_Tessier : Merci !