A vos marques, prêt, Maintenant ! : La programmation concoctée par Electroni[k] – Part I

Affiche Maintenant 2013 par Hell'O MonstersElectroni[k], c’est Maintenant

L’association Electroni[k] propose différentes manifestations à Rennes, notamment pendant le temps fort Cultures Electroni[k], renommé Maintenant (à ce propos, lire ici) autour des arts, de la musique et des technologies au travers de spectacles variés et souvent atypiques, mais toujours d’une réelle qualité artistique.

Chaque année, depuis 12 ans, Electroni[k] nous étonne avec des propositions souvent décalées : concerts sous l’eau, soirées clubbing débridées, concerts en pyjama, drive-in, concert de légumes, de haut-parleurs ou de machines à coudre, boums familiales ou concerts de musique contemporaine n’en sont que quelques exemples !

En plus des offres plus classiques, Electroni[k] s’attache ainsi à constamment expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public : des lieux apparemment incongrus (une piscine, un dojo, une maison de retraite…), des formats étonnants (des concerts subaquatiques, des installations qui s’écoutent sur des lits suspendus, des concerts au casque…). Et surtout, une volonté de s’adresser à tous les publics (clubbers, familles, [k]ids, geek fou d’expérimentation, mélomane averti ou curieux, personnes en grande précarité sociale…).

Bref, chaque année, on attend octobre comme Noël avant l’heure, persuadés que l’équipe d’Electroni[k] aura caché mille surprises dans sa programmation. Celle de cette année ne faillit pas à la règle. Petit tour d’horizon de ce que la facétieuse (si, si) équipe d’Electroni[k] nous réserve cet automne, et cela, entre le 15 et le 20 octobre.

La poésie du carton ?

Crédit photo Zimoun - zimoun zweifel - 200 prepared dc-motors 2000 cardboard elements 70x70cmAprès Herman Kolgen, Mira Calix et Robert Henke les années précédentes, c’est Zimoun qui sera l‘artiste-phare de cette nouvelle édition pour une résidence internationale.

Le plasticien sonore proposera ainsi deux installations dans deux lieux différents de Rennes : la création d’une œuvre monumentale au plafond de la salle Anita Conti aux Champs Libres (il sera pour ce projet associé avec l’architecte Hannes Zweifel) ainsi qu’une installation dans le patio du Musée des Beaux Arts de Rennes.

Fondateur, en collaboration avec Marc Beekhuis, de Leerraum (littéralement pièce vide), une plateforme d’échanges créatifs entre artistes, designers, architectes qui se réunissent autour d’une réflexion commune sur l’utilisation de matériaux, souvent minimaliste et radicale, l’artiste suisse travaille avec des matériaux simples, des cartons, des petits moteurs préparés, des balles de coton, de liège, des sacs en plastique, des ventilateurs… Afin de créer des architectures sonores minimalistes répondant à deux objectifs : celui de la construction d’un moment sonore, mais également celui d’une création dans l’espace d’une réelle architecture plastique.

Crédit photo - Zimoun - 60 medical infusion sets, water, fire, metal sheets 20x20x4cmAu Musée des Beaux Arts, c’est ainsi une tour de boîtes en carton équipée de dispositifs mécaniques simples qui accueillera les visiteurs. Zimoun aime à dire que ses installations sonores doivent se visiter comme on le ferait d’un building. C’est le son qui définit l’espace. Travaillant sur le rythme et le flux sonore, Zimoun parvient à évoquer des sons issus de la nature (pluie qui tombe, grondement de l’orage, crépitement du feu, parcours du vent…) par le biais des mouvements cinétiques des matériaux et objets issus de l’industrie utilisés. Mais l’artiste souhaite rester du côté de l’abstraction (les titres de ses œuvres se réduisent le plus souvent à la liste des matériaux utilisés, comme 111 prepared dc-motors, cardboard boxes 60x60x60cm), préférant évoquer que souligner, et laisser une part d’interaction au spectateur.

Aux Champs Libres, c’est une nouvelle création monumentale qui verra le jour. Et on doit avouer qu’on a hâte de découvrir ce que Zimoun et Hannes Zweifel nous réservent, tant la poésie et la magie qui se dégagent de ces œuvres est forte. On pense par exemple, à ce morceau de bois placé sous un micro amplifiant des woodworms ayant colonisé la branche, ou encore à ces perfusions suspendues au plafond programmées pour laisser tomber des gouttes d’eau sur de petites plaques de métal brûlantes, les crépitements de vapeur d’eau créant une longue pièce sonore délicate, ou ces petits carrés de cartons tournant et s’entrechoquant. Car si les œuvres de Zimoun sont aussi sonores que (parfois) monumentales, c’est également le mouvement qui les anime qui hypnotise le spectateur, telles ces balles de coton frappant en cadence les parois d’un blanc éclatant d’un tank cylindrique. Les créations de Zimoun semblent animées d’une vie propre et risquent bien de vous laisser les yeux et les oreilles écarquillés.

Nuit Américaine, le retour

2011-10-12-ELECTRONIK_Nuit-americaine-alter1fo-14Après le troisième et dernier volet des Nuits Américaines consacrées aux compositeurs minimalistes américains (Steve Reich, Terry Riley, Philip Glass, John Adams) qui concluait un cycle aussi jouissif que passionnant, on avait la larme à l’œil, tant ces soirées avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne avaient réussi à lancer des ponts soulignant l’influence du minimalisme américain (pour dire vite) sur les musiques électroniques actuelles (techno entre autres). Mais cette fin n’en était finalement pas réellement une, puisque l’association Electroni[k] a une nouvelle fois convié l’Orchestre Symphonique de Bretagne pour s’intéresser à la nouvelle génération de compositeurs américains, attachés à mélanger dans leurs œuvres musiques électroniques et orchestre.

Jeff Mills - photo presseL’Orchestre Symphonique de Bretagne interprétera ainsi en avant première mondiale Where Light Ends, composé par Jeff Mills, œuvre pour orchestre et dj, dédiée à l’astronaute japonais Mamoru Mohri. Le musicien, issu de la seconde vague des artistes techno de Detroit (après la fameuse triplette May, Atkins, Saunderson), également fondateur aux côtés de Mad Mike d’UR (Underground Resistance), mais aussi d’Axis, est depuis longtemps à l’origine de compositions qui dépassent le simple cadre de la techno (ciné-concerts, relecture de ses œuvres électroniques par orchestres, performances mêlant VJing et DJing, installations audiovisuelles…). The Wizard devrait très certainement nous filer des frissons.

On aura également la joie ineffable d’entendre en live certaines pièces composées par le plus que talentueux Nico Mulhy, qui, à à peine plus de 30 ans, a déja collaboré avec Philip Glass, Antony Hegarty, Björk, Bonnie Prince Billy, Grizzly Bear, composé un opéra (Two Boys), des musiques de ballet et une multitude d’œuvres pour voix, orchestres, piano, percussions et on en passe. Tout aussi passionnant, le travail du compositeur et dj (sous le pseudo Masonic) Mason Bates (parallèlement résident de l’orchestre symphonique de Chicago et de l’orchestre symphonique de San Francisco !) sera mis à l’honneur : le musicien américain parvient lui aussi à démontrer que les sons électroniques peuvent être les bienvenus dans la palette sonore de l’orchestre, notamment avec The B-Sides en 2009.

Maintenant 2013 par Hell'O Monsters

Têtes chercheuses irrésistibles pour les jambes des clubbers

Funkineven - Species epDurant deux nuits à suivre, Nuit Électronique 1 et 2, Electroni[k] va à la rencontre de nouveaux talents « qui façonnent l’avenir de la musique électronique (…) et interrogent le futur de la techno » . Nous retrouverons huit artistes emblématiques d’une recherche actuelle, qui parle tout autant à la tête qu’aux jambes. Dansez durant deux nuits sur un futur en train de s’écrire… Une première soirée à l’Ubu le 18 octobre verra se succéder Blondes, le duo de Brookyn formé par Sam Haar et Zach Steinman que le tout dernier opus Swisher propulse dans d’autres sphères, plus arides et distordues, mais particulièrement réjouissantes, mais aussi Steve Tony Julien, aka FunkinEven qui mêle acid, soul (Phoneline avec Fatima) et house et s’emballe sur des rythmiques parfois martiales aux snares dévastateurs (Beat Tunnel sur son dernier ep, Species), ou son compatriote Pàle à la deep house cotonneuse parfois teintée de hip hop sur ses collaborations ainsi qu’Ange, un rennais issu des collectifs Eumolpe et /RAW/, pour un live analogique.

Actress -photo presse Le lendemain, c’est à l’Antipode qu’un autre artiste issu du collectif Eumolpe, ouvrira la seconde nuit électronique. MSH, l’homme aux multiples casquettes et aux chimères époustouflantes, notamment connu sous le pseudo Mioshe pour d’autres réalisations, plastiques celles-là, prendra les platines, avant de laisser la place au Hollandais Delta Funktionen, amateur de clubbing un peu dirty et de techno/house old school (la filiation musicale avec Drexciya semble évidente à l’écoute de son premier long format, Traces, 2012). Tourné vers une électro house à l’ancienne tout en restant résolument moderne, John Heckle (Mathematics / Tabernacle/ Creme Organization / Signals) devrait comme à l’accoutumée dégommer le dancefloor avec talent si l’on en croit la réputation flatteuse qui le précède. Pour notre part, on est encore plus impatient d’entendre Actress, qui est sans conteste, l’un des plus talentueux compositeurs de sa génération. Le garçon nous a totalement vrillé la tête avec ses productions ambitieuses dont Splazsh en 2010 (album de l’année pour Wire, si on se souvient bien) qui l’a véritablement propulsé sur le devant de la scène et R.I.P. (2012), tout aussi acclamé. Il présentera son nouvel opus pour un live qui devrait marquer le dancefloor rennais.

2011-10-13-ELECTRONIK_ALCHIMIK-alter1fo-16Arts et Sciences au diapason

En plus des nuits clubbing habituelles, on retrouvera également une soirée mêlant arts et sciences. Depuis deux ans, l’équipe d’Electroni[k] change en effet la science en art sur le campus de Beaulieu avec un programme aussi époustouflant qu’exigeant. Cette année, on risque de s’amuser en ayant le vertige puisque Maintenant nous proposera de faire bouger des objets outre-Atlantique, et cela depuis Rennes, par la seule utilisation de tablettes numériques. Performance en téléprésence avec la Société des Arts Technologiques à Montréal, cette proposition sera également accompagnée par Bertrand Duplat, co-fondateur des Éditions Volumiques (studio d’invention, de conception et de développement de nouveaux types de jeux et jouets, basés sur la mise en relation du tangible et du digital) et l’artiste montréalais Manuel Chantre (créateur de performances et d’installations audiovisuelles).

On pourra également y découvrir Erratic, une performance audiovisuelle de Richard Eigner et Robert Seidel qui interroge le souvenir. Mêlant structures organiques (squelettes, organismes biologiques…) à des images fugaces de la capitale autrichienne, les deux artistes créent un tableau mouvant pour le moins étrange (parfois même morbide). On doit l’avouer, on n’a pas compris du tout en en regardant les extraits disponibles. On attend donc de voir la performance en entier pour essayer de comprendre où sont censées nous mener ces errances.

On retrouvera également une performance audiovisuelle de Freeka Tet dont on ne sait pour le moment pas grand chose, mais quand on se souvient que l’artiste arrive par un montage relié à des hauts-parleurs à faire se mixer les corps les uns aux autres ou qu’il utilise une brosse à dents pour des performances sonores bruitistes, on se dit qu’on devrait s’amuser.

BLABLA_copyright Vincent MorissetBla Bla de Vincent Morrisset est également basé sur l’interaction avec le spectateur. Le Canadien a en effet créé un conte interactif pour ordinateur illustrant les différentes étapes de la communication humaine. Grâce à chaque spectateur/acteur, qui clique, bouge la souris, le récit devient possible. Si vous ne faites rien les personnages restent immobiles. Ils  attendent la prochaine interaction pour se mouvoir et entrer en action. Ils communiquent alors avec leurs pairs avec de drôles de sons. Vous les faites aller, venir, changer de couleur, parler, pleurer, chanter, sauter dans un trou. C’est vous qui rendrez (ou non) l’histoire possible.

On est également très heureux de retrouver Vincent Broquaire qui avait signé le visuel et le teaser de l’édition de Cultures Electroni[k] 2012. Le garçon nous avait complètement scotchés, avec sa performance Screen to screen (notamment présentée aux Bouillants en 2011), aussi esbrouffante que jubilatoire. Le jeune artiste diplômé de l’ESAD de Strasbourg, membre du Bureau (non, ce n’est pas un meuble, mais un collectif d’artistes), joue sur les situations cocasses, les jeux de mots, les petits détails qui renversent avec une délicieuse absurdité le monde comme il va. Sabotages en règle, à la ligne graphique claire, les dessins et installations de Vincent Broquaire reposent souvent sur un changement de perception du monde, un carambolage délicat et subtil entre réalisme et absurde. On adore ! Pour cette nuit arts et sciences, il devrait présenter plusieurs applications.

 

Copyright BowerbirdDes journées pour les enfants, leurs parents… Et les autres !

Maintenant réserve deux journées pour les petits et les grands avides de découvertes colorées et malignes. Le mercredi ce sera un après-midi Super Mode réunissant le collectif Bowerbird (depuis leur sortie de l’école Duperré en 2009, Sarah Philouze et Johanne Simonet donnent naissance à de multiples créations colorées avec Bowerbird), Aline Brugel (c’est elle qui avait réalisé la scénographie de la Nuit Arts et Sciences de l’an dernier), Marie Theurier (jeune graphiste et illustratrice membre du collectif Coucou les Copains qui réalise également l’exposition SuperKingdom à la galerie DMA pour le festival, à partir d’une réflexion colorée sur le monde vivant ), Manon Riet (photographe), ainsi que le dj LG Rivales qui devrait amener petits et grands à se déhancher frénétiquement. Le thème de l’après-midi : réaliser un défilé de mode, dont les enfants seront à la fois acteurs et réalisateurs.

Le dimanche, Maintenant s’achèvera sur un Familles Electroni[k] où l’on retrouvera le musicien rennais aux compositions aussi délicates que fascinantes Les Gordon, mais également un stand qui devrait ravir les gourmands puisque Elshopo vous proposera de réaliser de la sérigraphie sur… crêpes (on est bretons, ou on ne l’est pas !)

Copyright Vincent Godeau -éclairer le mondeTout un chacun sera de même invité à participer à un atelier d’illustrations mené par Vincent Godeau (le graphiste et illustrateur Strasbourgeois propose également une magnifique installation, Eclairer le monde durant le festival à partir de papiers découpés éclairés- on en reparle très vite). Vous pourrez également découvrir un petit robot graphiste Spirogaffe, que l’on peut manier à trois ans à peine et que l’on peut construire dès 6 ans. Le collectif multimédia Lab 212 proposera pour sa part une animation interactive (Stop-it) qui devrait également plaire aux plus jeunes (mais pas que) d’entre nous : avec Stop-it, vous pourrez composer des morceaux de musique avec de simples post-it (chaque post-it – notez l’anagramme- de couleur représente un instrument, et plus vous le mettez haut sur un quadrillage pré-dessiné, plus la note est aiguë). On a essayé lors du Premier Dimanche Electroni[k] aux Champs Libres : c’est dantesque !

 Mais ce n’est pas fini !

En plus de tout ça, Maintenant proposera également une foultitude d’expositions disséminées un peu partout dans Rennes. Dans la foisonnante programmation du festival vient également se nicher une poignées de soirées particulièrement singulières. La série Expérience consacrée : «à la découverte de formes expérimentales et vitrine des avant-gardes» nous emmènera dans de délicieuses explorations. On vous en reparle dans les jours qui viennent. Histoire de réussir à attendre octobre plus facilement. Mais toujours aussi fébrilement ! Vivement Maintenant…

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L’association Electroni[k] présente Maintenant du 15 au 20 octobre.

Pour plus d’1fos :

– avant le 10 septembre : http://www.electroni-k.org/

– après le 10 septembre : http://www.maintenant-festival.fr/

 

 

 

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