Un voyage sonore tout sourire pour cette soirée d’ouverture de haute volée pour la 23è édition du festival du Grand Soufflet ! Entre le chant et les cuivres puissants de la formation autour de Ma Petite et les mélodies monstrueusement originales des Violons Barbares, le ton est donné pour cette nouvelle édition !
Un grand merci à Nico M Photographe pour les photos qui illustrent cet article !
On arrive un peu en retard sur le site du Festival, il commence à faire frais mais la lumière est encore incroyable pour ce début d’automne. Sous le chapiteau, les notes s’égrènent gentiment. Sur scène, une jeune femme et sept compagnons masculins, presque tous cuivrés, sauf l’accordéoniste et le percussionniste.
Le Quartet Ma Petite offre un répertoire aux textes puissants portés par les cuivres présents sur scène : un saxo, une trompette, un tuba, un cor d’harmonie et un trombone. S’y ajoute une percutante batterie et ce tout forme Le Moulin des Roses. De quoi porter tous ces textes de femmes sur les femmes et ces histoires qui prennent aux tripes et qui sont chères à Perrine Vrignault. Laquelle semble d’ailleurs assez émue d’ouvrir le Festival du Grand Soufflet qui met à l’honneur à la fois ces histoires de femmes du Poitou mais aussi de nombreuses artistes féminines.
Blanche est incontestablement le morceau qui nous laissera une trace indélébile. Une histoire visiblement très présente dans les chansons traditionnelles, d’une jeune femme malmenée par trois capitaines, qui fait la morte pour survivre et sera enterrée vivante. La voix de Pauline Vrignault transperce le public, le flot sonore cuivré porte haut les paroles de cette terrible histoire. Une chanson qui a donné incontestablement des frissons et a ému l’ensemble du chapiteau…
Un beau concert porté par des musiciens brillants, une alliance des textes populaires traditionnelles à une interprétation musicale moderne et poétique et une voix incomparable.
Des sonorités venues d’ailleurs sous un chapiteau plongé dans l’obscurité annoncent Violons Barbares. La gadulka de Dimitar Gougov et les percussions de Fabien Guyot sont pêchues et scandées par la voix de Dandarvaanchig Enkhjargal, une voix venue des profondeurs… Scaly Lover, premier morceau de leur dernier album Monsters and Fantastic Creatures sorti en 2023, ressemble à un chant irlandais émoustillé par la Guinness. Dandarvaanchig Enkhjargal joue de son traditionnel morin khoor comme s’il s’agissait d’une guitare électrique ! Le ton est donné et le public est appelé à voyager…
Un grand parcours chez les monstres et créatures fantastiques présentés par le bulgare Dimitar Gougov qui parle un français impeccable ! Après la femme amoureuse d’un dragon, place aux vampires ! Vampir Talasami narre une histoire en plusieurs langues, constellée de hurlements. On oscille entre rock et tonalités slaves. Dandarvaanchig Enkhjargal tressaute sur son assise et fait harmonieusement grincer son violon à tête de cheval comme personne !
C’est au tour d’un monstre mongol de prendre vie sur scène : il a un nom imprononçable (débrouillez vous avec ce titre : Arvan tavan tolgoitoi atgaaljin har mangas), 15 têtes et mange tout sur son passage. Les trois artistes sont drôles et interprètent avec fougue et malice chaque morceau, incarnant chacune de ces figures fantastiques. Non content de maîtriser la gadulka avec dextérité, Dimitar Gougov joue avec grâce du kalimba. On plonge instantanément dans un imaginaire aux voies gutturales. Très peu d’instruments sont présents sur ce morceau mais la puissance évocatrice de ces derniers est assez hallucinante. Le monstre s’agite sous nos yeux, prend du rythme et de l’ampleur…
Dimitar Gougov reprend la parole pour présenter un nouveau monstre, inventé par le pouvoir, pour apeurer les foules et mieux les contrôler (toute ressemblance… blablabla…). Une chanson en allemand, langue qui selon lui, permet de mieux scander les interdits. Dirty Days est un morceau enlevé et dansant, la langue de Goethe n’est en effet pas un frein à l’amusement !
Crystal Ghost apaise le chapiteau avec ses boucles hypnotiques de vièles et ses vocalises supra-hautes. Comme une voix de femme pour un morceau sans paroles qui finit dans un bruissement. Modern Mangas nous fera vibrer jusque dans nos tripes avec ces voix graves et ce rythme lancinant. Krushovitsa (de l’album Wolf’s Cry sorti en 2018) vient nous sortir de notre torpeur. L’alcool de poire bulgare, rien de tel pour sortir d’un rêve éveillé ! Quant au cri du loup (Wolf’s cry), il met simplement le chapiteau à feu et à sang. Morceau qui tonitrue, crie, virevolte à souhait, nous entraînant dans sa suite et dans sa course animale. La capacité de ces trois artistes à changer de registre et d’atmosphère à chaque morceau est assez incroyable. Leur virtuosité musicale nous épate et on reste baba face au chant diphonique et au bourdon chamanique. Horse Galop, de leur premier album éponyme Violons Barbares sorti en 2012, nous entraîne sur les steppes mongoles. Le hennissement de violon, vous connaissez ? vous devriez vivre cette expérience ! Le cheval file et le percussionniste (se) joue des casseroles et des saladiers.
Retour en 2023 avec Olelia et le rituel du feu purificateur en Bulgarie. Ou quand trois voix, une batterie et deux violes, des tonalités balkaniques enlevées, suffisent à faire remuer tout un chapiteau. Le public en redemande ! Un rappel et deux morceaux à l’énergie débordante, avec cours de danse improvisé par Dimitar Gougov et un Djore Dos de leur premier album Saulem Ai (2014) très enlevé…
Un moment chaleureux et un concert monstrueusement apprécié. Le trio est impressionnant de virtuosité et de créativité sonore. Une belle proposition pour l’ouverture du Festival, toujours prompt à satisfaire nos oreilles avides de découvertes musicales. Merci le Grand Soufflet !
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