Lucas D’Amour-Léger – Thierry Tuborg

Thierry Tuborg se moque de nous. Le plus punk des romanciers français, nous livre son nouveau roman et il ne glisse même pas une allusion ou une référence à notre scène musicale préférée. C’est le monde à l’envers. Celui qui a été le chanteur des pionniers punks bordelais, Stalag, puis de Stalingrad entre 2004-2008, plante un surin dans le flanc de la frange la plus agitée de ses lecteurs. Rassurez vous, le personnage principal de ce livre, Emmanuel Nash est un auteur dont la carrière aurait plus à voir avec celle de Darby Crash des Germs, que celle d’Elton John, si vous m’autorisez la comparaison.

Lucas

Le roman débute sur le crime odieux d’une jeune adolescente. Le hic, c’est que le modus operandi de l’assassinat est le même que celui d’un criminel, Lucas D’Amour-Léger qui est déjà sous les verrous. Mis à part les autorités, les 2 seules personnes qui connaissent les détails des crimes de Lucas D’Amour-Léger, sont Emmanuel Nash et son éditeur Guy Louisiane qui sont sur le point de publier la biographie du tueur.

Pour son nouveau roman, Thierry Tuborg s’éloigne donc du milieu rock pour dresser un portrait peu reluisant du monde de l’édition où le costard-cravate remplace le perfecto élimé. Ici on est loin des ténors des grandes maisons de l’édition, on navigue au sein d’une petite maison qui édite ses livres de manière presque artisanale, mais les impératifs chez les petits sont les mêmes que ceux des grands, le nerf de la guerre, c’est la vente. Si on rajoute que l’auteur et l’éditeur vont se retrouver à s’accuser mutuellement, on frôle rapidement la crise de nerf. Mais si ni l’un ni l’autre n’ont commis le crime, ne devraient-il pas unir leurs forces plutôt que de se tirer dans les pattes ?

Stalingrad-tuborg

Comme toujours, la lecture d’un roman du plus houblonné des auteurs montpelliérains est un moment privilégié. En plus de son style fluide, le texte est agrémenté de ces mille petits riens qui ponctuent la trame de l’intrigue, comme les déboires de Rod Steward, le vieux chien dépressif de Guy Louisiane. On imagine bien Rod The Mod, sous les traits de ce pauvre chien qui a désormais du mal à se bouger sans sa dose quotidienne de stimulants qu’ils soient légaux ou non …. Ou encore, Lucas D’amour-Léger, sosie de feu Joe Cocker, le rocker épileptique anglais dont la carrière vient de connaître le dernier mais meilleur soubresaut. Enfin, si Thierry Tuborg délaisse les références punk-rock, il réussit la prouesse de citer Lady Gaga ou encore mieux, Shakira, la chanteuse préférée du tueur en série. Mais musicalement, les premières amours de Thierry Tuborg, ne sont pas les musiques électriques vouées au diable, mais le piano classique. On aura le droit, en autre à la première Gymnopédie de Satie, clin d’œil à sa propre biographie ciblant les folles années Stalag.

Le dernier opus de Sir Tuborg se déguste comme il se doit avec une bière glacée venant d’un royaume nordique, ce qui est la moindre des choses pour profiter pleinement de ces températures estivales. On attend donc impatiemment Monsieur, votre prochaine, 11ème livraison.

thierry-tuborg
Liens
http://www.thierrytuborg.fr/

« Au désarroi et au sang ! »

Rock And Roll Psychose !

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