Vous étiez juillettiste et vous avez grommelé sous la grisaille ? Vous êtes aoûtien et vous avez eu chaud, puis froid, puis trop chaud, puis froid et humide ? Vous n’êtes pas en vacances ? Vous avez déjà pris le train ? Quel âge aviez-vous la première fois ? (que vous avez pris le train, ndlr !)
Prenez le temps de vous arrêter là, sur 5H22… Non, pas « pendant » 5h22, mais sur ce petit bouquin qui, l’air de rien, s’y connaît en décrassage de zygomatiques.
Peut-être que ça ferait moins (sou)rire les pairs de Nell et Tobias, les deux héros de ce train trip ?… D’ailleurs si vous avez autour de vous d’adorables jeunes gens entre 12 et 16 ans, ça doit valoir le coup de les tirer de leur nuage virtuel pour voir si ça grogne ou se marre en se reconnaissant plus ou moins entre les mots de Séverine Vidal (qui doit bien avoir un ou deux spécimens authentiques sous la main) et les traits parfaitement accordés d’Estelle Billon-Spagnol.
11 épisodes, très courts, rappelant le fonctionnement des séries avec un petit « previously on… » qui tourne les choses à l’humour au second degré pour qu’on sache bien où l’on (en) est (tombé). Il y a des dialogues avec et sans bulles, de la musique (pas mauvais choix en plus), des sms, du journal intime, un photomaton, du magazine féminin, des sandwiches, des joues qui rougissent, des yeux verts et surtout de l’amour !
Bien sûr chacun prendra la conclusion un peu raide comme il voudra. En attendant, on aime, parce que ça rappelle les gribouillages inspirés sur les bancs du collège ou du lycée (sur des cahiers pour les moins transgressifs ou les plus prolixes) – madame l’illustratrice, ceci n’est rien de moins qu’un compliment ! – , parce que les personnages sont bien campés, la demoiselle très à l’aise dans ses baskets (et ses rollers), le jeune premier rebelle seulement de la mèche (on a presque pitié pendant la scène maternelle avant le départ du train), parce que le décor quasi fixe n’empêche pas les changements de points de vue et les zooms sur un écran, un regard ou une page en couleurs.
On regrette juste une petite chose : le site des éditions Frimousse semble difficile à manipuler et manque d’infos sur leurs publications. Pour le reste, c’est imprimé en Europe, si l’on peut faire la fine bouche sur l’approximation géographique et le non dit (qui en dit long ?) sur le papier et l’encre, on fonce quand même pour le plaisir ! Et on ne dit pas qu’on n’y retournera pas, parce que notre coeur fait « boum boum » quand on nous dit des « petits noms d’amour »…
5H22, Séverine Vidal et Estelle Billon-Spagnol, éditions Frimousse, 2012, 9€90.
il est trop cool