Dans le cadre du festival Mythos, Olivier Mellano et ses invités nous ont offert une splendide cinquième édition de la Superfolia Armaada ce mardi 17 avril au Grand Logis.
Après avoir accompagné le grand Rodolphe Burger l’année dernière, le talentueux guitariste Olivier Mellano était de retour lors du festival Mythos pour une cinquième édition de sa Superfolia Armaada. Un projet fou qui fait le pari de mêler des univers radicalement différents au sein d’une même représentation unique. Après une première édition à Morlaix il y a quinze ans, puis Arras (2008), Allonnes (2012) et Villetaneuse (2013), Olivier Mellano et ses talentueux amis se retrouvaient (enfin!) dans la région rennaise, sur la scène du Grand Logis à Bruz. On connaissait l’incroyable line-up inédit, mais nous n’avions aucune idée de la setlist, ce qui renforçait notre impatience.
Ce concert d’un soir débute avec Nicolas Dick et sa guitare lap steel, pour une intro atmosphérique et délicatement noisy. Vient ensuite le maitre de cérémonie, Olivier Mellano, accompagné de l’incontournable Régis Boulard à la batterie, pour présenter au public leur projet en duo NO&RD (pour Olivier MellaNO et Régis BoulaRD). Autant vous le dire tout de suite, on s’en veut terriblement d’être passé à côté de cette sortie il y a 2 ans : la montée post-noise sur One nous a laissé des frissons et l’abrasif Dr Cappucino nous a surpris par la maitrise de sa fougue. La jazzmaster d’Olivier dialogue avec la batterie de Régis, entre improvisation et mélodie addictive : si, vous aussi, êtes passés à côté de ce duo, nous vous invitons à l’écouter d’urgence ici.
Après avoir marqué les esprits lors du récent festival des Embellies, on retrouve avec bonheur Suzy Le Void aka Miët : les boucles de sa basse sur l’excellent Blame s’achèvent sous un déluge sonore malicieusement maitrisé. En revanche le duo britannique Tomaga se révèle être une totale et réjouissante découverte : la batterie de Valentina Magaletti et la basse de Tom Relleen produisent un rock expérimental terriblement groovy et totalement inclassable. Dans la catégorie « on ne les présente plus », il y a bien entendu l’immense John Greaves (chant, basse), fidèle depuis le début du projet, et qui nous régale de son chant habité, déclamé comme un poème, comme sur l’excellent Summer on Ice.
On a également retrouvé le guitariste des Cocteau Twins, Robin Guthrie, pour un solo atmosphérique au milieu du set : un moment assez suprenant mais qui prend complètement sens lorsqu’il est rejoint par le merveilleux Brendan Perry (Dead Can Dance) sur l’aérien Song to the Siren. Un frisson de bonheur parcours le public lorsque le quatuor Perry – Mellano – Tomaga lance les premières notes d’A Passage in Time, suivi du merveilleux The Trial. Brendan Perry nous surprend encore par l’amplitude de sa tessiture vocale et la chaleur de son grain unique. Sans oublier le duo inédit qui nous aura collé une intense décharge émotionnelle sur le très joli Song X de Kyrie Kristmanson : quand la voix délicieusement soul de Kyrie rencontre l’inégalable toucher jazzy de Régis Boulard, on assiste à un moment suspendu offert par ce duo somptueux et complice.
Mais que serait une Superfolia Armaada sans la revisite des compositions du prolifique Olivier Mellano ? Fort logiquement, Olivier a laissé une place majeure à son projet musical du moment, MellaNoisEscape qui mêle les dissonances rentre dedans de la noise mais en gardant des formats de morceaux pop. On avait eu l’occasion de découvrir MellaNoisEscape a plusieurs reprises lorsqu’Olivier présentait son premier album en solo (au Jardin Moderne ou encore lors de son incroyable No Escape ! lors des TransMusicales pour 15 concerts aux quatre coins de la ville). On redécouvre avec bonheur l’excellent Fix Time ou encore So Wide, joué de manière collégiale en clôture de cette Superfolia Armaada, sans oublier le désormais classique Dead Sparkling Stars, dans une très belle version avec Kyrie Kristmanson. Mais on a surtout eu le plaisir de découvrir de nouveaux titres du second album de MellaNoisEscape, avec Valentina Magaletti à la batterie et Suzy Le Void à la basse : le trio nous a clairement donné une furieuse envie de découvrir ce nouvel album (en cours de finalisation, on vous tiendra au courant dès sa sortie).
Si l’on devait retenir une seule image de cette foisonnante édition, ce serait probablement le plaisir d’Olivier Mellano, jouant de sa jazzmaster tout en étant spectateur du splendide duo Brendan Perry/John Greaves sur la reprise du Working Class Hero. Un immense merci, Monsieur Mellano, de nous avoir offert ce moment magique et unique avec cette pléiade de talentueux musiciens. Longue vie à la Superfolia Armaada !
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