La 20eme Route Du Rock se termine sur un bon bilan artistique , comme statistique (presque 20 000 entrées) avec des retours artistiques plus que positifs (voir ici)
L’affiche était, comme à l’accoutumée, prestigieuse, les artistes pour la plupart accessibles et les passionnés ainsi que les bénévoles étaient au rendez vous.
Malheureusement, le temps passe et les (mauvaises) habitudes restent, même si le festival reste exigeant côté programmation, les coupes budgétaires mettent à mal son organisation, cela au détriment des artistes et des festivaliers.
La “Route” semble souffrir, comme bien des festivals “installés” , du lourd contexte local et financier actuel, les bailleurs de fonds publics diminuant leurs aides à la culture.
Le volet Business
Il est certes dû au contexte de financement public difficile qui laisse la part belle aux “partenaires“ , n’hésitant pas à colorer de leurs couleurs bars, et abords, dénaturant de leur noms les lieux (comme la plage du bon secours ou les années précédentes le palais du grand large) désorientant encore plus le festivalier.
Il est aussi quelques largesses devant lesquelles l’organisation se trouve contrainte de plier au risque de désorganiser encore plus la mécanique capricieuse qu’est l’accueil du public.
On est certes loin du “tapis Converse” où seuls les porteurs de la célèbre marque de chaussures avaient un droit de passage accéléré, mais que dire de la marque de soda qui se trouvait autorisée à se promener avec le festivalier en bouteille 33cl au grand dam de la préservation de l’environnement imposant gobelet consigné ?
Il est clair que pour des raisons financières, les sponsors profitent de la faiblesse des festivals pour imposer leurs délires marketing. Aux organisateurs de festivals de faire front, assez difficilement vu le désengagement des institutions culturelles et locales.
Le volet écolo….
Il va de soi qu’on ne peut critiquer le passage aux gobelet consignés, mais cela ne fait pas une conscience environnementale. On ne revient pas sur le chapitre business, mais il est à noter que de plus en plus de festivals sont exigeants sur la façon de gérer un site naturel, pour des raisons économiques parfois !
Proposer des toilettes sèches offre au festivalier un confort incommensurable et permet des économies d’eau et de nettoyage sans commune mesure aux cabines en plastique qu’il faut “vidanger” au petit matin par exemple.
Mais aussi, faire tourner les groupes électrogènes, gourmands en carburant, pour éclairer en plein jour, “labourer” au quad un site déjà pas mal mis à mal par la pluie prouve bien que la préservation et l’environnement et du site n’est pas dans les priorités des organisateurs.
Dans l’accueil du festivalier, il est des choses qui ne trompent pas comme le prix des « succulents » repas, la qualité des prestataires, de leur produits, … Le ton est peut être un peu ironique, mais le propos n’est pas culinaire mais économique. Là aussi, on se retrouve dans une impasse économique car les prestataires (excepté les bars) présents sur le site doivent – c’est assez général dans les gros festivals – payer leur emplacement au prix fixé par l’organisation. Ce prix, donc, le choix des ces gargotes ambulantes, est donc une conséquence des moyens financiers. Malheureusement pour le festivalier soucieux de son porte monnaie et de ses intestins…
Il est de “gros” festival parfois et souvent de petits, qui à notre grande joie, portent une particulière attention à la nourriture servie et même pis ! Proposent des repas simples, “bio” et souvent nourrissants pour la même poignée d’euros (citons Agitato à Rennes ou, partiellement, le Festival du Bout du Monde de Crozon).
La prévention….
Encore un point noir, où sont les stands de prévention? Exceptés quelques bouchons d’oreilles au bar et une tente anonyme à l’entrée du parking, ces stands indispensables étaient les grands absents. La prévention, auditive, sexuelle et surtout alcoolique du festivalier devrait être une priorité… Donc no-sex, no-drug et gendarmerie’n roll étaient au programme à la place, puisque le stand de contrôle mis en place par les serviteurs de l’état en bleu était présent – c’est désormais chose courante au sortir de pas mal de festivals – …
Le son
Autre volet en passe d’amélioration, c’est le son, le son… Sur un site en plein air en 1991, rien à redire ! Mais en 2010, les groupes ont évolué, les technologies (basées sur les infra-basses), la qualité des compositions font que, exceptés quelques rares concerts (citons les Foals, The National , Massive Attack, …), bien des concerts se sont retrouvés englués, non pas dans la boue mais dans une mélasse sonore trop forte. Le grand perdant restant Yann Tiersen et surtout ses malheureux choristes et cuivres, inaudibles et couverts par un déferlement de basses… Dommage, mais là aussi, manque de moyens ?
Sur ce point citons les Transmusicales ou le Festival du Bout du Monde de Crozon, qui ont, ces dernières années consenti un effort non négligeable sur la qualité sonore des concerts. Au grand bonheur des festivaliers et des artistes…
Le contexte local
Il est inutile de tancer l’organisation du festival, car on les sent pris en otage (si l’on écoute l’interview de Francois Floret, co-programmateur ) par des imbroglios politico-clochemerlesques.
Le festival jouit d’un site exceptionnel, mais mal entretenu et se targue d’être à Saint Malo à… plus de 15 Km !
Pourquoi ? Parce que Saint Père Marc en Poulet, commune chargée de son entretien est une petite commune, ayant peu de moyens. Est ce parce que le maire de Saint Père, Jean Francis Richeux, n’est pas de la même famille politique (MODEM) que celui de Saint Malo (UMP), René Couanau, et par conséquent la préservation, l’entretien du Fort, les travaux colossaux à réaliser pour en faire un VRAI site de festival(s) ne sont pas des priorités pour les autorités locales influentes, notamment malouines.
Et pourtant le nom du festival est associé à la grande ville corsaire... qui n’accueille sur son sol que des animations de plage, des soirées en boîte de nuit (L’Escalier, établissement privé ) et des concerts en après-midi au Palais du Grand Large.
Le symptôme de cette désaffection des autorités malouines est bien visible dans cette édition 2010, puisque le sponsor finançant les après-midis au Palais ayant fait défaut, les organisateurs se sont retrouvés dans l’impasse et par conséquent n’ont pu organiser qu’une seule après-midi à un tarif assez élevé (21 euros sur place).
La raison résidant dans le fait que le Palais, pourtant propriété de la ville, est une association non subventionnée et facturant ses prestations au prix fort.
La municipalité aurait gagné en image et en panache à aider le festival, à conserver ces après-midis musicaux au Palais preuve en est que, plus le festival à proprement parler est loin de la ville, mieux l’électorat malouin se porte…
Ce qui revient à dire que le festival n’a sa place à Saint-Malo .. que sur les dépliants touristiques !
Remettre en cause
Il est donc temps, pour les organisateurs de remettre en cause, non pas que le nom du festival, mais certaines choses qui le rendraient sans doute plus conforme à ses ambitions, à savoir, un festival exigeant artistiquement et structurellement.
Enfin tout n’est pas sombre, l’investissement de ses bénévoles, le soutien d’un grand nombre d’associations (dont la nôtre !) et des artistes font la renommée et les efforts démesurés de l’équipe-organisation en font un festival exceptionnel qui survivra encore vingt éditions de plus… On le souhaite…
Retrouvez notre dossier sur la Route du Rock.
A notre aussi les petits désagréments comme la navette St-Père – St-Malo, prête à rendre l’âme, qui roulait à 20km/h sur la bande d’arrêt d’urgence de la 4 voies, pour finalement nous lâcher à l’entrée de St-Malo…
pourquoi la 19ème ?
En fait, c’est la 20ème édition, mais les 20 ans ne seront qu’en hiver…
Donc là, on fêtait la 20ème édition, mais pas encore les 20 ans…
euh, on va dire qu’on est dans la 19ème année… Mais pour tout dire, avec les éditions d’hiver, on sy perd… Bref, on s’en tient au compte de la Route du Rock ! C’est expliqué sur le programme en édito, si je me souviens bien…
Apres enquete ….20eme d’eté et 19eme année. donc officiellement 20eme édition.Les 20ans d’existence seront en 2011. Rien que ca, ca méritait un article !
Pour rajouter un élément au lourd dossier de l’aménagement du fort le commentaire F.Floret sur le forum (non officiel) de la Route du Rock:
http://routedurock.free.fr/forumrdr/viewtopic.php?pid=3626#p3626
et je cite : « ‘j’enrage d’assister impuissant à ces enfantillages surréalistes dont nous sommes à chaque fois victimes ».
Et que dire de l’organisation piteuse des navettes. Sur la brochure un bus toutes les 30 minutes. Dans la réalité un bus toutes les 1h30 (attente sous la pluie) et bataille de coude pour enfin pouvoir s’y insérer. Au prix de la place, il est déplorable de devoir rater certains concerts pour ne pas avoir mauvaise conscience de prendre sa voiture.
C’est pas faux…mais faux pas caricaturer non plus et puis soyons honnêtes : entre 1 quad (utilisé pour travailler) et les pieds de 20 000 festivaliers, lequel des deux laboure et massacre le plus le site???
A bon entendeur…