La Route du Rock s’est terminée dimanche soir sur un bilan plus que positif concernant le nombre de festivaliers : pic d’affluence le samedi, sûrement dû à la présence de Massive Attack, 20 000 personnes présentes sur les trois jours... Le nombre d’entrées dépasse fort honorablement celui de l’année dernière.

On aurait pourtant pu craindre une affluence moindre le samedi en raison des conditions climatiques, qui, comme à leur habitude malheureusement pour La Route du Rock, sont venues perturber le festival. La pluie continue le samedi toute la journée a transformé le fort Saint Père en piscine de boue. Les festivaliers ont souvent passé la soirée les pieds trempés à moins d’avoir prévu, comme les habitués, les bottes en caoutchouc ou à défaut les chaussures de marche ou les sacs plastiques sur et dans les chaussures. Un festivalier nous faisait néanmoins remarquer : « une Route du Rock sans boue, c’est pas vraiment une Route du Rock ! » En revanche, si le Fort était difficilement praticable, la pluie a laissé le public à peu près au sec les soirées qui ont même été ensoleillées vendredi et dimanche (on n’oubliera cependant pas le déluge pendant la prestation de Martina Topley-Bird en tout début de soirée samedi !)

On se souviendra longtemps de la prestation sublime des National venus pour la troisième fois à la Route du Rock. Sous ses atours accessibles, la musique des Américains recèle une subtilité et une classe très au-dessus de la moyenne. La voix de Matt Berninger donne des frissons et plusieurs fois, on l’avoue, on a dû s’essuyer les yeux discrètement. Une bonne partie du public venait spécialement pour les voir ce soir-là, notamment deux festivaliers ayant fait la route depuis Milan ou un jeune homme les suivant sur leur tournée en France que le groupe a fait monter sur scène sous les applaudissements. Et lorsqu’on s’est promené pour recueillir les impressions sur le festival et les prestations qui avaient été les plus appréciées (voir plus bas), le nom qui revenait le plus souvent était celui des Américains. Pour nous en tout cas, la grosse claque de la soirée de dimanche !

Deuxième nom avancé par le public : Massive Attack. Tête d’affiche du samedi, mais on pourrait aussi le dire du festival, les hommes venus de Bristol ont assuré un show très professionnel et très impressionnant visuellement. Bien plus convaincant en tout cas que les Flaming Lips qui commencent par la fin et compensent la platitude de leurs compositions par une débauche d’effets visuels (chanteur marchant dans une bulle sur les bras du public, ballons, confettis et autres accessoires à portée de main). Ca fait certes de jolies photos. On aura préféré pour notre part les quelques minutes magiques où Josh T. Pearson (de Lift to Experience) aura interprété quelques titres à la guitare acoustique, seul, juché sur les remparts du fort ou les Thus:Owl qui remplacent au pied levé Ganglians (blessure du guitariste) avec leur pop baroque qu’on se promet de ré-écouter.

On retiendra aussi la furie maîtrisée des Liars tout comme l’énergie des Foals qui retournent le Fort en un tour de main. Très bonne surprise aussi que la prestation des Rapture qu’on avait un peu précipitamment rangés dans la case des groupes hype surfaits. On s’excuse platement : ces gars-là sont impeccables et ont clôturé la soirée de dimanche avec brio. Entre punk-funk, électro tribale et rock, ils ont fait montre d’une maîtrise impressionnante des ambiances. D’ailleurs, on remarque que cette année, les fins de soirée ont toutes été particulièrement réussies ! Qu’il s’agisse des Rapture, donc, des pétillants Two Door cinema Club et We have band ou du plus que talentueux Caribou, les festivaliers ont apprécié et sont restés en moyenne plus nombreux que les années précédentes à ces heures tardives.

Question grâce et charme, on retiendra les sourires et la voix de velours de Martina Topley Bird dans sa robe rouge éclatante, mais aussi la prestation d’Owen Pallett.

Véritable découverte du festival pour certains festivaliers, confirmation pour quelques uns d’entre nous, le jeune Canadien a stupéfait le public par sa maîtrise technique et sa fougue mélodique. Fort à parier que beaucoup iront écouter ses disques dans les jours à venir.

Côté déception, à part les Flaming Lips (mais soyons francs, en attendait-on quelque chose ?), les Archie Bronson Outfit qu’on appréciait pourtant sur disque ont livré une prestation honorable mais bien moins tranchante qu’on l’aurait espérée. De même, le projet de Dust Lane Inc de Yann Tiersen a pour nous manqué d’épaisseur malgré le nombre de musiciens de talent présents sur scène. Malgré une semaine de résidence à l’Antipode, on imagine qu’un temps plus long de préparation aurait peut-être permis de donner plus de relief  à la prestation. Cela dit, le public a apprécié. Mais la plus grosse déception reste tout de même l’annulation du concert de DM Stith (coincé dans les embouteillages entre le fort Saint Père et le Palais du grand Large, ça ne s’invente pas !) dont on attendait beaucoup.

Le bilan musical de cette année est donc globalement très positif (pour le détail des soirées voir ici pour vendredi, là ou encore là pour samedi et par-là pour dimanche), une programmation de qualité a permis à tous de s’y retrouver et très sincèrement, quand on a interrogé les festivaliers sur leur bilan de ces trois jours, on n’a pas eu un seul commentaire négatif. Quelques regrets, parfois, mais c’est tout. Et globalement, toujours les mêmes réponses : un petit festival à taille humaine, une programmation de qualité et un esprit convivial et chaleureux. Seuls Romain et Bertrand trouvent que le public  a été un peu mou et a parfois manqué d’entrain, mais sont globalement satisfaits de ces trois jours. On rigole avec trois anglaises qui nous disent elles aussi tout le bien qu’elles pensent de The National et du festival mais regrettent le temps pluvieux ! On repense en riant à Martina Topley-Bird, qui, devant le public engoncé dans des capuches, s’excusait pour l’ « english weather » … Alors Mesdemoiselles !

ECOUTEZ le bilan de quelques festivaliers  :

(Montage son : Caro)

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