On attendait la pluie, le froid une fois la nuit tombée, mais non, cette première soirée s’est déroulée sans une goutte d’eau malgré les promesses des prévisions météorologiques. Les festivaliers étaient bien équipés (k-way, chaussures étanches, pulls, vestes ou « jeu sur les épaisseurs ») et étaient prêts à en découdre. Ils n’allaient tout de même pas fuir cette première soirée de La Route du Rock par peur de quelques gouttes !
D’autant que si la météo n’a pas tenu ses promesses (et c’est tant mieux !), les artistes programmés ce soir ont fait le contraire. On attendait beaucoup d’Owen Pallett, Caribou et Liars. On n’a pas été déçu ! C’est pour nous le tiercé gagnant de la soirée…
Ce sont les Dum Dum Girls qui ouvrent le festival face au soleil dans un Fort qui commence à se remplir. Sur les remparts, la chèvre se rapproche et regarde d’un air un peu interloqué les quatre musiciennes en mini-jupes et bas résilles en contre-bas. Leurs vignettes rock mâtinées de pop sixties font entendre leurs influences : Blondie, un peu de garage, un peu de girls group, un pincée de girrrrls rrriot.
Les quatre américaines sont carrées et affichent une certaine maîtrise du sujet. On regrette néanmoins qu’elles ne s’affranchissent pas un peu de leurs influences et que leurs morceaux ne cherchent pas à innover davantage. Cela dit, elles ne le revendiquent pas et ne prétendent pas faire du neuf. Honnête donc.
C’est ensuite au tour d’Owen Pallett. Le jeune canadien nous avait fait forte impression lors de son premier passage à la Route du Rock, il y a quelques années au Palais du Grand Large. On avait ensuite suivi avec beaucoup d’intérêt la suite de ses aventures (voir le focus sur Owen Pallett ici), qu’il s’agisse de ses albums solos (le magnifique Heartland paru en début d’année entre autres) ou de ses collaborations en temps qu’arrangeur (pour ses amis d’Arcade Fire, ou Beirut , Grizzly Bear…).
On se demandait un peu de quelle manière le jeune homme allait réussir à retranscrire la richesse de son dernier album sur la scène sans orchestre symphonique... Et bien, vous le croirez ou non, mais tout seul avec son violon, sa pédale de boucles et son clavier et un seul autre musicien (guitare, toms de batterie), Owen Pallett a réussi à faire croire parfois qu’ils étaient bien plus nombreux sur scène.
En quelques années, le jeune homme a encore gagné en maîtrise technique et la limpidité de son jeu (alors qu’il se sert d’une multitude de boucles qu’il enregistre au fur et à mesure et que les mélodies sont étonnement complexes) est époustouflante ! Le public est conquis. Devant nous, une jeune femme se retourne vers ses amis les yeux éblouis : « c’est magnifique ». Et elle n’en revient pas. Beaucoup de festivaliers sont dans le même cas.
Le set du canadien mélange des titres de ses trois albums, souvent réarrangés pour la scène, et alterne les envols mélodiques, les moments plus intimes et les montées d’intensité. Sa maîtrise vocale et son interprétation parfois théâtrale (comme lorsqu’il crie/chante à travers le micro à l’intérieur de son violon) finissent d’emporter les suffrages. D’autant qu’il finit son set par une reprise d’un morceau de Caribou qu’on n’aurait jamais pensé pouvoir être réarrangé de cette façon… Et bien, se dit-on, cette soirée commence bien.
Yann Tiersen présentait en exclusivité son nouveau projet Dust Lane pour le public de la Route du Rock. En résidence à l’Antipode cette semaine, le musicien avait choisi de réunir une petite quinzaine de musiciens (Laetitia Sherriff, Matt Eliott, entre autres) autour de lui pour donner vie à ce projet et le présenter sur scène. En découlera un album à sortir en automne. Sur scène, 2 violoncelles, 3 cuivres, 5 choristes, 2 batteries, entre autres, accompagnent Yann Tiersen, essentiellement à la guitare, quelques fois au violon.
Inconditionnel de Shannon Wright ou Dominique A, on suit toujours avec bienveillance le parcours du musicien breton. Pourtant, ce concert nous laisse un sentiment un peu mitigé. On aurait aimé que le nombre soit exploité davantage. Les 5 choristes (pas n’importe qui, tout de même !) avaient le talent pour pouvoir aller plus loin dans le travail d’harmonie. Tout comme les cuivres et les violoncelles dont on a regretté qu’ils n’aient pas davantage le loisir de varier leur jeu. Peut-être n’ont-ils pas eu assez de temps ensemble pour aller au bout de toutes les idées. Malgré cela, le set est carré et bien mené. Certaines montées font penser à Arcade Fire, notamment sur la première partie du concert et une très grande majorité du public est conquis.
Les applaudissements sont plus que fournis et le concert est un succès. D’autant que Yann Tiersen joue aussi certains de ses morceaux plus anciens, parfois arrangés de façon complètement différente, d’autres fois plus près des versions album. A un moment, il reste seul sur scène avec son violon pour jouer un très bel extrait du Phare. On retrouve alors ce qu’on a toujours admiré chez ce musicien : non pas le morceau connu « à l’ancienne manière » à laquelle il semble vouloir échapper, mais plutôt cette facilité déconcertante avec laquelle il arrive à s’emparer et créer de l’intime.
On manque ensuite les Black Angels pour cause de conférence de presse. On en aperçoit à peine quelques bribes qui nous surprennent plutôt agréablement. Leur passage aux Transmusicales nous avait déçus (cela dit, la sonorisation n’était pas à leur avantage) mais les festivaliers qui nous relatent le concert confirment la bonne impression que nous avions eu ce soir. Pas de surprise, les américains restent sur les bases de leur psychédélisme lancinant pendant tout le set mais le tout est bien mené. Autour de nous, les commentaires sont positifs.
On attendait ensuite Liars aussi en forme que lors de leur précédent passage au Fort Saint Père (voir focus sur Liars ici). Les trois américains (guitare, batterie, chant) ne nous ont pas déçus ! Accompagnés sur scène de deux autres musiciens (guitare, basse), les Liars sont l’énergie personnifiée. Explosifs, survoltés, ils peuvent asséner des coups de boutoir à la guitare et à la batterie sans que vous n’ayiez vu le coup venir, et vous laisser à terre. Tout ça pour venir vous ramasser quelques secondes ou quelques méandres rythmiques plus loin, dans un gant de satin mélodique. Liars a plus d’un tour dans son sac et éblouit d’un talent monstre. Leur set est court (une quarantaine de minutes) mais plein. De ruptures, de démarrages inattendus, de structures torturées. On est loin de « 1 idée = 1 chanson » !
Qui plus est, Angus, le chanteur se démène comme un beau diable. Il ponctue les morceaux des mots de français qu’il connaît (le premier vers de « la Marseillaise », comme « je t’aime » ou « fromage ») et affiche une totale maîtrise. On est conquis et on en aurait bien repris un peu plus.
Mais on est tout aussi heureux de retrouver Caribou. Le Canadien revenait lui aussi pour une nouvelle édition de la Route du Rock (voir focus sur Caribou ici). On avait moins aimé sa prestation que ses excellents albums et on espérait que l’ancien Manitoba allait réussir à gommer cette petite déception. Et bien, disons-le tout de go, c’est chose faite. On ne restera pas jusqu’à la toute fin du set, l’heure étant déjà bien avancée mais voilà notre troisième claque de la soirée. Les amateurs d‘électro ambitieuse le savaient déjà. L’homme est capable de finesses de composition et de construction complexes sans rien lâcher sur l’aspect très (dream)pop de ses morceaux.
Il compose à partir de samples mais sur scène, on le retrouve aux percussions, au synthé et à la voix, accompagné de trois autres musiciens (batterie, basse, guitare). Autant la formule ne nous avait pas convaincu auparavant, autant sommes nous conquis cette fois-ci. Les morceaux gagnent en puissance organique. D’ailleurs le public ne s’y trompe pas et apprécie fortement. On doit même dire qu’il nous était très rarement arrivé de voir autant de monde encore devant la scène à cette heure-là. Caribou a su conquérir les terres malouines ce soir… Il ne resterait plus qu’il rencontre la chèvre !
Retrouvez notre dossier sur la Route du Rock.
Effectivement, the Black Angels étaient excellents. Monsieur Floret, si on pouvait avoir un p’tit peu plus de trucs plus « dur » comme ça …
Franchement rien à jeter ce soir, que du tout bon , la totale, ma meilleure soirée de la route du rock de tout les temps ! Bon j’exagère un peu mais c’était vraiment cool !
C’était ma première participation à la Route du Rock. Conclusion : sensationnel ! Et oui j’ai adoré ! Je remercie mon frère pour m’en avoir parlé et m’avoir proposé cette évasion musicale géniale ! J’ai enfin pu écouter et admirer Yann Tiersen en concert ! Et quelle prestation ! Magique ! J’ai découvert Owen Pallett un seul mot à dire : génie ! Et oui quel talent ce jeune homme ! Les dum dum girls ont ouvert le feu et mis de l’ambiance merci les filles ! Les autres groupes Liars, The black angels m’ont agréablement surprise ! Et Caribou a terminé par nous emporter totalement !
Tout simplement Merci pour ce bonheur musical !