Dernière soirée à la Route du Rock : chaud et froid scandinave, défaite anglaise, victoire américaine…

2010-08-15 005Le soleil dans le dos, une douce chaleur sur la nuque, Erika Alexandersson, la chanteuse de la formation suppléante accueille les premiers et plus prompts festivaliers. D’emblée, l’attirail instrumental attire l’attention : un piano droit, une contrebasse ; on remarque également la tenue de la chanteuse : robe longue de satin bleu métal, mais qu’on ne s’y trompe pas le groupe n’est pas là pour faire de l’intérim, il nous invite dans un univers singulier qui combine pop lyrique et essayages bruitistes en tous genres. Ainsi on peut savourer les expérimentations de Simon Angell, faisant siffler un ballon de baudruche à travers les micros de sa guitare ou utilisant une petite cuillère pour faire vibrer les cordes de sa Fender, la pianiste Cecilia Persson n’est pas en reste, et déplace un ruban de scotch au gré des morceaux sur le cordage de son piano pour en modifier la sonorité.

Après une journée encore nuageuse et un sol toujours moelleux, ces remplaçants réveillent la bonne humeur des festivaliers, Thus:Owls : une aventure à suivre…

2010-08-15 036
Les Archie Bronson Outfit qui assurent la suite avait déjà été programmés à la Route du Rock, version hiver, celle qui ne craint pas la pluie… Ils avaient mené à l’époque un set efficace et accrocheur, entre temps l’album réussi Coconut, tous les ingrédients susceptibles de susciter l’enthousiasme…
Bronson, Archie : du potentiel mais élève trop mou, vous avez travaillé sur ce dernière album avec Tim Goldsworthy pour réussir le mariage entre dance et rock et au final sur scène ni danse ni rock ! Des boubous comme tenues vestimentaires ne sauraient être suffisants pour arracher des déhanchements! A moins que vous n’ayez traîné la veille avec le sus-cité camarade du coté de l’Escalier ? Qu’un manque de sommeil ne vous ait permis de mener à bien votre numéro, élève décevant, dommage…

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Laissons les endormis du fond de la classe pour passer à l’excité du premier rang : Serena Maneesh ; ça commence fort, très fort même et présage d’un « sacré show » ! L’affiche est alléchante et le numéro aurait pu prendre mais devant une débauche d’énergie inefficace, on a assez rapidement le sentiment d’être en train de se faire avoir : rages feintes, morceaux à rallonge, effets éculés et final chaotique : abandon par le groupe du chanteur Emil Nikolaissen en position hautement scénique puisqu’allongé sur le plateau, harmonisant à la guitare au fil de l’inspiration… ou quand les codes d’un genre passent avant la musique !

Aussi court fut le set, aussi longue sera la pause ; ainsi, petit tour de restauration avant les « deux gros morceaux de la soirée ».

2010-08-15 052L’audience moitié moindre que la veille (5000 personnes) attend avec impatience le groupe de Matt Berninger, l’homme à la voix profonde et mélancolique. The National déroule un set classieux, distingué avec envolés rageuses. Contrairement à mon voisin spectateur passablement alcoolisé qui crie au manque de volonté sonore, à un son conventionnel, il faut souligner le raffinement de la musique du groupe de l’Ohio : de la retenue, de l’épaisseur, de la musique faite ensemble, vitaminée par un chanteur qui sous couvert d’un sobre costume noir cache difficilement l’excitation de la scène. On est très loin des facilités de leurs prédécesseurs et la soirée prend une tournure dialectique, thème « la scène comme représentation d’un discours musical : fond et forme »…

Si les deux groupes précédents sont thèse et antithèse de la soirée, nous sommes en droit d’en attendre la synthèse avec The Flaming Lips ; sous un certain angle et selon le plasticien Bertrand Lavier qui définit le chef d’œuvre comme un équilibre précaire entre le magnifique et le mauvais goût, The Flaming Lips remplissent les conditions… Instruments embellis d’un orange à faire pâlir les agents de la DDE, écran en forme de demi disque avec projection d’une silhouette psychédélique et féminine ou de la bobine du chanteur déformée par le grand angle de la caméra, arrivée de ce dernier dans une bulle translucide qui circule au-dessus du public, confettis, serpentins et ballons à profusion, ours(e) (je n’ai pas l’œil suffisamment affûté pour distinguer le genre…), personnages gonflables… le spectacle est visuellement délirant avoisinant le grotesque…
Quant à la musique, difficile de résumer en une heure de jeu presque trente ans de carrière protéiforme sans tomber dans un méli-mélo indigeste, The Flaming Lips termine par l’hymne rock de l’Oklahoma (eh oui ça existe !?): « Do you realize … that you have the most beautiful face », on voudrait bien y croire mais la lucidité nous oblige à prendre tout ça au deuxième degré… avec plaisir malgré tout.

Pour les jusque-boutistes qui n’avaient pas encore assez bougé leurs membres, le dance-punk de The Rapture comble ce manque. Le quatuor de New York réveille le dance-floor (comme on dit dans le milieu…) et clôt cette vingtième édition avec brio.

Les photos de la soirée de dimanche ici

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Retrouvez notre dossier sur la Route du Rock.

4 commentaires sur “Dernière soirée à la Route du Rock : chaud et froid scandinave, défaite anglaise, victoire américaine…

  1. Loïc

    Je partage tout à fait l’avis de votre voisin spectateur passablement alcoolisé concernant la prestation de » The National », et pourtant je n’avais pas bu une goutte ! nous n’avons pas du assister aux meme concerts! pour ma part mes 2 seules satisfactions de la soirée furent justement les « Archie Bronson Outfit » et surtout les « Flaming Lips » pour lesquels je me suis tapé 3 heures de route après le concert ! mais enchanté par le dynamisme et l’éclectisme de leurs morceau , non n’en dirons pas tant de  » The Nationals » ayant l’impression d’entendre la meme chose d’un bout à l’autre…

  2. plageman

    apparament loic on va vue le meme concert cela me r’assure car j’ai l’impression que les reporters d’alter info devait etre autant alcoolise que le chanteur de national pour dire des conneries pareils archie bronson outfit et flaming lips m’ont tout simplement regaler ,

  3. thierry

    son pas à la hauteur des morceaux de the national, dommage; toujours super présence scénique du chanteur, qui menace souvent d' »exploser » (la tête dans la grosse caisse sur le dernier morceau!)
    Wayne coyne a un petit côté « gourou » et ses « come on, come on » (toujours à réclamer l’enthousiasme et l’amour du public, ah ces rock star!) étaient un peu lourdingues! Le show a bien démarré puis s’est un peu ramolli faute de morceaux pas à la hauteur du visuel
    très belles photos

  4. Fix

    Cher Brian Wilson,
    les membres d’Alter1fo sont recrutés parmi les fans de Minor Threat.

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