La Route du Rock collection Hiver nous propose, cette année encore, une date inaugurale à l’Antipode MJC, pour une soirée à la programmation éclectique ce mercredi 19 février. On a d’ores et déjà nos préférés (Michel Cloup Duo), mais on est également bien curieux de découvrir les Crystal Stilts et le bordelais Petit Fantôme sur scène. Explications.
Si l’on en croit le programme envoyé par la Route du Rock, c’est Michel Cloup en duo avec son complice Patrice Cartier qui ouvriront la soirée de ce mercredi 19 février. Ça tombe bien, c’est le duo toulousain qu’on ne veut absolument pas manquer. On a déjà dit ici à quel point la musique de Michel Cloup avait pu être importante à l’âge où l’on comptait encore le nombre de nos disques sur les doigts d’une main. Comme pour beaucoup d’autres indie kids, #3 se trouvait parmi eux. Diabologum nous laissait alors entendre qu’il y avait une autre voix/voie. Et en français. Le disque, usé par les écoutes, s’est figé dans nos veines. On a répété sans cesse des paroles venues d’ailleurs, comprises par des milliers d’autres, happés par cette musique. A découvrir absolument. De la neige en été. Oui, Tom est tout seul. Quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé.
Après cet album, les membres de Diabologum ont eu d’autres projets. On les a bien sûr suivis. Michel Cloup est parti fonder Expérience (mais aussi Binary Audio Misfits, en 2009, après la rencontre du collectif de MC texans, The Word Association), entre autres. On y a souvent, encore, été bouleversé. Et puis, en 2011, un nouveau projet a vu le jour sur disque, Michel Cloup (duo) un projet « sous son nom, mais pas seul » . Parce que Michel Cloup a emmené avec lui Patrice Cartier à la batterie.
On a pris cet album, Notre Silence, comme un uppercut direct dans la mâchoire. Une simplicité de moyens (guitare baritone, batterie), des textes aussi pudiques que personnels qui viennent dire la perte, le deuil d’une mère. Mais pas que. L’uppercut en pleine face a même ricoché une seconde fois sur nos faces transies en live, pour une date précipitée en solo (une naissance imminente avait joyeusement privé la scène de l’Antipode de la présence de Patrice Cartier) lors d’un concert tout autant époustouflant que bouleversant. Des mots simples, qui sonnent avec une justesse bluffante. Des mots qui imposent un silence respectueux dans le public. Juste la guitare ou presque. Une musique organique, dépouillée, intime. Rien de plus, mais surtout rien de moins. Touché, ému, remué. On a vécu le set sur le fil. Tendu d’émotion retenue (le compte rendu par Yann là, l‘interview ici).
La sortie de deux eps bouleversants en juin et octobre 2013 (J’ai peur de nous et Nous vieillirons ensemble avec un Au milieu de nulle part déchirant) a annoncé l’arrivée d’un second album au mois de janvier 2014, Minuit dans tes bras. Un album qui une nouvelle fois calme « le feu, avec un incendie, arrosé d’alcool » . Sept titres qui mêlent épures rêches et tranchantes à cette sorte de fragilité de l’intime. Sept titres qui unissent une nouvelle fois tout ensemble je, tu et nous (même un peu flou). Nous. Michel Cloup le disait en interview : « à travers l’expression de choses très personnelles, [il s’agit surtout d’] essayer de créer un lien avec le public, une émotion (…) Ne pas être dans la récitation ou l’auto-complaisance. Mais plutôt essayer de livrer quelque chose qui soit à la fois très personnel. Et un peu pudique aussi. (…) Créer un lien avec le public. Avec des gens qui écoutent, et qui attrapent les choses que je raconte. (…) Créer une émotion, un lien » Parce que, comme il le confiait en ouverture de Notre Silence, « Une histoire, mon histoire, universelle, banale. Mon histoire, notre histoire, dans le creux de ton oreille, ce n’est pas rien » .
La tête d’affiche de la soirée semble pourtant être un groupe de Brooklyn : les Crystal Stilts. Mené par Brad Hargett, un chanteur au look dylanien, Crystal Stilts est déjà passé à la Route du Rock. Mais en été. En 2009. Et on doit le dire, on y était et on n’a gardé aucun souvenir de la formation. Même en regardant leurs bobines sur les photos de la team alter, on ne s’en souvient pas. Il faut dire que le même soir, on avait adoré Deerhunter avant de se trouver chamboulé par la richesse scénique des Tortoise et de se prendre le mur du son-type-réacteur-d’avion- de My Bloody Valentine dans les oreilles (ces dernières en saignent encore). Alors, forcément, sûrement, le rock des Crystal Stilts, un peu trop marqué par ses influences n’a pas trouvé d’interstice pour se glisser dans une soirée riche.
Depuis, les zigues de l’Etat de New York (la formation existe tout de même depuis 2003) ont sorti plusieurs lps, dont un dernier en date en 2013 Nature Noir, qu’on dit plus sophistiqué ou même parfois plus lent.
Pour ce dernier effort, la clique de Brad Hargett a quitté Slumberland (le label qui avait sorti Alight of Night en 2008 et In Love with Oblivion en 2011) pour Sacred Bones (leur précédent ep, Radiant Door a également été réalisé par Sacred Bones). A l’écoute, rien de vraiment nouveau sous le soleil, mais pour le coup, les influences s’avèrent ici plus digérées que recrachées et l’album se révèle comme un tout cohérent, particulièrement bien réalisé et même souvent plaisant. Bien sûr, tout ça fleure bon les vapeurs psychées des sixties, les influences Velvet Underground et tutti quanti. Mais même sans les appâts vénéneux de leurs glorieux (et camés) aînés, les Crystal Stilts signent un joli disque. Qu’on aura certes peut-être oublié dans une semaine. Mais laissons aux New Yorkais, qui maîtrisent leur sujet, la possibilité de nous esbaudir en live. C’est en tout cas tout le mal qu’on leur (se) souhaite.
Enfin, entre les deux groupes pré-cités, se glissera Petit Fantôme. Autrement dit Pierre Loustauneau, membre du collectif Iceberg, de Crane Angels ou de François and the Atlas Mountain, échappé en solo pour développer un projet plus personnel, chanté en français. C’est Piano Chat, un garçon pour qui on a une affinité toute particulière, qui nous avait expliqué en interview ce qu’il pensait devoir à un garçon comme Petit Fantôme, dans son usage décomplexé du français. Car Petit Fantôme se lance (apparemment) dans son projet, en développant un univers très personnel sans se poser la question de ce qui se fait ou pas et avance, suivant ses propres chemins de traverse à cloche pied, la fleur aux dents, avec une belle honnêteté. Après Piano Chat, c’est la copine Disso, de DLF, qui a, devant nous, clamé son amour haut et fort pour Petit Fantôme à la faveur d’un live qui lui a retourné les sangs, alors qu’elle s’y rendait, a priori sceptique (voir son compte-rendu là). Ce qui a une nouvelle fois aiguisé notre curiosité, cela va sans dire. Disso concluait : « mon conseil sera le suivant, si ce monsieur passe près de chez vous : courez le voir en concert. » Dont Acte.
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L’Antipode MJC et Rock Tympans dans le cadre de la Route du Rock Collection Hiver présentent Michel Cloup Duo, Petit Fantôme et Crystal Stilts en concert mercredi 19 février à 20h30 à l’Antipode MJC (2, rue André Trasbot, Rennes).
Tarifs – Sortir ! : 4€ / Membres : 12€ / Location : 15€ / Sur Place : 18€
Plus d’infos : http://www.antipode-mjc.com/evenements-antipode-mjc/concerts/crystal-stilts-michel-cloup-duo-petit-fantome/#more-18267
sont très bons les crystal stilts, je trouve que c’est l’un des groupes les plus excitants du moment, on fait référence uniquement à new york et au sonorités monochromes et stromboscopiques du velvet, mais il y a aussi la côte californienne pour le psychédélisme chamanique des doors, les guitares cristallines des byrds, l’énergie solaire du surf rock, et l’angleterre pour le bruit blanc et la voix éthérée de jesus & mary chain et les écho caverneux indus de joy division, et loin d’un jukebox aux influences mal digérées ils parviennent à fusionner tout cela en un tout homogène avec leur propre style reconnaissable entre mille (le soleil du surf rock californien à rendez-vous avec la lune, le saturnisme du nord de l’angleterre) et avec un sens mélodique que peu de groupe peut se targuer aujourd’hui, bref pour moi un groupe qui n’a pas la reconnaissance méritée et que l’on prend un peu à la légère comme si c’était un groupe kleenex de seconde zone alors que d’autres sont encensés par la critiques au delà de toute raison apparente.
Merci pour ton commentaire.
Nous on ne demande qu’à se laisser convaincre 😉