La Route du Rock 2018 – Samedi, c’est parti !

Ça y est, vous êtes bien rentrés dans le festival ? Prêts à fourbir vos armes pour la seconde journée de la Route du Rock ? Avant d’y retourner, revue en détail de la programmation de ce qui vous attend ce samedi 18 août.

Film et conférence avec Patti Smith et Christophe Brault

Si vous détestez les grains de sable qui grattent entre les orteils et que vous craignez l’eau de mer au réveil, vous aurez une belle alternative dans les fauteuils du Cinéma Le Vauban 2 La grande Passerelle de St Malo le samedi 18 août dès 14h – mais on espère que vous avez réservé parce que c’est déjà complet !- avec la célébration du 40ème anniversaire d’Horses de l’immense Patti Smith. Avec d’une part la diffusion du film Horses : Patti Smith and her band de Steven Sebring (précédée d’une présentation du film avec Patti Smith herself ).

Et d’autre part la conférence, menée tambour battant par Christophe Brault, qu’on ne présente plus ici (ancien disquaire de l’institution Rennes Musique et chargé de cours à l’université Rennes 2 en musicologie, désormais conférencier bondissant et passionnant et également star de l’émission Music Machine sur nos pages, diffusée sur C-Lab) qui se chargera de retracer (avec la fougue qu’on lui connaît) l’histoire de l’icône new yorkaise. Et sans jamais regarder ses pieds, s’il vous plaît. CBGB, MC5 (pour Fred Sonic Smith), Max Kansas’s City, Rimbaud et Beat Generation : Christophe déroulera l’univers de Patti Smith devant vous avec la générosité et l’enthousiasme qu’on lui connait.

Christophe Brault - photo Caro alter1fo

Film et Conférence – Patti Smith, Steven Sebring et Christophe Brault – samedi 18 août – Cinéma Le Vauban 2 La grande Passerelle à St Malo – 14h.

Seuls sur le sable, (ou presque) …

Si vous êtes plutôt lève-tôt (et oui, 15h, c’est plutôt tôt en langage festivalier), vous pourrez commencer la journée par une petite découverte musicale sur la plage Bon-Secours à St Malo même (renommée Plage Arte Concert pour l’occasion) avec un dj set concocté par les doigts et les oreilles agiles de Topper Harley et un concert.

Marc Mélià

On termine notre petit tour des nouveaux avec une invitation à vous rendre à la plage le samedi après-midi. Pieds dans le sable et tête tournée vers les cieux devraient être les conditions parfaites pour apprécier l’électro pop rêveuse et spatiale de Marc Mélià.

Né à Majorque mais résidant aujourd’hui à Bruxelles, on retrouve le bonhomme derrière ses claviers chez Françoiz Breut, Borja Flames ou encore Le Ton Mité. Il a par contre composé seul dans son coin un album/performance hommage au mythique synthétiseur Prophet 08. En onze variations sensibles, il explore avec une grâce certaine la mélancolie profonde et le potentiel mystique d’une musique froide et robotique. La légende veut qu’il aurait glissé dans la main de Flavien Berger, lors d’une rencontre imprévue après un concert à Liège de ce dernier, une K7 de l’album. Heureux hasard qui permettra la sortie du disque sur le label Les Disques du Festival Permanent dans la série La sélection de Flavien Berger. Il jouera donc sur la scène de la plage du Bon Secours son sensible et éthéré Music for prophet et comme la K7 aventureuse du clip du disque, préparez-vous à décoller bien au-delà de la stratosphère.

Marc Melià – Samedi 18 août – Plage du Bon secours, intramuros, Saint Malo -16h.

Bastions rock au Fort St Père

Bon, la Route du Rock met peut-être le mot « rock » en avant, mais c’est bien sous toutes ces formes qu’il faut prendre l’acception, du garage au psyché, de la pop au lo-fi, du shoegaze à l’électro-pop et on en passe, comme vous avez pu sans peine le remarquer. Dans la programmation de cette année, une tripotée de groupes revient sur la scène du festival, bien souvent après avoir laissé des souvenirs indélébiles de leur prestation les éditions précédentes. Mais d’autres font leur baptême du feu dans le fort malouin. Présentation.

Route du rock 2012 - les remparts alter1fo.com


Pour ceux qui feraient également leur baptême du feu à la Route du Rock cette année, commençons par cette petite précision nécessaire pour s’y retrouver : à la Route du Rock, il y a deux scènes : une scène principale, dite scène du Fort, et une plus petite où sont bien loin de ne jouer que les outsiders : la scène des Remparts (autrefois scène de la Tour).

Après des années de tâtonnements, d’essais, de déplacements, les organisateurs de la Route du Rock ont enfin trouvé LA formule parfaite. Plus haute, plus grande, au fond du Fort, face à la scène du Fort, la nouvelle disposition de la scène des Remparts est définitivement la bonne ! On y voit les groupes, la fluidité du public dans le Fort est excellente et elle permet au plus grand nombre de profiter des concerts qui s’y déroulent de la meilleure des manières. Et c’est tant mieux puisque cette année encore, pour rythmer non seulement l’arrivée des festivaliers mais aussi les petits coups de mou de la soirée, ce sont 3 groupes qui s’y donneront le tour chaque soir.


Cut Worms

Difficile de trouver plus raccord que Max Clarke aka Cut Worms pour une ouverture de soirée sur la scène des remparts. Des mélodies pop exclusivement estampillées 60’s, un grain de voix qui fait immédiatement penser aux Everly Brothers : si le soleil est en plus de la partie, ça sent le combo gagnant. Son premier EP, Alien Sunset, nous avait séduit par sa simplicité lo-fi, ses mélodies épurées à l’os, son chant aérien et un songwriting poétique (le superbe Song of the Highest Tower est une adaptation d’un poème de Rimbaud). Mais son premier album, Hollow Ground, sorti il y a quelques mois sur Jagjaguwar, nous a (tout d’abord) laissé sur notre faim.

Les premiers titres sont avant tout marqués par une production léchée qui surprend après le côté DIY d’Alien Sunset : les titres pop 60’s y trouvent un écrin luxuriant, How It Can Be et Don’t Want to Say Goodbye ont un potentiel tubesque certain, mais les références y sont tellement marquées qu’on ne peut s’empêcher de trouver ça un poil stéréotypé. Fort heureusement, le néo new-yorkais explore aussi d’autres pans de la musique traditionnelle américaine (folk, country) pour livrer des compositions plus originales, proche de l’americana, comme Till Tomorrow Goes Away ou Hanging Your Picture Up To Dry. Et puis il y a cette petite pépite folk, Like Going Down Sideways (à la fois sur l’EP et sur l’album), qui mérite à elle seule que l’on découvre Cut Worms ce samedi 18 août.

Cut Worms – Samedi 18 août – Scène des Remparts – 18h30.

Josh T. Pearson

Le Texan Josh T. Pearson revient au Fort St Père après une première venue sous son nom en 2011 et avec son précédent groupe Lift to Experience en 2001. On ne vous ment pas : chaque fois qu’on parle du grand barbu désormais glabre, certains se pâment automatiquement dans les rangs altéristes tant les prestations du garçon les ont secoués (et les copains de Derrière La Fenêtre et Pop is on Fire tout pareil !). A l’époque de sa première venue en solo au festival, Josh T. Pearson arrivait avec The Last Of The Country Gentlemen (Mute, 2011), un album de folk écorché, raclé à l’os, composé après une longue période de déprime. Sur scène, tout en étant parfois blagueur et jovial, le musicien jouait les tripes à l’air et alignait ses longues chansons introspectives bouleversantes essentiellement acoustiques avec des allures christiques.

Revenu rasé de près, le cheveu court et le stetson vissé sur la tête, Josh T. Pearson livre un nouvel album Straight hits ! (avril 2018) qui se montre d’abord surprenant avec ses trois premiers titres bien électriques, à la fois drôles et savoureux, ainsi que des morceaux au format court (alors qu’il flirtait allégrement avec les chansons de 10 minutes sur le précédent). Il faut dire que le musicien s’est imposé des règles absconses pour viser l’efficacité, les Five Pillars (1 – Chaque chanson doit comporter un couplet, un refrain et un pont. /2 – Les paroles doivent faire 16 lignes au plus. /3 – Chaque titre de chanson doit comporter le mot straight. /4 – Le titre ne doit pas dépasser les quatre mots. /5 – La musicalité de la chanson passe avant tout), avec une bonne dose d’auto-dérision (on a un faible pour le jeu de mot The Dire Straits of love). Pour autant, si Josh T. Pearson se la joue straight to the point, l’album est loin de se réduire à un ensemble de règles potaches, et le fils de prêcheur convoque avec un même talent rockabilly hirsute, country vénéneuse, rock habité, grave voix de crooner et lyrisme ardent, pour un disque au final vibrant. Qui donne déjà des frissons à la simple idée de son passage au live.

Josh T. Pearson – Samedi 18 août – Fort St Père – 19h15.

Jonathan Bree

C’est finalement Jonathan Bree qui remplacera John Maus (annulation de sa tournée suite au décès de son frère, bassiste du groupe) : on avoue être passé à côté de la carrière pourtant prolifique du Néo-zélandais. Fondateur, il y a 20 ans déjà, du groupe The Brunettes avec Heather Mansfield, il crée également son propre label 4 ans plus tard, Lil’ Chief Records : il produira, entre autres, Princess Chelsea et The Eversons. Il entame une carrière solo en 2013 avec The Primrose Path, suivi d’A Little Night Music en 2015. Deux albums particulièrement sombres et hypnotiques, dans lesquels on retrouve déjà les cordes soyeuses et le timbre de voix élégant de Jonathan, mais qui manquent un peu de relief.

Mais le troisième album de Jonathan Bree, Sleepwalking, se révèle être un petit bijou de pop orchestrale en clair obscur : les mélodies tendance sixties sont impeccables et ciselées à la perfection, les arrangements de cordes sont somptueux (ce violoncelle en picking entêtant sur You’re So Cool) et la voix suave et mélancolique façon crooner de Jonathan pénètre chaque pore de votre épiderme. Ajoutez à cela des featurings féminins classieux (Princess Chelsea, Clara Vinals, Crystal Choi), des petites touches dissonnantes (Boombox Serenade), une ligne de basse imparable sur le hit Say You Love Me Too et une esthétique mystérieuse et élégante dans les vidéos, et vous avez là tous les ingrédients pour faire de Sleepwalking l’un des disques de cette année.

Jonathan Bree – Samedi 18 août – Scène des Remparts – 20h10.

Patti Smith

Ce sera bien évidemment le cas de la très attendue Patti Smith. Comment résumer en quelques lignes le parcours d’une artiste aussi prolixe qu’essentielle ? Égérie du mouvement punk dans le New-York des années 70, auteure, compositrice et interprète, poétesse, photographe, peintre, écrivaine, militante… elle n’aura eu de cesse, au fil de 50 années marquées par une liberté féroce, d’explorer et de tisser des liens entre les arts et les styles.

Dès 1975, avec son séminal et indispensable album Horses, elle mêle avec une ferveur tétanisante les ambitions littéraires et poétiques du Velvet Underground ou de Bob Dylan avec la rage incendiaire d’un punk-rock naissant et même les rondeurs d’un reggae rock hypnotique. Elle redéfinit au passage rien de moins que le Rock’n’Roll. Suite à ce brillant coup d’éclat, elle a pris à bras le corps les disciplines artistiques les plus variées pour concevoir une œuvre remarquablement hors-norme. Après trois autres albums, elle met en pause sa carrière au début des années 80 pour s’occuper, entre autres, de ses fils ou visiter le bagne de l’île du diable où Jean Genet a écrit une partie de son œuvre, mais les décès brutaux et successifs de son mari, de son frère et de son ami pianiste la pousse à reprendre sa carrière musicale dans un élan de survie au milieu des années 90. Elle remonte donc sur scène seule ou en compagnie de Bob Dylan ou REM pour y chanter ses chansons ou lire des poème d’Arthur Rimbaud ou William Blake, compose un hommage vibrant à Kurt Kobain (About a boy), milite pour le Tibet, tourne avec Godard… A plus de 70 ans, Patti Smith semble avoir conservé une flamme intérieure intacte qui devrait illuminer sa prestation. Pour notre part, nous avons pris avec une impatiente ferveur rendez-vous avec la légende.

Patti Smith – Samedi 18 août – Scène du Fort – 21h15.

Ariel Pink

Ariel Pink © Eliot Lee Hazel

Venu à la collection hiver 2015 du festival, Ariel Pink (Ariel Rosenberg pour l’état civil) est de retour à St Malo. L’iconoclaste Californien qui aime à partir dans tous les sens et mélanger goûts (bons ou mauvais), influences, genres et styles sans jamais freiner sa créativité baroque et siphonnée devrait mettre un joyeux bordel sur la scène du Fort St Père. Attendez vous à un grand raout glam, passant d’un soft rock mielleux délicieusement pénible à de la pop psychée parfois pleine de chœurs braillés à plein poumons, de mini-tubes bubblegum dégoulinant de mélodies sucrées à condamner un diabétique à mort à des chevauchées burlesques montées sur un orgue à la Ray Manzarek. Et autant dire qu’on en passe tant le garçon brasse les genres et corrompt sa pop à tous les râteliers.

Avec son onzième album studio (le gars a publié sous son nom ou sous celui d’Ariel Pink’s Haunted Graffiti), Dedicated to Bobby Jameson, faisant suite au fortement plébiscité Pom Pom (2014) le musicien ne perd rien de son humour un brin potache et kitsch (ni de son immédiateté mélodique) mais donne peut-être davantage à entendre et voir une sensibilité pleine de mélancolie. En choisissant comme entrée et référence la figure de Bobby Jameson, musicien sixties cramé par les drogues et l’alcool mort dans l’indifférence générale, Ariel Pink continue de creuser l’énigme de sa singulière excentricité (dingue ou génial, ironique ou sincère ?) en se nappant d’atours plus sombres, évoquant regrets et désillusions, mais sans rien perdre des étincelles pailletée de sa pop dévoyée.

Ariel Pink – Samedi 18 août – Fort St Père – Scène des Remparts – 22h30.

Nils Frahm

Si on a beaucoup de mal (on ne va pas se faire de copains) avec la hype qui entoure la nouvelle veine modern classical, néo-classique, Denovali, Gogo Penguin et consorts, et surtout avec cette musique pour ascenseur dont l’utilisation d’instruments acoustiques (et quelques touches d’électroniques) ne dissimule en aucun cas l’absence totale de créativité de ses auteurs, on est bien moins sévère avec Nils Frahm qui tire totalement son piano du jeu. Déjà présent à la collection hiver 2011, le producteur allemand qui joue à guichets fermés dans tous les salles d’Europe et de Bavière et à raison, et ce surtout depuis la sortie de Felt en 2011, continue de creuser toujours plus intensément les ramifications nombreuses de son instrument (David Klavins lui a même créé un piano léger le una corda dont la particularité est que chaque marteau ne frappe qu’une corde au lieu de trois pour chaque note jouée) et ses mariages à l’électronique ou aux sons organiques de vents hantés (Human Range ou Fundamental Values sur All Melody le dernier album du producteur) et de cordes habitées (notamment celles du violoncelle d’Anne Müller avec laquelle il avait signé 7fingers en 2011).

Nils Frahm © Alexander Schneider

Le Berlinois est en perpétuelle recherche et invente à chaque album, à chaque nouvelle prestation, son équilibre entre acoustique et électronique, ombres et lumières, minimalisme et expressionnisme. De la techno aride des nuits berlinoises à l’ambient 2.0, la musique (pour dancefloor) de chambre du compositeur allemand fait autant virevolter le silence et l’épure que d’hypnotiques spirales sculptées de boucles ensorcelantes. All Melody sorti une nouvelle fois sur Erased Tapes en début d’année et enregistré dans son studio sur les rives de la Spree, le Funkaus, est à ce titre une nouvelle étincelante réussite : d’ambiances éthérées en dilatations synthétiques, Nils Frahm y magnifie à nouveau ses textures enveloppantes et les échos du silence, plongeant son auditeur dans l’état hypnagogique (ce moment entre veille et endormissement). Dans la nuit étoilée du Fort St Père, nul doute que ces moments contemplatifs et aériens devraient sans peine fasciner les festivaliers.

Nils Frahm – Samedi 18 août – Fort St Père – 23h35.

La nuit sur le Dance-Fort

Si certains s’étonnent encore (!) qu’un festival indie-rock propose une programmation électro (notamment pour réchauffer les festivaliers lorsque la fraîcheur nocturne tombe sur le Fort), la majorité du public en redemande. On retrouvera ainsi plusieurs groupes ou artistes destinés à propulser tout le monde sur le Dance-Fort.

Route du rock 2013 © Nicolas Joubard

Ellen Allien

Retrouver Ellen Allien, c’est comme avoir 20 ans de nouveau. On a tellement écumé de soirées où la Berlinoise était programmée (et autant vous dire que ça tapait fort), tant compilé la moindre sortie de son label BPitch Control situé au 91 Oranienburger StraBe au début des années 2000, que sa venue au festival nous donne l’impression de retrouver une vieille connaissance.

Ellen Allien © Kieran Behan

A la chute du mur et à l’éclosion de la techno en Allemagne, Ellen Allien a plongé à cœur perdu dans la musique qu’elle découvrait, mixant dès 1992 dans l’atmosphère euphorique de la réunification. Tresor, E-Werk, Maurizio, Hardwax, autant de mantras magiques qui permettent de replonger à cette époque où Berlin, pas encore à la mode, accueillait principalement des marginaux excentriques qui ne rentraient dans aucun moule imposé par la société et où la ville était un havre de créativité déglingué et libre. Dans laquelle la jeune femme d’alors écumait les clubs, avait son émission électro sur Kiss Fm et sortait ses premiers eps. Avant de créer son propre label, l’emblématique BPitch Control, qui l’a vu rassembler Apparat (aka Sascha Ring, co-fondateur du label Shitkatapult), Kiki, Ben Klock, MFA, Paul Kalkbrenner (qui n’était pas encore le dj star), Modeselektor, Sascha Funke, Smash TV, Tomas Andersson, AGF/Delay et on en passe… dès 1999 et sur lequel elle a sorti pas moins de sept albums sous son nom (+ Lism) (de Stadtkind en 2001 à Nost en 2017, en passant par Berlinette, Thrills, Orchestra of Bubbles, Sool et Dust) et avant d’écumer les clubs de toute la planète pendant plus de vingt ans.

Évoluant d’une IDM ciselée voire déchirée plutôt radicale à l’aridité techno et aux rythmiques souvent syncopées, à une électro minimale épurée et abstraite sans oublier son affection pour une indie pop électronique plutôt mélodique et une électronica nerveuse, la productrice est revenue aux sources avec Nost, son dernier album en date. Basses ondulantes, voire grondantes, pied à vous décoller la plèvre, parsemés de stridences acciid ici et là : Ellen Allien retrouve la techno originelle, angulaire, hivernale et puissante et s’y révèle intemporelle. On ne sait donc pas si la musicienne sera en live ou en dj set pour sa prestation au Fort St Père, mais dans un cas ou dans l’autre, on signe tout de suite pour se coller devant les baffles. On n’a pas/plus tous les jours 20 ans.

Ellen Allien- Samedi 18 août – Fort st Père – 01h00.

Veronica Vasicka

Connue avant tout comme une diggeuse émérite, la New Yorkaise Veronica Vasicka collectionne depuis 2003 cassettes et vinyles venus de la minimal wave, autrement dit la musique électronique totalement obscure de la fin des seventies et du début des années 80 qui sortait en Europe (mais aussi un peu au Japon et en Amérique du Nord). Ces pépites qu’elle cherchait inlassablement, elle les faisait découvrir à tous par le biais d’une émission Minimal-Electronik Plus (devenue ensuite Minimal Wave) sur une radio pirate de l’East Village. Deux heures hebdomadaires pendant lesquelles elle enchaînait, infatigable, minimal electronic, minimal synth, cold wave, new wave, techno pop ou synthpop peuplées de synthé cheaps aux sons artificiels réhaussés, de boîtes à rythmes rachitiques et martiales et de voix désincarnées. Sombres, robotiques, ces morceaux possèdent pourtant un romantisme mélancolique et ténébreux qui suinte des machines.

Veronica Vasicka © Jason Schmidt

Grâce à Veronica Vasicka qui a ensuite décidé de monter un label pour sortir ces obscures pépites, Minimal Wave Records, on a pour notre part découvert les groupes français Deux (aka Gérard Pelletier et Cati Tete dont le LP Décadence doit facilement se trouver à Blindspot) ou In Aeternam Vale, les Hollandais de Das Ding, les Britanniques d’Oppenheimer Analysis, Hard Corps ou das Kabinette avec une curiosité ahurie. Depuis 2005, le label continue ainsi de sortir eps, Lps et compilations pointues mais passionnantes (tel ce ep de raretés enregistrées par Richard H. Kirk – Cabaret Voltaire) et possède pas moins de 75 références. Et comme si ça ne suffisait pas, la collectionneuse a également fondé un sous-label Cititrax, pour ressortir des disques des débuts de la house de Chicago mais également destiné aux nouveaux groupes qui utilisent essentiellement les synthés (notamment the KVB, duo formé par Klaus Von Barrel et Kat Day, qui était présent en soirée d’ouverture du festival à la Nouvelle Vague, Marie Davidson du duo montréalais Essaie Pas ou Amato, l’un des projets de The Hacker). La New Yorkaise a donc toutes les chances de délivrer un live techno aussi envoûtant que pointu et inédit.

 

Veronica Vasicka – Samedi 18 août – Fort St Père – 02h30.

Magnetic Friends

Pour finir, les plus chics seront bien sûr comme d’habitude au Fort, comme chaque année. Les djs des Magnetic Friends auront en effet une nouvelle fois en charge de réchauffer l’ambiance entre les concerts. Et comme à leur habitude, ils devraient sortir de leurs besaces une tripotée de titres pour danser, faire des blindtests avec les copains, voire chanter à tue-tête bras dessus-dessous avec son voisin (parfois inconnu quelques minutes auparavant).

Entre madeleines indie-hip-pop-electro-rock et bombinettes-turbines à danser, les facétieux djs pourraient d’ailleurs glisser quelques surprenantes pépites.

 


La Route du Rock a lieu du 16 au 19 août 2018.

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