La Route du Rock 2018 – Ça commence aujourd’hui !

Après l’apéritif à la Nouvelle Vague hier, la Route du Rock commence véritablement ce vendredi 17 août, avec un programme particulièrement alléchant. Sur le papier, ça respire d’ores et déjà la classe. Revue en détail de la programmation de la journée, des plages malouines l’après-midi au Fort St Père jusqu’au (quasi) bout de la nuit.

Seuls sur le sable, (ou presque) …

Si vous êtes plutôt lève-tôt (et oui, 15h, c’est plutôt tôt en langage festivalier), vous pourrez commencer la journée par une petite découverte musicale sur la plage Bon-Secours à St Malo même (renommée Plage Arte Concert pour l’occasion) avec un dj set concocté par les doigts et les oreilles agiles de Topper Harley et un concert.

Chevalrex

Sur la plage, la pop en français ligne claire et voix altière de Chevalrex devrait accompagner, lumineuse, les baignades familiales de ce vendredi 17 août. Chant en avant, voix un peu à la François Marry, Chevalrex, aka Rémy Poncet semble passer à une vitesse supérieure avec son dernier album en date, Anti-slogan sorti cette année. Car après un premier album intitulé Catapulte, enregistré à la maison, sorti en 2013 et sur lequel il jouait de tous les instruments, suivi par le déjà prometteur Futurisme (2016), Rémy Poncet met le paquet sur les arrangements avec son troisième opus.

Chevalrex – Credit Photo : Mathieu Zazzo

Ce qui n’est pas pour nous déplaire (en plus de la présence de Mocke à la guitare) car la pop mélodique du drômois y gagne une nouvelle profondeur. Épaulé par Sylvain Joasson à la batterie (Mendelson…) O, aka Olivier Marguerit (Syd Matters…) et ses talents de mutlti-instrumentiste, ainsi donc que Mocke et sa guitare déviante et funambule, sans oublier un orchestre de trente musiciens enregistré en Macédoine (et Angy Laperdrix à la co-production), Chevalrex passe de cordes soyeuses à des cuivres entêtants, trouve un équilibre aussi ténu qu’époustouflant et signe un disque particulièrement lumineux. Et puisque le créateur du label Objet Disque nous invite à parier sur l’espoir, plaçons le sans réserve sur le talentueux Rhône-alpin.

Chevalrex – Vendredi 17 août – Plage Arte Concert St Malo – 16h.

Bastions rock au Fort St Père

Bon, la Route du Rock met peut-être le mot « rock » en avant, mais c’est bien sous toutes ces formes qu’il faut prendre l’acception, du garage au psyché, de la pop au lo-fi, du shoegaze à l’électro-pop et on en passe, comme vous avez pu sans peine le remarquer. Dans la programmation de cette année, une tripotée de groupes revient sur la scène du festival, bien souvent après avoir laissé des souvenirs indélébiles de leur prestation les éditions précédentes. Mais d’autres font leur baptême du feu dans le fort malouin. Présentation.

Route du rock 2012 - les remparts alter1fo.com


Pour ceux qui feraient également leur baptême du feu à la Route du Rock cette année, commençons par cette petite précision nécessaire pour s’y retrouver : à la Route du Rock, il y a deux scènes : une scène principale, dite scène du Fort, et une plus petite où sont bien loin de ne jouer que les outsiders : la scène des Remparts (autrefois scène de la Tour).

Après plusieurs années de tâtonnements, d’essais, de déplacements, les organisateurs de la Route du Rock ont enfin trouvé LA formule parfaite. (Encore) Plus haute, plus grande, au fond du Fort, face à la scène du Fort, la disposition de la scène des Remparts est définitivement la bonne ! On y voit les groupes, la fluidité du public dans le Fort est excellente et elle permet au plus grand nombre de profiter des concerts qui s’y déroulent de la meilleure des manières. Et c’est tant mieux puisque cette année encore, pour rythmer non seulement l’arrivée des festivaliers mais aussi les petits coups de mou de la soirée, ce sont 3 groupes qui s’y donneront le tour chaque soir.


Le Villejuif Underground

Pour lancer cette édition au Fort St Père, ce sont des Français mais avec un Australien en prime qui démarreront les hostilités sur la scène des Remparts. Le Villejuif Underground qu’on a pu voir l’an dernier au Binic Blues Festival devrait faire fondre la glace (dans les verres) avec son rock garage psyché lo-fi indolent qui est en fait encore plus inclassable que ça.

Prestations déjantées menées par une bande hirsute un rien cinglée à la réputation de dézingués sans foi(e) ni loi, le quatuor du Val de Marne responsable d’un premier album Le Villejuif Underground en 2016 sur SDZ Records est également à la manette d’un ep Heavy Black Matter sur Born Bad Records la fin de la même année. Spontanés, les quatre chantres de la riante (et chic !) commune du Val de Marne devraient lancer la soirée sur des bases un tantinet dérangées comme on les aime. Avant de sortir un nouvel album sans cesse annoncé mais encore attendu.

Le Villejuif Underground – Vendredi 17 août – Le Fort st Père – Scène des Remparts – 18h30.

The Limiñanas

C’est aussi à des Français qui ont la classe que reviendra l’honneur d’ouvrir la scène du Fort le premier jour du festival puisque ce sont les formidables Lionel et Marie Limiñana aka The Limiñanas qui fourbiront leurs armes les premiers. Le duo de Cabestany (Pyrénées-Orientales – au sud de Perpignan) devrait sans peine (et quelle que soit la météo, qu’on se le dise) darder de ses rayons le festivalier ravi. Pédale fuzz pour le garage, guitare psychée en bandoulière même si non merci, je ne suis pas très drogue et paroles sixties absurdes (je t’ai croisée chez Prisunic, parmi les tomates atomiques) aussi sexy que les robes lamées de Françoise Hardy période Gainsbourg (ton coeur de pyrex résiste au feu), les Limiñanas ont ce charme indicible qui a conduit les labels américains à les courtiser (HoZac, un label de rock indépendant de Chicago, ou Trouble in Mind) avant même ceux d’ici.

Activiste des scènes perpignanaises (musiciens dans plusieurs formations du cru, organisation de concerts…) depuis bien plus longtemps, le duo complice de Pascal Comelade s’est formé en 2009 un peu par hasard puisqu’après deux morceaux postés sur Myspace, on leur en a demandé dès le lendemain une nouvelle palanquée. Marie s’est illico mise à la batterie et cinq albums plus tard, dont le dernier excellent cru, Shadow People (Because, janvier 2018), la pop du Velvet de Perpignan, aussi lancinante et primitive que celle de Lou et John, est tout autant émoustillante. D’ailleurs nos deux larrons de noir vêtus continuent de garder portes et fenêtres ouvertes à toutes les collaborations (comme depuis toujours) et ce ne sont pas moins que Bertrand Belin (amour éternel ici pour le garçon qui signe un Dimanche impérialement addictif), Peter Hook (de New Order une nouvelle fois), Emmanuelle Seigner ou Anton Newcombe (The Brian Jonestown Massacre) -avec qui ils enregistrent d’ailleurs ce dernier album en date- qui viennent poser leurs voix (entre autre) sur ce nouveau disque. Un excellent choix pour ouvrir la scène du Fort. Et puis, qui sait, comme Anton Newcombe y est programmé le même soir avec son Massacre, le Californien pourrait peut-être venir grossir les rangs de la formation occitane.

The Limiñanas – Vendredi 17 août – Le Fort St Père – 19h15.

Grizzly Bear

Troisième venue des Américains de Grizzly Bear à la Route du Rock après notamment un double moment de grâce suspendue en 2006, l’un au Palais du Grand Large le vendredi et l’autre le dimanche en remplacement au pied levé des Television Personalities pour ouvrir la soirée au Fort St Père. Ed Droste (chant, claviers, guitare, omnichord), Christopher Bear (batterie, percussions, chœurs), Daniel Rossen (chant, guitare, claviers) et Chris Taylor (basse, chœurs, vents) nous avaient lessivé l’estomac, le cœur et l’âme tout ensemble et le fan de pop transi planqué derrière nos t-shirts de noise était rien de moins que tombé à genoux.

Grizzly Bear © Tom Hines

Yellow House n’était pas encore sorti. On n’avait alors pas écouté Horn of Plenty et on s’était pris rien de moins qu’une belle claque : la pop du quatuor aux couleurs aussi délicates qu’éclatantes, avec un goût notable pour les arrangements ciselés (et pourquoi pas une flûte traversière), les virages mélodiques et les harmonies à plusieurs voix nous avait écarquillé grand les oreilles. Assez pour qu’on se précipite sur Yellow House sorti chez Warp (à cette époque un groupe pop sur l’un des labels cultes de l’électro était événement) en septembre de la même année. Depuis autant dire qu’on l’a élimé à force d’écoute. Mais aussi Friends (compilation de démos, de versions différentes des morceaux, avec en prime quelques covers et un morceau avec Beirut et Dirty Projectors) sorti la même année. Tout comme Department of Eagles, l’autre projet de Daniel Rossen, qu’on adore tout autant.

Leur retour en 2009 sur la scène du Fort, mais cette fois-ci dans le noir, fut tout aussi gagnant et l’on découvrait pour la première fois les compositions du magistral Veckatimest en live pendant un concert de haute intensité. Les quatre garçons qui avaient fait les premières parties de Radiohead, joueraient plus tard avec orchestre, Owen Palett et Nico Mulhy, mais surtout avaient composé un joyau étincelant de pop dont les arrangements de haut vol n’avaient pu être repris à l’identique sur la scène du Fort. Le groupe y avait remédié par un équilibre de haute voltige gagné sur un dénuement aux atours plus rêches mais aux entrelacs rythmiques et mélodiques fascinants. La sortie de Shields, autre cathédrale de pop vocale et symphonique aux mélodies tourbillonnantes n’a fait que confirmer notre adulation sans borne pour les Américains. Si on continue de laisser le temps à Painted Ruins (été 2017) qui se montre moins évident d’accès mais tout aussi riche de trésors au fil des écoutes, on compte les minutes jusqu’à ce nouveau concert qui devrait combler (on l’espère) les amateurs de pop grand format qui déborde des angles.

Grizzly Bear – Vendredi 17 août – Fort St Père – 20h45.

Shame

Ne vous laissez pas avoir par la pochette de leur premier album Songs Of Praise (Dead Oceans, janvier 2018 -titre faisant d’ailleurs écho à une émission religieuse anglaise) qui les voit mignonnets tenant de doux porcelets dans les bras, les Shame Britanniques sont plutôt du genre saignants. Après une venue sur la scène de la collection hiver 2017 de la Route du Rock, les voici de retour auréolés par la sortie réussie et quasi partout acclamée du premier album sus-cité.

Brexit ta mère titrait l’an dernier Mr B en parlant d’Idles, Sleaford Mods et Fat White Family (et consorts). Ça s’applique tout pareil au quintet de Brixton, tranchant comme des charcutiers, dont l’imagerie (pintes & pub, fish & chips, foot anglais) à la fois hirsute et braillarde colle sans peine à leur post-punk tendu balançant sans fard et avec une verve épatante la rage profonde minant la société anglaise. Ce &$#& de flegme britannique a au moins le mérite d’avoir aussi produit de splendides exemples de ce qui peut se faire de mieux en matière de hargne et de bargerie musicale. Directs, les minots (20 ans grosso modo) Charlie Steen (chant), Charlie Forbes (batterie), Eddie Green (guitare), Sean Coyle-Smith (guitare) et Josh Finerty (basse), la jouent à coups d’uppercuts et de concerts à haute teneur inflammable. On gage qu’ils devraient comme Idles l’an dernier, mettre le feu aux poudres du Fort.

Shame – Vendredi 17 août – Fort St Père – Scène des Remparts – 21h50.

Étienne Daho

Si l’acception frenchy but chic colle historiquement à l’un des artistes de la programmation, c’est évidemment à Étienne Daho puisque le natif d’Oran qui a passé sa jeunesse à Maurepas est une des figures essentielles des jeunes gens modernes des années 80. Et que justement la chronique de Jean-Eric Perrin dans Rock’n Folk (Frenchy but chic, donc) consacrée à la scène française célébrait les encore peu connus Rita Mitsouko, Marquis de Sade, Taxi Girl, Kas Produkt ou autres Elli et Jacno. A cette époque, le jeune homme était d’abord l’un de ces activistes de la scène rennaise, qui traînait avec Hervé Bordier (Transmusicales), Marquis de Sade, organisait un concert des Stinky Toys (le premier groupe de Jacno et Elli Medeiros) à Rennes pour son anniversaire et que ses copains poussaient sur la scène des Transmusicales (avec le groupe Entre les deux fils dénudés de la dynamo en 1979, puis en solo -Étienne Daho Junior- en décembre 1980).

© Pierre René-Worms / « Avant la Vague, Daho 78-81 ».

La suite on la connaît : des albums qui rencontrent le grand public de l’inaugural Mythomane 1981 à La Notte La Notte et son portrait culte signé Pierre & Gilles (1984) en passant par Pop Satori (1986), Paris Ailleurs (1991), Corps et armes (2000), L’invitation (2007), Les chansons de l’innocence retrouvée (2013) jusqu’à Blitz (2017) pour n’en citer qu’une partie et qui en font désormais le musicien référence d’une certaine nouvelle scène française. Au total une quinzaine de disques pop (scène et studio) à la gravité légère et aux pesanteurs aériennes où le musicien reste lui-même tout en gardant les oreilles grandes ouvertes sur le monde autour (de St Étienne à Rone, de Syd Barrett à Phil Spector, de Bowie à Zdar, de Brigitte Fontaine à Kenneth Anger le cinéaste qui inspire le visuel de Blitz…), élargissant constamment ses horizons esthétiques tout en cultivant sa singularité, en multipliant les amours et les collaborations.

Un garçon qui se tient à l’écart de la musique qui l’a formé, remué, bouleversé. Le rock. Parce que selon ses dires, il aurait été tenté de reproduire ce que ses idoles avaient déjà fait et qu’il se devait au contraire de trouver sa propre voie/voix. Concilier en quelques sortes ses amours rock et yéyé. C’est tout de même à la faveur d’un album plutôt rock (Blitz) et de la tournée d’été qui s’achèvera à st Malo qu’on retrouvera l’éternel rennais sur la scène de la Route du Rock. L’occasion pour nous d’y célébrer avec lui d’abord des amours partagées (Edith Fambuena et Jean-Louis Piérot – on gage que les cordes de L’étincelle sur Blitz viennent de par là-, Jean Genet – Le Condamné à mort avec Jeanne Moreau-, Kerouac -auquel Pop Satori fait référence-, Françoise Hardy et on en passe), son enthousiasme de fan absolu qui en font un passeur, mais surtout la singularité d’un garçon qui si on ne l’écoute pas souvent, reste une figure particulièrement attachante de la musique d’ici.

A noter : A l’occasion de la venue de l’artiste, le festival présente un extrait de l’exposition proposée à la Philharmonie de Paris Daho l’aime pop qui plongeait à l’aide de 200 portraits dans les sources admises et cachées de la chanson pop française.

Etienne Daho – Vendredi 17 août – Le Fort St Père – 22h40.

The Black Angels

Quand on choisit le nom de son groupe en 2004 en hommage à une chanson du Velvet, on a des chances d’être un brin nostalgique de la fin des sixties et la musique composée par le combo texan The Black Angels l’illustre à merveille. Chantres et chamans incontestés du revival psyché, les musiciens d’Austin ont en cinq albums (Passover -2006- et Directions to See a Ghost -2008- sur Light in the Attic, puis les deux suivants sur Blue Horizon Ventures, Phosphene Dream – 2010-, Indigo Meadow – 2013- et enfin le dernier en date sorti l’an dernier sur Partisan Records Death Song) creusé un sillon fait de poussières remuées à coups de guitares fuzz, de rythmiques lourdes, de basse lancinante et de synthés analogiques brumeux.

Longues envolées planantes et hallucinées, riffs de blues qui ont taillé la bavette avec le diable dans le fameux carrefour, échos malsains et brouillards gothiques avaient déjà su séduire le public de la Route du Rock en 2010 (et des Transmusicales deux ans avant avec un live envoûtant et ténébreux) et notre plaisir est grand de retrouver à nouveau les co-fondateurs du Levitation Festival (ex Austin Psych Fest qui s’exporte dans plusieurs pays du Monde – par ici aussi), au Fort St Père. D’autant qu’on a adoré Death Song leur dernier forfait discographique, avec son atmosphère sombre, déchirante, fortement marqué par un contexte socio-politique post-électoral particulièrement funky et riant aux USA (Austin fait figure de havre de tolérance coincé en pleine Bible Belt américaine et l’arrivée de Trump au pouvoir n’y fait pas des masses marrer). En plus de revenir sur leur obsession (puisque The Black Angel’s Death Song, le morceau du Velvet Underground qui leur avait donné leur patronyme devient également le titre de leur nouvel album, Death Song), le nom de l’album évoque également « les périodes de terreur, [pendant lesquelles] les gens qui avaient peur de mourir d’une minute à l’autre étaient encouragés à écrire des Death Songs. il les chantaient en boucle, entraient dans une sorte de transe, ce qui leur permettait de se sentir mieux » (Alex Maas, New Noise #39). On ne vous souhaite donc pas la terreur, mais au moins le réconfort et on a toute confiance en Jake Garcia (guitare, basse, chant), Stephanie Bailey (batterie, percussions, basse), Christian Bland (guitare, basse, batterie), Kyle Hunt (claviers, percussions, basse, guitare) et Alex Maas (chant, basse, clavier, guitare, sitar) pour nous y plonger le temps d’un set tendu et hypnotique comme ils en ont le secret.

The Black Angels – Vendredi 17 août – Fort St Père – Scène des Remparts – 00h00.

The Brian Jonestown Massacre

Ceux qui, comme nous, ont vu le documentaire Dig! d’Ondi Timoner sorti en 2004 devraient être plus que surpris par l’impressionnante longévité de The Brian Jonestow Massacre. On y suivait le destin parallèle de la formation et de leurs d’abord camarades puis rivaux confrères de The Dandy Warrols. L’impressionnante spirale autodestructrice du leader Anton Newcombe, mêlant ego et drogue, tout deux à haute dose, laissait subodorer une fin tragique ou pathétique à l’aventure. Pourtant, ils seront bien là sur scène à la Route du Rock ce vendredi.

Depuis maintenant 25 années, le groupe mélange avec application, dévotion, et un talent certain (à défaut d’une inspiration toujours constante) rock psychédélique, shoegaze, new wave, folk rock et rock expérimental. Au fil d’une discographie démente (une vingtaine d’albums, cinq compilations et autant de live) et d’une formation entourant Anton Newcombe d’une extrême volatilité (à l’exception du guitariste Matt Hollywood et de Joel Gion et ses tambourins qui sont des collaborateurs réguliers pas moins d’une soixantaine de musiciens se sont succédés aux line-up), le groupe aura finalement duré, acquis un statut de groupe culte et trouvé une place toute particulière chez les amateurs d’un rock brumeux et obsédant. Anton Newcombe a également prix soin de multiplier les collaborations fructueuses. On citera notamment le très beau disque qu’il a sorti en compagnie de Tess Parks en 2015 et sa toute récente collaboration avec The Limiñanas dont on vous a parlé plus haut.

The Brian Jonestow Massacre – Vendredi 17 août – Scène du Fort – 01h05.

La nuit sur le Dance-Fort

Si certains s’étonnent encore (!) qu’un festival indie-rock propose une programmation électro (notamment pour réchauffer les festivaliers lorsque la fraîcheur nocturne tombe sur le Fort), la majorité du public en redemande. On retrouvera ainsi plusieurs groupes ou artistes destinés à propulser tout le monde sur le Dance-Fort.

Route du rock 2013 © Nicolas Joubard

Föllakzoid

Au sens strict, les Föllakzoid ne font pas dans le dancefloor et la boule à facettes. Mais plutôt dans le psyché chamanique à grandes louchées de kraut. Oui, mais voilà, à force de faire tourner leurs riffs bouclés, en construisant densément leurs longs morceaux extatiques, les Chiliens invitent à la danse, à la transe. Guitares tout en delays, rythmiques denses et massives, basse serpentine au groove vénéneux, synthés parfois réceptacles d’une voix brumeuse : la musique du trio (quatuor en live) engage à l’immersion totale. Le trio originaire de Santiago, signé chez les New Yorkais Sacred Bones, tout autant influencé par les musiques immémoriales des Andes que par les structures des musiques électroniques minimales et les textures du kraut (Ash Ra Temple, Can, Popul Vuh) et du psyché, provoque des expériences sensorielles hypnotiques qui altèrent la perception à force de répétitions.

Föllakzoid – crédit photo : Ebru Yildiz

Avec leurs trois albums (Föllakzoid -2009, BYM rec- II -2013, Sacred Bones- et III -2015, Sacred Bones), Diego Lorca (batterie), Juan Pablo Rodriguez (chant, basse) et Domingo Garcia-Huidobro (guitare) continuent constamment de développer leurs obsessions, la structure initiale des morceaux se révélant matière toujours changeante pour atteindre la forme idéale d’un mantra. Accompagnés sur leur dernier LP en date par le Korg analogique (la légende raconte qu’il a appartenu à Kraftwerk) d’Uwe Schmidt (aka Atom TM ou Señor Coconut, oui, quand même), le trio tisse des thèmes sinueux à force de subtiles superpositions de riffs et de boucles cycliques, aux rythmes aussi répétitifs qu’ondulants. Nul doute que leurs aspirations cosmiques amèneront sans peine les festivaliers à danser sous la voûte céleste en regardant les étoiles dardant au-dessus du Fort St Père.

Föllakzoid – Vendredi 17 août – Fort st Père – 2h25.

Magnetic Friends

Pour finir, les plus chics seront bien sûr comme d’habitude au Fort, comme chaque année. Les djs des Magnetic Friends auront en effet une nouvelle fois en charge de réchauffer l’ambiance entre les concerts. Et comme à leur habitude, ils devraient sortir de leurs besaces une tripotée de titres pour danser, faire des blindtests avec les copains, voire chanter à tue-tête bras dessus-dessous avec son voisin (parfois inconnu quelques minutes auparavant).

Entre madeleines indie-hip-pop-electro-rock et bombinettes-turbines à danser, les facétieux djs pourraient d’ailleurs glisser quelques surprenantes pépites. [On en profite d’ailleurs pour les remercier pour le remix de Christophe par Mansfield.Tya l’an dernier, juste sublime]. Oui, ça s’est déjà vu.

 


La Route du Rock a lieu du 16 au 19 août 2018.

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