Pour leur premier concert, on peut dire que les Pies Chicaillent ont fait fort. Vous aurez donc la chance grâce à eux de pouvoir écouter mercredi 18 mai au Bar’Hic : Megrim, une des pépites pop rennaises mais également l’épatant Jeffrey Lewis, chantre new-yorkais d’un songwriting bricolo et bancal aussi sensible que décapant.

A l’instant où nous avons appris la venue sur Rennes de Jeffrey Lewis, nous avons d’abord hurler un retentissant « YESSSS » accompagné du double pliée de coude poings levés de rigueur. Puis nous nous sommes rués sur notre débordante discothèque pour en ressortir les magnifiques CD du bonhomme afin d’effectuer un gigue de joie sur les essentiels No LSD Tonight et If You Shoot The Head You Kill The Ghoul…

Grâce à un camarade aux oreilles infaillibles et d’inoubliables soirées mêlant musique, amitié et houblon, nous avions découvert Jeffrey Lewis au début des années 2000 avec son second album : It’s The Ones Who’ve Cracked That The Light Shines Through, sorti sur le label anglais Rough Trade. En plus d’avoir une pochette qui tue et un des plus beaux titres d’album que l’on on connaisse (Ce sont ceux qui ont craqué qui laisse passer la lumière) le disque regroupe 13 merveilles d’antifolk bricolo interprétées avec une candeur acide et une fougue irrésistible. Avec une écriture désarmante et une voix juste fausse ce qu’il faut, le bonhomme nous y brossait une autobiographie complète en moins de cinq minutes, nous exposait à vif ses blessures de cœur, nous expliquait comment survivre à une invasion de zombie ou pourquoi il ne faut jamais accepter l’invitation à diner d’un label. Ce qui a achevé de nous rendre le monsieur éminemment sympathique c’est qu’en plus de graver sur disque ses mélodies joliment déglinguées, il crée également des Bandes Dessinées et que ses pochettes sont d’astucieux dépliants bardés de petits dessins réjouissants.
Avec la décontraction des Moldy Peaches, l’innocence de Daniel Johnston et l’ironie mordante de Leonard Cohen, le gars a continué son bonhomme de chemin au fil de sept albums à l’inspiration parfois un peu inégale mais réussissant l’exploit de garder une fraicheur inaltérée. Nous vous conseillons tout particulièrement 12 Crass Songs son excellent album de reprises du groupe de punk-rock Crass. Douze brulots anars y sont transformés en ballades folk solaires et sarcastiques. Pour cette tournée, il viendra défendre Manhattan, sa dernière galette sortie en octobre 2015. Un opus aux arrangements très inspirés et hautement autobiographique dans lequel il narre avec une tendre mais impitoyable ironie ses soucis de tournée ou face à la paternité, décrit avec une verve irrésistible les cintrés new-yorkais ou parodie le corbeau d’Edgar Allan Poe.
Les échos de ces prestations live parvenues jusqu’à nos oreilles sont assez flatteurs et l’humour ravageur du bonhomme semblent particulièrement faire merveille sur scène. En tout cas, ne loupez pas cette occasion de découvrir les chansons , il y a de fortes chances qu’elle ne se reproduise de sitôt.

Nous sommes tout aussi ravis de retrouver en complément de cette soirée une des formations pop rennaises ayant les faveurs des oreilles altéristes et qui reste encore à notre avis encore bien trop confidentielle. Megrim est principalement le projet d’Olivier Doreille (chant/guitare). Vous avez peut-être déjà entendu le monsieur dans Les Autres, chouette formation d’indie-pop abrasif ayant démarré dans les années 90. La suite de ses aventures continue d’avoir un charme assez imparable. Mélodies ciselées, chant mélancolique et murs de son shoegaze, tout y est pour un plaisir pop instantané. Après avoir inexplicablement loupé leurs nombreuses prestations sur Rennes et ses environs, nous avions enfin fini par combler cette intolérable lacune au Bar’Hic en novembre 2015 et nous pouvons donc désormais vous affirmer de source sûre que la bande met parfaitement en valeur en live ses pépites mélodiques.

L’ambiance entre et après les groupes sera assurée par les sélection indie rock  de DJ TMP de l’émission Up the Bracket ! sur Canal B.

Mercredi 18 mai 2016 – Bar’Hic, 24 place des Lices, Rennes – 20h30 –  6 €

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