Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…
On aura donc pu découvrir véritablement « Rouge Gorge » , le projet solo de Robin, à l’Antipode, lors de sa prestation en première partie de Sexy Sushi. Jamais évident de faire ses armes sur une « vraie » scène, surtout dans une ambiance un peu survoltée et avec un public venu en masse pour la tête d’affiche mais au vu des réactions, « Rouge Gorge » semble avoir agréablement conquis l’auditoire.
On profite que « Rouge Gorge » revienne jouer en concert vendredi 1er Novembre au bar « le Sympatic », dans le cadre d’une soirée organisée par l’excellent label « Les disques anonymes » pour en savoir un peu plus sur ce « drôle d’oiseau » et cette « minimal wave frenchy ».
Interview
► Alter1fo : « Rouge Gorge » : pourquoi avoir choisi ce nom qui reste assez imagé ?
Rouge Gorge : Le nom date de mes années lycées, quand j’ai découvert la MAO. C’est juste une traduction de « Robin », en français. Plus tard, j’ai lâché l’ordinateur, pour le live tout du moins…et le nom est resté. Peut être que l’ambiguïté entre l’oiseau mignon et la résonance macabre du nom (gorge rouge) me plaisait.
► Comment est né ce projet solo « Rouge Gorge » ?
Le projet tel qu’il existe actuellement est né d’une envie de sortir de la composition à partir du logiciel de MAO « Reason ». Je voulais donner plus de place à la voix et aussi avoir le sentiment de créer de la musique en direct pendant mes concerts. Avant, je me sentais un peu frustré de rester spectateur de mes propres fichiers « Reason » en live.
J’ai profité d’un séjour de 6 mois à Dresde en Allemagne et des contraintes que cela apportait au niveau du matériel, car tout devait rentrer dans une valise pour refondre le projet, sur des bases beaucoup plus minimales et plus simples, afin d’être capable de tout rejouer et sampler en live.
Le son du projet vient du mini-clavier que j’avais amené là-bas : un petit Casio jouet mais plutôt récent, avec des chouettes sons de synthés et trois mini-pads de batterie bien musclés.
► Comment définirais-tu ta musique?
C’est assez difficile de définir un projet perso qui est en même temps solo. Je manque un peu de recul mais la base reste le format « chanson/pop » travaillé avec différentes influences. Niveau style, on retrouve un peu de tout ce qui a pu me marquer en musique.
► Il est indiqué que l’EP a été composé entre Dresde et Rennes, tu voyages entre ces deux villes ou tu es posé sur rennes dorénavant ?
Non non, je suis pour l’instant sur Rennes.
► Tu as peut être joué dans d’autres formations avant ?
Oui, j’avais un duo avec Clémentine Blondeau: « Maasaï« . On appelait ça de la « naïve wave », on était deux, sur une base synthé/guitare/chant et différents dispositifs comme des samples, un circuit bending, et des percus.
Avec Clémentine, on a aussi eu un trio avec Julien Moinel à la guitare. « Cardinal Ratzinger » que cela s’appelait, notre premier groupe d’impro libre à tous les trois.
J’ai fait également un autre duo avec Antoine Garrec (actuel Garçon Machin), une sorte de variété/pop parfois bizarre aux synthés avec deux voix:
Sinon, j’ai remplacé et chanté pour certaines occasions dans divers groupes rennais (Les Spadassins pour une tournée en Belgique, Superdrugz…) et j’ai fait deux projets d’études live quand j’étais étudiant au conservatoire: un sur le Krautrock et un autre sur New York fin 70’s/début 80’s.
► Par quel instrument as-tu commencé la musique ?
J’ai commencé par le chant, j’ai toujours aimé ça, je crois. Quand j’étais à Vitré, je faisais du chant lyrique au conservatoire municipal.
► Comment composes-tu?
Je compose seul, plutôt à l’instinct, je n’écris pas la musique. Je joue des trucs et j’enregistre beaucoup les idées qui me viennent. Et puis quand j’ai du temps, je reviens dessus. Ça peut aller très vite, comme plus lentement, ça dépend de comment me viennent également les paroles. J’ai aussi quelques textes qui ne sont pas de moi : un ami, Charles Bénéat m’a écrit « Milf & Milk » et « Les Primevères » est en partie un texte que ma mère avait écrit, il y a quelques temps.
► Quelles sont tes influences musicales
Je suis assez client des libertés prises au début des années 80 par la scène « punk/dada/pop » en Europe (Allemagne, Belgique, France, Angleterre…) mais j’ai aussi été touché par d’autres familles musicales comme le hip hop, l’improvisation libre, le lyrique, la musique électronique (Warp…) et la house, la minimale allemande, la new wave, la variété/l’Italo, la noise, la no wave et le krautrock ou encore la musique des vieux Lucasarts…
► Peux tu me citer quelques disques que tu aimes écouter ?
Les Honneymoon Killers – Les tueurs de la lune de miel,
Nacht und Nebel – Beats of Love,
Siouxie & The Banshees – Juju,
Sean Nicholas Savage – Mutual Feelings Of Respect And Admiration,
Philippe Katerine – Les Créatures
Kendrick Lamar – Good Kid M.A.A.D City
► Sur la scène rennaise, comment te situes-tu ?
Dernièrement un peu à Brest…
► Es-tu en contact avec d’autres artistes Rennais ?
Mis à part les connaissances via la musique et les bars que je peux fréquenter, j’ai participé il y a quelques années à la programmation du festival « Roulements de Tambour! ». Du coup, je garde quelques contacts de cette expérience. Sinon j’aime bien ce que fait TONDEUSE.
► Comment analyses tu la scène musicale rennaise : mise à dispos de salle, possibilité d’effectuer des résidences, salles de répétition, obtenir un suivi dans un projet etc..?
Je ne suis pas un pro des institutions mais je dirais qu’il y a régulièrement pénurie de locaux pour répéter. Le Jardin Moderne c’est chouette mais c’est souvent complet et plutôt excentré
Les groupes ont tendance à trouver des locaux de répét’ en campagne il me semble, moi j’ai pas le permis.
Il y a énormément d’assos qui programment dans tous les styles, c’est bien, et même si certaines chapelles ont du mal à se croiser, on peut régulièrement voir de beaux concerts dans des lieux accessibles (tant au niveau du PAF que de l’ambiance).
► Pourquoi avoir conservé ce nom Dresden sur le titre de l’EP ?
Il s’agit de morceaux qui ont environ 2 ans, tous créés là-bas. C’est aussi à Dresde que j’ai fait la première scène de ce projet, qui le finalisa.
► Comment résumer l’influence de ta vie passée à Dresde ?
Je ne suis pas parti à Dresde par hasard, je me sentais très proche d’une certaine scène allemande… ça m’a rendu curieux.
Dresde est vraiment prégnante, c’est con mais il y a certaines villes qui semblent avoir une âme. Je n’ai pas vécu dans beaucoup de villes différentes mais celle-ci a une histoire assez riche, sur fond de déclin et renaissance : elle fut la capitale des rois de Saxe puis il y a eu une période de déclin, puis est venu l’ère de l’industrialisation, stoppée par la destruction des bombes. Vient ensuite la reconstruction par les soviétiques, puis la guerre froide etc… Et toute cette histoire est plutôt palpable. Il y avait du matériel pour faire de la coldwave.
► D’où t’es venu l’idée de cette pochette de l’EP ? Que souhaites-tu faire passer finalement comme message ?
La pochette est faite sur Kid Pix. C’est une vieille photo d’un anniversaire où j’avais reçu cette boule à facette. Ça ressemblait à une remise de prix, j’aimais bien le côté ironique du « jeune premier ».
► Depuis quand datent les morceaux ? Ou as-tu enregistré, mixe et mastérisé ?
J’ai enregistré et mixé à Dresde, directement dans l’appart’ où je vivais. Je venais de choper le logiciel « Logic ». Je voulais quelque chose de simple, le projet était encore en élaboration. Beaucoup de morceaux ont d’ailleurs été créé pendant l’enregistrement. Il n’y a pas eu de mastering.
► Qu’aimerais tu que l’on te dise une fois que l’on a fini d’écouter tes morceaux ?
Qu’il n’y avait pas assez de morceaux !…
► Tu as fais la première partie de Sexy Suhi, comment as-tu été contacté pour cette date?
Par l’Antipode tout simplement et par téléphone.
► Comment as tu appréhendé ce live, as-tu déjà joué sur une grande scène auparavant ?
Non, finalement. J’ai juste joué au Jardin Moderne il y a un mois pour le Marché Noir #2, avec « Mein Sohn william« . Je suis content de faire la première partie de Sexy Sushi, j’aimais bien quand j’étais au Lycée et à la Fac. J’ai peu écouté leur dernier album mais j’ai entendu un ou deux bon titres sur internet. Ça a l’air d’être la grosse machine sur scène. Il parait que c’est bon signe d’avoir du stress avant un concert alors je me dis que ce sera bien…
► As tu profité de cette date pour peaufiner ton son « live » ?
► Tu joueras ensuite au Sympatic le 1er Novembre : jouer dans un bar ou sur un grande scène, que préfères tu ?
Comme je le disais, je n’ai pas beaucoup joué avec ce solo sur des grands plateaux. Je sais que j’aime bien les grandes scènes en groupe mais je suis conscient que ce projet a été plus rodé dans les bars, notamment à Brest et au Virage (Brest). J’ai encore des trucs à régler niveau lumière, sonorisation et mise en scène, où les règles sont, sur une scène, différentes d’un concert en bar, où le dialogue est vite libéré avec le public. Dans un bar, le 4ième mur n’existe pas forcément, c’est d’ailleurs ce qui me plaît beaucoup avec les concerts Brestois.
J’ai finalement peu joué sur Rennes cette année et je suis ravi de jouer au Sympatic. J’y suis pas mal passé voir des concerts dernièrement, c’était super.
► Passer de la scène de l’Antipode à un espace plus intime comme celui d’un bar, tu le gères comment finalement ?
► Tu préfères la scène ou l’enregistrement studio ou peu importe ?
Je ne fais pas vraiment du studio, plutôt du home studio du coup les deux sont mêlés, je répète et je compose parfois dans les mêmes moments.
► Comment donner envie aux gens de venir te découvrir au Sympatic ?
Être curieux, et aller voir directement sur le blogspot où on peut trouver deux clips: http://rougegorgemusic.blogspot.fr/
► Pour finir, quels sont les projets à venir et y a-t-il quelque chose que tu voudrais particulièrement souligner ?
Je vais jouer du farsifa dans Wonderboy pour le nouveau live, et j’ai une mini-tournée en préparation entre le 15 et 23 Novembre avec Condor, une formation à 5 (platines, MPC, Boîte à rythmes, synthés, basse/feedback, plusieurs voix). On fait de la musique électronique/acid, un peu déviante et en direct. On a aussi un groupe avec deux copains (voix et guitare électrique) ça s’appelle La Honte, j’y fait du clavier/BàR. Ça me plaît bien.
► Merci!
Pour en savoir plus :
Vendredi 1er Novembre, Les disques Anonymes proposent au bar le Sympatic P.A.F. : 3 Euro / 20h30:
The Pirouettes (Paris / Pop Electronique) + Rouge Gorge (Rennes / Minimal Synth ) + Pocket Burger en Dj Set
Le Bandcamp de Rouge Gorge : http://rouggorg.bandcamp.com/
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