Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…
Ça a commencé sur la toile sous les derniers soleils de l’été, aux premiers signes de l’automne 2012. Quelques titres postés qui nous avaient sacrément mis l’eau à la bouche et nous avaient bluffé par leur étonnante maturité. Pourtant, si le duo fondé par Sylvain Texier (The Last Morning Soundtrack) et Benjamin Le Baron (F.Hiro), désormais trio en live avec Thomas Beaudoin (le chanteur/guitariste de Piranha) avait mis tout le monde d’accord avec ses premiers morceaux, on s’inquiétait pour le passage au live. Car la musique de Fragments, complètement instrumentale est de celle qui prennent le temps des silences, des respirations. On a très vite été rassuré lors de leur première date à Rennes au printemps pendant le Premier Dimanche Electroni[k] aux Champs Libres : Fragments sait en effet tout autant distiller en live ses comptines électroniques mélodiques et délicates avec un beau talent d’orfèvre. Les trois compères réussissent à créer l’intensité et les montées, en jouant sur l’épaisseur évanescente des silences, par petites touches. On les avait rencontrés peu après leur succès aux Champs Libres. On attendait que le trio revienne sur le devant de la scène pour publier cette interview : c’est le cas ce mois d’octobre. Fragments sera en effet en concert le 15 octobre dans le cadre du Festival Maintenant pour la soirée Expérience 1 et sort un premier ep ce 1er octobre. On y retrouve le magnifique Off the Map, rehaussé par l’ajout d’un bugle (Flugelhorn) au son profond mais également trois remixes signés par les essentiels Mermonte, le très prometteur Subarys et l’étonnante et talentueuse londonienne Poppy Ackroyd. Rencontre.
► Alter1fo : Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
Sylvain Texier : Sylvain, pianiste, batteur, compositeur-arrangeur de Fragments.
Benjamin Le Baron : Benjamin. Je m’occupe de tout ce qui est machines, synthés, les sons un petit peu bizarres, ce genre de choses…
Sylvain (ajoute) : la basse aussi.
► En live, le groupe est aussi rejoint par Tom Beaudouin à la guitare. Vous jouez tous les trois dans d’autres formations. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment est né ce nouveau projet ? Quelle est la genèse de Fragments ?
Sylvain : Des soirées arrosées ! (rires) A l’origine, on se connaissait depuis un petit moment avec Benjamin. Des connaissances en commun ont fait qu’on a passé des soirées ensemble. On s’est aperçu qu’on avait pas mal de goût musicaux en commun, pas mal d’influences similaires. On a eu envie, je crois, de mêler tout ça dans un nouveau projet, pour se faire plaisir.
► C’était plus l’envie de faire une musique différente de celle que vous faisiez à côté, ou c’est davantage l’envie de travailler ensemble qui a été le moteur ?
Benjamin : Je pense que c’était un peu des deux. (Sylvain acquiesce) C’était faire quelque chose de différent. (Il se tourne vers Sylvain) Toi, tu avais envie de quelque chose de différent de ton projet.
Sylvain (confirme) : Moi surtout, j’en avais besoin…
Benjamin (poursuit) : F.Hiro, c’était un peu sur la fin. Donc j’avais du temps. Et des envies aussi… Un peu différentes de F.Hiro, parce que ce n’est quand même pas du tout pareil (sourires).
► Le nom Fragments colle bien à votre musique. D’où vient-il ?
Sylvain : Avant d’avoir Fragments, on est passé par environ 382 noms de groupe. (rires) On n’était jamais d’accord. Et puis un jour, j’ai proposé Fragments à Benjamin. On cherchait une idée poétique au début.
Benjamin : On avait des idées très précises de ce que ça devait dégager, d’où la difficulté à trouver un nom. On voulait un nom composé, avec plusieurs mots…
Sylvain : Finalement ce n’est pas du tout le cas. L’idée c’était aussi quand on a trouvé Fragments, de pouvoir le dire en français et en anglais. C’est une musique où il n’y a pas de textes. Elle peut être écoutée par tout le monde… Euh, le monde entier (rires). Fragments, c’était une idée intéressante parce que notre musique est composée de « morceaux ». Si on pense à quand on compose… Surtout du côté de Benjamin, quand il fait ses bidouilles informatiques (auxquelles je ne comprends pas grand-chose, d’ailleurs) : il va mettre des bouts les uns à la suite des autres et cela va former une phrase rythmique, etc… Il y avait aussi le côté poétique de quelque chose qui va être éclaté, qu’on va remettre ensemble. Ou à l’inverse, quelque chose qu’on va éclater nous-mêmes.
Benjamin : Ça résumait bien nos envies et ce que le projet dégage musicalement, tout simplement.
► Musicalement, justement, on a l’impression que le projet est un peu ambient, un peu éléctro, mais qu’en même temps, ça reste pop, avec des mélodies qui se dégagent facilement. Comment c’est venu l’idée de faire ce mélange-là ? On vous connaît d’ailleurs dans d’autres projets, qui n’ont pas du tout le même son…
Sylvain (perplexe) : Oui. C’est une bonne question.
Benjamin : Je pense que ce sont nos influences. On avait des influences communes. Un peu tout ce que tu as dit.
Sylvain (le coupe) : J’ai l’impression (c’est notre première interview alors on se rôde un peu – rires) que c’est aussi un peu accidentel, ces influences-là. (Benjamin acquiesce). Quand on a commencé le projet, on voulait vraiment quelque chose piano-électro, très minimaliste, pas du tout arrangé, pas du tout post-rock au final… Aujourd’hui ça touche effectivement non seulement à l’ambient (ça c’est le côté de Benjamin qui fait surface), mais aussi le côté pop qui vient un peu de nous deux. Le côté épuré, c’est peut-être un peu plus moi… Etc. Mais ce n’est pas quelque chose qu’on a réfléchi.
Benjamin : Ça s’est imposé.
Sylvain : C’est ça ! On a mélangé tout ce qu’on savait faire. C’est la somme de tout ce qu’on sait faire au final (rires).
► Au début, c’était donc vraiment l’idée de faire un truc électro-piano ?
Benjamin : C’était plus notre envie, effectivement.
Sylvain : Oui. On a découvert pas mal de choses comme Nils Frahm, Greg Haines… Je suis arrivé (parce que c’est moi qui suis allé voir Benjamin le premier, en disant « j’ai envie de bosser avec toi ») avec d’autres envies que The Last Morning Soundtrack. J’avais envie de me mettre au piano, etc… J’avais cette idée-là. Je venais de découvrir Nils Frahm. Je me souviens. Je revenais de tournée de Suisse avec Last Morning. J’avais voyagé dans ces montagnes, en écoutant Nils Frahm sous la neige. J’avais envie de faire pareil. Et au final, on a mélangé plein de choses…
Benjamin : Oui, et puis des groupes comme Efterklang, des choses comme ça, ça nous a aussi pas mal inspiré. Je pense que ça se ressent beaucoup. (Sylvain renchérit).
Sylvain : Et puis il y a Tom, aussi, qui est le troisième larron.
Benjamin : Il est arrivé quand on a eu besoin d’adapter la musique pour la scène. A ce moment-là, on ne savait pas trop combien on devait être, si on devait être 12 ou deux. Tom jouait de la guitare avec moi dans F.Hiro. Je l’ai débauché pour qu’il vienne avec nous. Il a apporté un côté plus rock, de par sa formation.
Sylvain : Guitare oblige, aussi.
Benjamin : Lui, donne ce côté un peu plus post-rock à notre musique…
Sylvain : Mais qu’on voulait aussi quand il est arrivé. Si on a choisi un troisième instrumentiste guitariste, c’était aussi vraiment pour faire un peu de rock’n roll.
Benjamin : C’est rigolo parce que ce côté post-rock, qu’on voulait au départ, uniquement pour le live a finalement déteint sur nos compositions.
Sylvain : C’est vrai que maintenant on est trois. On prend en compte les influences de Thomas. C’est quelqu’un qui est au Conservatoire de Rennes, qui a une culture musicale, théorique en tout cas, un peu différente de la nôtre. Moi je l’ai un peu, mais moins poussée, on va dire ; j’ai fait beaucoup de solfège aussi. Mais lui est vraiment là-dedans. Il va nous aiguiller sur des choses majeures/mineures, passer d’un mode à l’autre. C’est hyper intéressant en tout cas, d’avoir cette richesse-là en plus dans le projet.
► Bon, Tom a déjà répondu (à lire là)… mais pas vous deux… Trois disques sans lesquels vous ne pourriez vivre ?
Sylvain : Tu ne m’as jamais posé la question t’es sûre ? (rires)
► Oui, moi aussi, je croyais, mais promis, j’ai vérifié !
Sylvain : trois disques, Last Morning Soundtrack (rires) Non. Je pense que ce serait Death Cab for Cutie, Transatlanticism, Bon Iver For Emma, Forever ago… Il y en trop. Vous êtes dures ! Peut-être un Chris Garneau, peut-être Music for Tourists. Peut-être, pas sûr… Non, c’est dur !
Benjamin (rires) : Le premier truc qui me vient à l’esprit Nirvana, Nevermind.
Sylvain : T’as le droit.
Benjamin : Non, ça c’était quand j’avais 16 ans.
Sylvain : Moi quand j’avais 16 ans, c’était Blink (rires).
► Ouch !
Benjamin : J’ai tendance à adorer les derniers albums que je viens d’acheter ! J’en ai acheté hier soir, ça fait un peu court. J’aurais tendance à dire un album de Cult of Luna, des groupes que j’adore comme ça.
Sylvain (le charrie) : Cult Of Luna, quand même. (Pause) Si, il y aurait quand même le Nils Frahm, Felt, qui pour moi a été une très grosse découverte.
Benjamin : le premier album de Zombie Zombie, que j’adore. Et un album de Portico Quartet, que j’ai découvert il n’y a pas longtemps, mais que j’adore, vraiment.
Sylvain (le charrie de nouveau) : T’es sûr, ce n’est pas un Dream Theater, un petit Phil Collins…
► Comment composez-vous ? Vous improvisez ? Chacun fait ses propres morceaux, ou bien l’un d’entre vous arrive avec une partie que vous retravaillez ensemble ?
Sylvain : Ça dépend.
Benjamin : Soit Sylvain arrive avec une mélodie déjà toute faite, souvent du piano, du rhodes. Davantage une base en fait, des accords, une phrase mélodique. Ensuite, je vais broder autour. Soit ça m’est arrivé de venir avec des sons, des espèces d’ambiances toutes faites…
Sylvain : Ou des motifs, non seulement rythmiques, mais aussi mélodiques. Sur Paper Clouds, notamment, Benjamin est arrivé avec quelque chose d’hyper intéressant aussi bien mélodiquement que rythmiquement. C’était un morceau d’une minute trente. Je lui ai dit : « c’est génial, il faut ajouter autre chose !» J’ai greffé un piano dessus. On a ensuite défini une structure ensemble. Mais c’est vrai que ça dépend…
Benjamin : On compose souvent à distance. On ne compose pas vraiment ensemble, du fait tout simplement de nos emplois du temps. C’est une musique qui n’est pas forcément évidente : comme on a des machines c’est un peu long à programmer. Ce n’est pas comme un groupe de rock. On ne peut pas vraiment arriver en faisant « 3,4, c’est parti ! » C’est aussi pour ça que ça met un peu de temps à faire. Composer à distance, c’est plus simple comme ça. On a trouvé un bon rythme de croisière. Généralement quand on a fini, on propose ça à Tom.
Sylvain : Ou alors, pour le dernier morceau qu’on a composé (et qu’on n’a pas joué aux Champs Libres), j’avais amené une base mélodique qu’on avait retravaillée ensemble. Et puis, arrivés en répète, on trouvait ça un peu laborieux. Ça ne fonctionnait pas forcément. Tom a alors proposé de passer tout ce qui était en majeur en mode mineur, et au final la magie a carrément opéré. En une demi-heure, il avait composé toute la partie rythmique. On sait où on va, en tout cas. On sait ce qu’on veut.
Benjamin (précise en souriant) : On commence à savoir ce qu’on veut (Sylvain acquiesce), c’est plus simple maintenant.
Sylvain : On a défini une ligne. Aujourd’hui il faut la suivre. En s’écartant un peu à droite, à gauche parfois, mais on s’efforce de la suivre.
► Pourquoi tu ne chantes pas sur les morceaux ?
Sylvain : Parce que j’en avais marre de chanter (rires). En fait, j’en avais marre d’écrire des paroles.
Benjamin : Et puis c’était une volonté dès le début, on ne voulait pas avoir du chant. Ni Sylvain ni moi n’avions d’ailleurs émis la possibilité de chanter. Sylvain parce qu’il en avait marre, moi parce que je ne sais pas…
Sylvain : Je me souviens aussi quand je suis arrivé, je t’ai dit tout de suite : « je veux bien monter un nouveau projet, par contre, je ne chante pas et je n’ai pas envie de chant. » C’était clair ! (rires)
Benjamin : Et puis ça permet de faire vivre autre chose. Il y a des groupes qui s’en sortent très bien sans chant.
Sylvain : Ça nous a aussi forcés à composer différemment, en se disant : les gens qui vont écouter notre musique, sachant qu’il n’y a pas de chant, peuvent s’ennuyer très vite. Ça nous a forcés, même si c’est quand même une musique répétitive où les choses se développent au fur et à mesure (parce que personnellement, je suis très fan de ce genre de choses), à créer en occupant l’espace différemment : créer des ruptures, des choses qui vont faire que l’auditeur ne va pas s’ennuyer. C’était un exercice particulier, mais un exercice intéressant.
► C’est aussi pour ça que vous jouez sur les montées…
Benjamin : Ça, c’est le côté post-rock. C’est un peu un mélange de ce que tu disais tout à l’heure, entre l’aspect un peu post-rock et ce côté pop. C’est sur ce côté pop, d’ailleurs qu’on essaie de travailler, d’avoir des petits trucs que les gens puissent retenir assez facilement.
Sylvain : C’est important que ce soit, malgré tout hyper catchy, sans que ce soit trop élitiste. Mais je crois que quand on a joué aux Champs Libres, les gens nous l’ont assez dit : ça va aussi bien chercher dans l’électronique très fin, que dans quelque chose d’un peu plus poppy, qui va marcher complètement… Après, je pense que ce n’est pas putassier, mais qu’on arrive à prendre dans un peu tous les styles. Tout ça pour en faire notre sauce à nous.
► Vous avez enregistré une maquette, à la maison pour l’essentiel… C’était quoi vos envies, avec cette maquette ? Poser les choses ?
Sylvain : Oui, c’était poser les choses. On l’a faite à la maison, chez moi. C’était un exercice. On ne répétait pas. Le projet a commencé à peu près en mai, quelque chose comme ça…
Benjamin : Ça a vraiment démarré l’été dernier [NDLR : été 2012, donc].
Sylvain : Je suis revenu de Suisse en mars. On a commencé à en parler… On a vraiment commencé à composer en mai/juin et durant l’été, on a commencé à arranger les premiers morceaux. Comme Benjamin le disait tout à l’heure, on n’est pas un groupe de rock, on ne peut donc pas directement jouer. Il faut prendre le temps de réfléchir les choses, de créer les parties électroniques. Ça prend énormément de temps. On a enregistré ça à la maison. Je me suis amusé à les mixer, du mieux que je pouvais… Et puis ça a donné des maquettes qu’on a partagées sur le net. Aujourd’hui, je pense qu’avant de se lancer, de toute façon, il faut voir si ça peut marcher éventuellement. Là en l’occurrence, on ne s’y attendait pas du tout, mais ça a buzzé sur le net (rires). Tant mieux. Bien sûr, on a un réseau aussi, on savait comment s’y prendre. Ce n’est pas qu’on a triché mais on est allé voir les bonnes personnes, pour leur dire « allez écouter, s’il vous plaît, faites des petites chroniques ». Le bouche à oreille a fait que ça a bien marché. (Relativisant) Pour l’instant.
► D’où vient l’artwork de la maquette ? C’est Fanny Callipel qui l’a réalisée, c’est ça ?
Benjamin : En fait, c’est ma copine. A la base, c’est une création qu’elle n’avait pas faite pour nous. C’est une photo qu’on avait prise en se baladant. Cette photo d’arbre était assez chouette avec la lumière de l’automne. Je l’avais déjà remarquée, et pour la petite histoire, je voulais m’en servir pour F.Hiro (rires).
Sylvain : Les autres n’étaient pas d’accord alors j’ai sauté sur l’occasion. (rires)
Benjamin : Les autres n’étaient pas d’accord parce qu’ils trouvaient que ça ne marchait pas avec ce qu’on voulait sortir, et effectivement, il aurait mieux valu des palmiers pour le titre qu’on voulait sortir avec F.Hiro. Quand j’ai vu l’artwork qu’elle avait fait, qui n’était à la base pas pour nous, j’ai trouvé que ça collait exactement à ce qu’on voulait. C’était pile l’ambiance qu’on essayait de dégager avec les maquettes, quelque chose d’assez automnal et en même temps…
Sylvain : d’assez vaporeux, aussi je crois, un truc un peu fantomatique.
Benjamin : Oui, et d’organique aussi. Ce côté-là, on le voulait vraiment. L’aspect organique avec les arbres, ça pourrait un peu se rapprocher de Sylvain, du piano, de ses aspects là… Et en même temps, les espèces de formes géométriques pourraient de leur côté se rapprocher davantage du côté électronique de la musique.
Sylvain : Le côté organique était hyper important pour nous dès le début. On est allé enregistrer des trucs dans la forêt. On a enregistré des bruits de branches, de bruits de pas dans la forêt et on s’en est servi dans les chansons, même si on les a déguisés un peu. Après, le visuel est assez cliché, du type de ce qui se fait beaucoup (instagram…), mais au final je pense que ça nous représente bien, ainsi que l’univers du groupe. Donc voilà, on s’est dit, allez, on y va. Ce ne sera pas forcément le visuel d’un ep ou d’un album. Mais je pense qu’il faut quelque chose d’assez fort aussi, quand tu démarres sur internet, pour retenir l’attention. Il faut quelque chose d’assez homogène aussi dans ce que tu proposes. Fanny a créé une bannière aussi. Elle a fait les choses super bien, donc on avait vraiment quelque chose de super cohérent. Ça permet de faire ressortir le côté professionnel et mature du projet.
► Vous avez fait également un remix de Nils Frahm. Vous nous expliquez ?
Benjamin : C’est un peu particulier. Nils Frahm s’est cassé un doigt. Il a sorti un album qu’il a enregistré avec seulement neuf doigts. Il l’a sorti sous la forme d’un téléchargement gratuit pour l’anniversaire de ses 30 ans. Suite à cette sortie, il a proposé aux fans, à ceux qui le voulaient, de remixer ses morceaux. Il a dit à l’époque : « je ferai quelque chose avec, on verra bien ce qui va se passer… »
Sylvain (précise) : On pouvait remixer, retravailler ou faire des vidéos, des dessins, des gâteaux… Ce qu’on voulait quoi.
Benjamin : C’est un artiste qu’on aime beaucoup, donc on s’est dit : « pour le jeu, on va le faire ! ». On a fait ce remix et on en est assez content. Il a tenu sa promesse, il a fait un site dédié à tous les remixes, tous les travaux qui avaient été faits autour de cet album. Notre remix s’est retrouvé dessus.
Sylvain : Grosse fierté ! D’autant qu’on a reçu un mail de Nils Frahm, même plusieurs d’ailleurs, qui nous disaient qu’il avait trouvé ça vraiment bien. On était hyper ravi. En plus, il y a eu pas mal d’écoutes et ça nous a ramené des fans sur soundcloud.
Benjamin : Ça a ramené des gens qui n’auraient pas forcément été écouter le projet à venir. C’est la magie d’internet (rires)
► Vous étiez en résidence à l’Antipode en février, vous pouvez nous en parler ?
Sylvain : C’était pour préparer le live en fait.
Benjamin : C’était pour préparer les premiers concerts du groupe.
Sylvain : Gaétan Naël, programmateur de l’Antipode, suit le projet depuis le début. C’est une des toutes premières personnes à avoir écouté nos morceaux. Il a été assez enthousiasmé. Il est très rapidement venu vers nous pour nous proposer des journées de résidence. Et également la journée du Premier Dimanche Electroni[k] aux Champs Libres. Comme on est rennais, et de ce fait particulièrement stressés de jouer à Rennes (de par nos anciens projets, la visibilité qu’on peut avoir), on se disait : « si on joue à Rennes, il faut que ce soit bien, il faut que ce soit prêt. Il faut qu’on ait déjà un peu rôdé les choses.» On s’est dit, il faut qu’on aille faire des rades en province avant !
Benjamin : A l’extérieur de Rennes ! (rires)
Sylvain : On a fait deux concerts avant pour se rôder. C’était cool, c’était de super dates. On s’est bien marré. Je suis retourné à El Chicho [NDLR : à Bordeaux] (j’y avais déjà joué deux fois avec The Last Morning Soundtrack) ça s’est très bien passé.
Benjamin : C’était des dates sans prise de tête mais qui nous ont permis de nous rassurer et de nous détendre un peu sur scène, sur le fait que les gens accueillaient bien ça.
Sylvain : Parce qu’il y avait ce doute-là aussi.
Benjamin : Est-ce que la formule live allait marcher ? Est-ce que nous on serait prêts ? Est-ce que le projet allait autant plaire sur scène que sur internet ? Ce n’était pas évident.
Sylvain : On s’est quand même heurté à quelques refus de programmateurs qui nous ont dit : « c’est bien, mais sur scène, ça va être chiant ». (rires) On essaie de prouver le contraire.
Benjamin : D’où les résidences. Et également pour préparer le concert des Champs Libres.
Sylvain : C’était une grosse date pour nous. On ne voulait pas se foirer. On voulait qu’Electroni[k] soit content. Que nous, on soit content. On est hyper ravis d’avoir pu jouer aux Champs Libres, dans un espace aussi intimiste, avec du public, mais sans trop de foule [NDLR : l’espace de concert a tout de même chaque fois affiché très vite complet, ce jour-là]. J’affectionne particulièrement ces lieux. Pour un premier concert, c’est tout aussi bien, plutôt que de se heurter à la salle de l’Antipode ou autre chose. On va prendre tranquillement nos marques.
► L’affluence était quand même démente !
Sylvain : Ce n’était pas la même à Bordeaux (rires).
Benjamin : Cette date aux Champs Libres, on l’a vécue avec beaucoup de stress.
Sylvain : Ça se voit d’ailleurs sur le reportage de France 3 ! (rires)
Benjamin : On était hyper stressés pour plein de raisons. Il y avait nos copains, nos familles. C’était la première fois qu’on présentait le projet à Rennes, tout simplement. On savait qu’on était aussi attendu par quelques personnes. Comme l’a dit Sylvain, on ne voulait pas se foirer. D’autant qu’Electroni[k], c’est un très beau festival. Les Champs Libres et Electroni[k] nous ont offert l’opportunité de jouer là-bas, on ne voulait pas les décevoir.
Sylvain : Et puis, ils nous ont fait hyper confiance… Aveuglément, j’ai envie de dire.
Benjamin : On ne voulait pas arriver en faisant « coucou » et jouer des reprises de Nirvana en électro (rires). On ne voulait pas se louper et aussi être crédible vis-à-vis de nos autres projets.
► Au fil des trois concerts [NDLR : ce jour-là, Fragments a enchaîné trois concerts dans l’après-midi], vous avez réussi à vous détendre ?
Sylvain : Non, c’était de pire en pire personnellement. Le premier, c’était horrible et le troisième c’était pire. (rires) Il faisait très chaud et finalement, trois concerts, c’est assez éprouvant.
Benjamin : La fatigue s’en mêle.
Sylvain : On avait eu de grosses semaines. On est vraiment très occupé. C’était fatigant, stressant et on avait beaucoup de pression.
Benjamin : Je pense qu’on s’était mis la pression un peu tout seuls !
Sylvain : On est du genre stressés !
Benjamin : On a vécu les choses un peu différemment tous les quatre, avec Jonathan, notre ingé-son, qui était tout aussi stressé mais qui a fait du très bon travail. Au final, c’était de bons moments, mais stressants.
► Pour finir, vos projets à venir ? Des choses que vous voudriez souligner particulièrement ?
Benjamin : On va sortir un enregistrement, avec plusieurs morceaux.
Sylvain : On espère faire des concerts, aussi, beaucoup, créer un live qui tienne vraiment la route. On a réussi à créer un univers…
Benjamin : qu’on aimerait développer.
Sylvain : Jouer aux Champs Libres c’était génial, mais les lumières… Ce sont des néons, quoi… On aimerait vraiment créer une ambiance. Cette musique en a besoin. Le jour où on aura tout ça, ça pourra être vraiment chouette.
Benjamin : C’est une musique qui, du fait qu’elle n’ait pas de paroles, qu’elle soit uniquement instrumentale, ouvre le champ des possibles infinis…
Sylvain : mais il n’y a pas de chant/champ ! (Rires)
Benjamin (reprend) : Il y a vraiment plein de possibilités ; on peut s’ouvrir à beaucoup de choses : de la scénographie, de la vidéo… On nous a parlé de beaucoup de choses. Plein sont possibles. Ça dépendra des structures dans lesquelles on jouera, de ce qu’on a envie de faire également. Toute cette partie-là, l’aspect visuel, est encore en gestation. On va y réfléchir dans les mois qui viennent, pour aboutir à une forme live qui nous plait et arriver à quelque chose… d’original.
Sylvain : de singulier…
► Un grand merci à tous les deux !!
Sylvain & Benjamin : Merci à vous.
Photos interview et live, prise de son : Caro. Triangles : Politistution.
Retrouvez notre dossier spécial Maintenant 2013
Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici
(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba, Homecooking, Psykick Lyrikah, RCR, Bumpkin Island, Wonderboy, Micronologie, ReDeYe, Colin Linkoln, Sudden Death of Stars, Juveniles, Alexel, Güz II, The Enchanted Wood, James Legalize, The Missing Season, RezO, Bunch of Crows, Our Name is a Fake, Heskis’, Vortex, Users, Nola#, Mermonte, Mekah, Superets, We are Van Peebles, Korkoj, Twinztrack, You’ll Brynner, Drix MC, 6AM on the Moon, Coksinelle, Budju, Doist!, My Sleeping Doll, O Safari, Keevrat, Belone, Kino Eyes, Tiny Feet, The Way of Life, Piranha, Fat Supper, Pop is Dead, The Wâll Factory, Trunks, Slim Wild Boar, Palm, Dead, Dragster, Kids of Maths, Astrodynamics, Nefertiti in the Kitchen…)
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Fragments sera en concert le mardi 15 octobre dans le cadre du Festival Maintenant pour la soirée Expérience 1 à partir de 20h30 au Tambour (Université Rennes 2, Place du recteur Henri le Moal – Rennes).
Plus d’1fos :
Bandcamp de Fragments : http://frgmnts.bandcamp.com/album/fragments
Souncloud de Fragments : https://soundcloud.com/frgmnts
Le site de Maintenant : http://www.maintenant-festival.fr/