Entretien avec Etienne Grandjean, programmateur du Grand Soufflet

Grandjean1On a chaque année plaisir à retrouver le festival du Grand Soufflet et son directeur artistique, Etienne Grandjean. A l’heure de présenter publiquement la nouvelle édition, attablés en terrasse d’un café rennais, nous avons la primeur de rencontrer l’accordéoniste et programmateur, visiblement pas fâché d’en découdre avec une nouvelle édition.

Alors, si la programmation avait été dévoilée aux premiers jours de l’été, il nous tardait d’en papoter avec son auteur, qui poursuit cette année son travail de défricheur sonore ès-machineries-à-soufflets. Et cette année, justement, c’est une étrange machine qui orne l’affiche, en rupture avec les affiches précédentes où figuraient toujours un piano à bretelles : « on travaille sur des cycles de deux ans pour toutes nos affiches, et cette année on a demandé à un artiste que j’avais découvert à Rennes, Arnau Garin, de travailler sur une affiche sans accordéon. Alors il a dessiné cette machinerie, qui correspond un peu à l’idée de modernité qu’on défend au festival » . La conception évolutive et plurielle de l’accordéon que porte le festival, on en aura un beau florilège cette année, mais sans dominante « géographique » propre aux éditions précédentes…  « Je travaillais les éditions précédentes à partir d’une formation que je programmais, puis je donnais une couleur brésilienne, espagnole ou d’une région en creusant autour d’elle. Cette année, c’est un peu différent, on a programmé Johanna Juhola Trio, notre invitée d’honneur, de Finlande, et puis, après, on a des artistes de partout, Irlande, Mexique, Maroc. Beaucoup de musiques d’ailleurs, cette année… » Et des coups de cœur, évidemment : « Rory MacLeod, il ne faut vraiment pas le rater ! Un personnage incroyable, qui était d’ailleurs passé aux Trans dans les années 80, que j’ai rencontré dans un festival en Italie, un type génial, un songwriter et un clown, un type qui vient de la rue mais qui porte des idéaux, un globe-trotter, militant… ou aussi Màirtin O’Connor, une légende vivante de la musique irlandaise qui se produit en trio » .

logoLes créations, cette année, devraient faire parler d’elles… « La soirée Portes-jarretelles et piano à bretelles, oui, ça devrait faire jaser. En fait, depuis le film de Mathieu Amalric, Tournée, il y a un grand renouveau du néo-burlesque. Ça explose dans les capitales européennes, avec une influence du rock des années 50. C’est l’inverse du strip-tease, ça part d’un mouvement artistique et féministe, il y a une dramaturgie, un décalage humoristique. Alors j’ai cherché un rapport avec l’accordéon, et je l’ai trouvé avec Jasmine Vegas, qui a déjà joué au Grand Soufflet, qui vient de l’Underground new-yorkais, et qui sera la meneuse de revue, autour d’un casting de performeurs, pour un spectacle que j’attends beaucoup. Il y aura une invitée de choix, Kitten de Ville, superstar internationale du burlesque. »

L’autre création verra le retour des appréciés Gurzuf, duo très remarqué en 2008, programmés avec Dominic Sonic: « J’avais envie de les ré-inviter, de les confronter avec Dominic Sonic. Je ne sais pas ce que ça va donner, ils commencent leur résidence ensemble en ce moment… »

Etienne ne tarit pas d’éloges non plus sur d’autres artistes : Lionel Suarez, habitué du festival, mais obligatoirement programmé selon Etienne, ou Cyrano, le jeune rappeur hexagonal… Une autre probable sensation, à son avis, c’est la présence de Celso Pina, « le père de la cumbia mexicaine, un aîné respecté par la jeune génération de créateurs, que je comparerais volontiers à Alan Stivell pour son travail de renouvellement, même s’il viendra en formation traditionnelle à Rennes. »

À une semaine de l’ouverture du seizième festival, Etienne a déjà hâte. Et quand on lui pose la question de la baisse de budget qui touche tous les festivals, Etienne se veut optimiste : « Nous, on a toujours travaillé avec des petits budgets. Comme tout le monde, on a subi la baisse de 30% il y a deux ans. Mais on s’est adaptés, et on a la chance de pouvoir compter sur le département. Maintenant, avec les changements annoncés, pour 2012/2013, on est dans l’inconnu… » Mais pour le moment, avec cette nouvelle édition qui commence, apprécions…

Le Grand Soufflet, c’est du 6 au 15 octobre dans tout le département.

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