Embellies 2017 – Peter Broderick et Mesparrow : délicatesse ouatée à l’Ubu

Pour la première soirée de concert du festival, jeudi 10 mars à l’Ubu, Les Embellies misent sur la délicatesse et l’émotion en programmant l’Américain multi-instrumentiste Peter Broderick et la pop vocale de Mesparrow.

Peter Broderick

Compositeur et multi-instrumentiste, Peter Broderick a été aussi bien été aperçu en solo, qu’en compagnie de Nils Frahm, Horse Feathers, Laura Gibson, Takumi Uesaka, la troupe live d’Efterklang (après Parades) et on en passe, comme arrangeur que comme compositeur de musiques de spectacle de danse, de films et là encore on en passe. Avec sept albums solo (et une tripotée de eps, collaborations, splits, commandes… ) partagés entre Bella Union et Erased Tapes, le jeune homme est du genre particulièrement prolifique. Son dernier album en date, essentiellement basé sur le piano, Partners (2016) est en partie inspiré de l’œuvre de John Cage.

L’Américain (Portland, Oregon) a décidé d’y enregistrer ses morceaux sans jamais les ré-écouter, qu’il s’agisse des prises, du mix, du mastering, et de se laisser porter par le mystère de cette étrange manière de composer un album. L’idée était d’écrire les chansons, de les répéter le plus possible et de  les enregistrer en studio jusqu’à ce qu’elles lui paraissent suffisamment bonnes pour les garder. Quant à l’influence de John Cage, elle affleure d’abord par la relecture du morceau In A Landscape (1948) que Peter Broderick revisite en en proposant une version toute personnelle, mais aussi avec les techniques de compositions, parfois inspirées par le hasard qu’utilisait le compositeur et théoricien. Sur Under the bridge, un peu comme le Dice Man de Luke Rhinehart (George Cockcroft), Peter Broderick a ainsi donné un nombre à chaque note pour ensuite déterminer au dé l’ordre dans lequel il les jouerait. Le lancer de dé a également déterminé la structure d’un autre morceau sur l’album, tandis que le producteur Tucker Martine (The Decemberists, Laura Veirs) avait l’autorisation d’utiliser pédales d’effets et autres ordinateurs pour manipuler à sa guise l’enregistrement.

Au final, un disque délicat, ouaté, entre classique contemporain et pop délicate éthérée, dense, qui nous a finalement plus emballé que nombre de ses contemporains issus du post-classical (qui n’ont souvent finalement pas grand chose à dire/ressentir et confondent minimalisme avec émotion ou lenteur avec complaisance). On est donc plutôt tenté par la découverte de la musique du garçon en live.

Mesparrow

On se souvient de la jolie venue de Mesparrow pour l’édition des Embellies 2013, avec un premier album Keep this moment alive réalisé par Thomas Poli et Peter Deimel, long format à la fois étonnamment varié et cohérent regorgeant de compositions et d’univers millefeuilles, qui mélangeaient mélancolie, inventivité et joie radieuse sans effort apparent. Architecte vocale, l’ancienne  Tourangelle construit ses chansons autour de sa voix, à la fois grave et voilée, à la fois puissante et fragile. Une voix qu’elle sample et boucle, notamment sur scène, accompagnée par son sampler et/ou un simple clavier dans une mise en scène visuelle pertinente et efficace. Sur la scène de l’Antipode, on avait été particulièrement touché par ce mélange étonnant de retenue, de timidité et d’exubérance dont avait fait preuve la musicienne.

Trois ans plus tard, Marion Gaume est donc revenue avec un second album, Jungle Contemporaine, sorti à l’automne. Avec un changement particulièrement notable : le passage du tout anglais (hormis le très réussi duo Danse avec moi avec François sans ses Atlas Mountain, le précédent long format était intégralement écrit dans la langue de Joyce) au tout français. Pourtant, malgré cette différence qui saute à l’oreille, l’univers développé par la musicienne dans ce nouvel album est parfaitement cohérent avec le premier. Avec cependant, sûrement une maturité plus affirmée. Désormais accompagnée sur scène (par Lionel Laquerrière à la guitare et aux claviers et Fabien de Macedo à la basse et aux percussions), la Miss Moineau devrait une nouvelle fois charmer Les Embellies de son chant grave et voilé.

 


Les Embellies présentent Peter Broderick et Mesparrow en concert le jeudi 9 mars à partir de 20h à l’Ubu (1, rue St Hélier – Rennes)

Tarif Sortir : 6€ – Tarif Membre Admit : 12€ – Tarif Plein : 14€ – Sur place : 16€

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